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    Joker : quels liens avec Batman et l'univers DC ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Officiellement, le "Joker" de Todd Phillips emmené par Joaquin Phoenix n'appartient pas à l'univers cinématographique DC mis en place avec "Man of Steel". Mais est-il lié à la mythologie de Batman d'une façon ou d'une autre ? - ATTENTION SPOILERS

    Warner Bros. Pictures

    ATTENTION - L'article ci-dessous contient quelques spoilers sur "Joker", dans la mesure où il évoque ses liens avec la mythologie de Batman et décrit certaines scènes clés. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'avez pas encore vu le film, et revenir ensuite. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce.

    Non, ce Joker ne s'inscrit pas dans le DC Extended Universe (également appelé Worlds of DC) lancé avec Man of Steel et qui subit actuellement une refonte partielle. Dès la mise en chantier du projet, Todd Phillips et la Warner ont bien précisé qu'il s'agirait d'un long métrage indépendant, sans fond vert et doté d'un budget beaucoup plus modeste que celui d'un blockbuster (aux dernières nouvelles, on parle de 55 millions de dollars). Le metteur en scène a même proposé la création du label DC Black pour regrouper les films issus du catalogue qui suivront ce mode de production, et sa naissance pourrait dépendre du succès de l'opus emmené par Joaquin Phoenix.

    Entre le Lion d'Or reçu à Venise et les XX millions de dollars récoltés pour son premier week-end d'exploitation aux États-Unis, tous les voyants semblent au vert pour le long métrage qui se déroule pendant les années 80 pour diverses raisons : pour permettre à Todd Phillips de rendre hommage aux études de personnages comme Taxi Driver ou La Valse des pantins qui l'ont inspiré, mais aussi pour se décorréler des aventures de Ben Affleck (ou Robert Pattinson) et évoluer dans son propre univers cinématographique. Une décision intrigante qui faisait néanmoins redouter un Joker vidé de son essence, lui qui est intrinséquement lié à Batman. Et si ce dernier n'apparaît pas ici, le film parvient à se relier à la mythologie de plusieurs manières.

    Tourné à New York, Joker se déroule à Gotham City et comporte l'un de ses lieux emblématiques : l'asile d'Arkham, dont le prince clown du crime est devenu l'un des habitués au fil de ses méfaits. Comme la première bande-annonce le dévoilait, la bâtisse est bien présente et possède un lien très important avec le personnage d'Arthur Fleck, puisque c'est en allant consulter le dossier de sa mère, ancienne patiente jouée par Frances Conroy, qu'il découvre la vérité sur ses origines. Une révélation qui, dans la récit, précipite un peu plus le protagoniste vers une folie meurtrière que le ramènera dans l'asile. Mais pas pour longtemps.

    Avant de connaître la vérité, Arthur a bien cru être le fils de... Thomas Wayne. Donc le demi-frère de Bruce. C'est ce que sa mère prétend, elle qui a longtemps travaillé dans l'une de ses entreprises, avant que son dossier médical ne révèle que c'est faux. Il n'empêche que le personnage apparaît sous les traits de Brett Cullen (qui jouait un député de The Dark Knight Rises), très éloigné de l'image de philantrope et bienfaiteur que l'on avait pu avoir de lui précédemment, dans Batman Begins notamment. Il représente ici les riches qui exploitent les plus pauvres et contribuent à faire grimper une colère qui prendra l'allure d'un clown et lui sera fatale, lui qui n'a pas hésité à frapper Fleck et le mépriser lors de leur première et dernière rencontre.

    Avant cela, le futur Joker s'était rendu aux abords d'un autre lieu iconique de Gotham : le manoir Wayne, dont nous n'apercevons que la façade puisqu'Arthur n'en franchit jamais la grille, rejeté par un homme qui, s'il ne dit jamais son nom, n'est autre qu'Alfred Pennyworth (Douglas Hodge). Mais il a pu rester assez longtemps pour rencontrer le jeune Bruce (Dante Pereira-Olson), également entrevu dans la première bande-annonce et qui ne se doute pas, à ce moment de l'histoire, que celui qui fait le clown face à lui sera responsable de l'un des plus grands malheurs de sa vie, le temps d'une séquence clé de la mythologie de Batman que Todd Phillips met en scène, pour la plus grande surprise des spectateurs.

    Que chaque nouveau cinéaste qui s'attaque à l'univers de l'Homme Chauve-Souris revisite la mort des parents de Bruce Wayne comme s'il s'agissait d'un rite de passage, ça n'est pas très étonnant. Que le film exclusivement consacré à sa némésis le fasse, ça l'est déjà beaucoup plus. Et c'est bien ce qu'il se produit, à la fin, lorsque le soulèvement provoqué par les actes d'Arthur Fleck, en qui les laissés pour compte de Gotham voient un exemple à suivre, aboutit au meurtre de Thomas et Martha Wayne dans la ruelle adjacente au cinéma dont ils venaient de sortir avec leur fils. Ce faisant, Joker propose sa propre version de l'histoire, au croisement de Batman Begins, où le tueur est un voleur nommé Joe Chill comme dans les comic books, et le Batman de Tim Burton, qui renforcait le lien entre le héros et son ennemi en faisant de ce dernier le meurtrier.

    S'il n'est pas celui qui appuie sur la gâchette et brise notamment la chute des perles de Martha Wayne, le Joker est en grande partie responsable du drame au terme d'un film qui laisse Bruce orphelin et s'approprie quelques-uns des éléments clés de la mythologie, tout en restant déconnecté des autres longs métrages passés et à venir. Et ce même si Screen Rant pointe du doigt ce qui pourrait être un clin-d'oeil à un méchant, certes moins connu, lorsque les informations parlent des "super rats" qui pullulent dans la ville au fur et à mesure que les déchets s'entassent. Si cela fait l'objet d'une blague sur les "super chats" nécessaires pour en venir à bout, il s'agit peut-être d'une référence à Ratcatcher, de son vrai nom Otis Flannegan.

    DC Comics

    Né en 1988 sur papier, il possède la particularité de savoir communiquer avec les rats, et met son don au service du crime, ce qui lui vaut de nombreux séjours en prison. Vivant dans les égoûts le reste du temps, il est apparu dans la série d'animation Batman Beyond et mentionné dans les jeux Arkham Asylum et Arkham City, mais n'a jamais été vu en chair et en os sur grand écran. Grâce à The Suicide Squad de James Gunn, ce sera bientôt chose faite mais le personnage deviendra une femme incarnée par Daniela Melchior. Mais il y a fort peu de chances pour que Joker pose les bases d'un origin story, ni même une suite du long métrage de Todd Phillips, car cette mention peut tout simplement être anodine et réservée aux connaisseurs les plus pointus.

    Au même titre que cet easter egg remarqué par un internaute : la typographie de l'émission de Murray Franklin (Robert De Niro) est exactement la même que celle de la série animée des années 90. Et ça c'est un joli clin-d'oeil.

    Un compte Twitter qui a décidément l'oeil, car il révèle que, finalement, Batman apparaît bien dans le film. Si l'on veut.

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