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    Demain nous appartient : l'avenir de Rose et Antoine, sa scène la plus difficile... Vanessa Demouy se confie
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    Alors que le tournage de "Demain nous appartient" reste pour le moment interrompu en raison du coronavirus, Vanessa Demouy a accepté de répondre à nos questions. L'avenir de Rose, sa scène la plus dure à tourner, son confinement, elle nous dit tout.

    Capture d'écran/TF1

    AlloCiné : Comment vivez-vous cette période très spéciale de confinement ?

    Vanessa Demouy : Je la vis évidemment comme tout le monde, de manière assez anxiogène. C'est toujours le cas avec les choses que l'on ne connaît pas, l'inconnu fait peur. En sachant que cet inconnu amène en plus à tant de décès. On se sent tout petit. C'est toujours très compliqué en tant que parent de se dire "Comment je vais expliquer ça à mes enfants ?". Leur faire comprendre que cette fois-ci Maman elle ne peut pas les protéger et que la seule manière de se protéger c'est de se laver les mains et de respecter les gestes barrière. Il faut faire preuve de patience et j'évite de mettre trop les infos avec les enfants car je me suis rendu compte que c'était très anxiogène pour eux. Et que notre angoisse les angoissait aussi. Mais je les tiens évidemment au courant. Comme tout le monde je suis très angoissée car les discours que j'entends à la télé ne me rassurent pas. Je les trouve confus, je les trouve contradictoires. C'est très inquiétant.

    Mais ce qu'on traverse en ce moment permet aussi de revenir à l'essentiel. Sur sa manière d'appréhender la vie, sur son rapport aux autres. En étant avec les enfants H24 on découvre des choses sur eux qu'on ne soupçonnait pas. Je découvre par exemple que ma fille a un sens de l'humour tordant (rires). Et on revient aussi à l'essentiel sur notre manière de consommer. Puisque nos sorties sont limitées, comptées, on essaye de rester le moins longtemps dehors et le plus efficacement. Donc forcément le côté écolo revient en force, ou vient assez vite car c'est vrai que moi je ne l'étais pas forcément beaucoup. Réutiliser les restes du repas pour faire autre chose. Aller jusqu'au bout du bout du morceau de sucre ou du paquet de farine qui sont devenus des denrées super rares. Car en ce moment la farine et les teintures pour cheveux c'est des produits rares (rires).

    On ne peut qu'espérer que ces consciences écolo qui se réveillent perdureront au-delà du confinement...

    Ce serait formidable, oui. Ce serait génial que ce ne soit pas qu'un feu de paille et que ce ne soit pas simplement la peur qui engendre ça. Que ce soit vraiment une prise de conscience collective. Pour la Terre, pour l'humanité même, ce serait extraordinaire. Et tout ça n'aurait pas servi à rien.

    Est-ce que vous réussissez à garder le lien avec votre public et avec les téléspectateurs de Demain nous appartient durant ce confinement ?

    J'essaye, mais je ne suis pas très douée avec internet et les réseaux sociaux, contrairement à beaucoup de mes camarades sur la série. Il y a encore quinze jours je ne savais même pas comment on faisait un "swipe up" sur Instagram (rires). J'apprends et mon fils m'aide énormément. Et du coup je fais mon premier live la semaine prochaine pour justement garder le lien avec cette énorme communauté de fans qui sont très en demande. J'essaye de donner des nouvelles, je montre un petit peu plus mon quotidien que d'habitude. En temps normal je partage assez peu de photos de chez moi par exemple.

    Fabien Malot/Telsete/TF1

    Vous tournez dans Demain nous appartient depuis maintenant près de deux ans. Quelle est l’intrigue que vous avez préféré tourner depuis votre arrivée en 2018 dans la série ?

    Il y en a eu plein, mais la première intrigue a été très forte pour moi. Ça parlait de manipulation, d'emprise, de perversion narcissique. C'est un fléau dont on parle très peu en France, qui n'est pas reconnu par les tribunaux, et je trouvais ça très intéressant de pouvoir en parler à travers ces deux personnages de Raphaël et de Rose qui étaient joués par Bruno Madinier et moi-même. Dire que, non, ce n'est pas que des gros titres dans la presse féminine. Ça existe et ça tue. J'ai trouvé que c'était merveilleusement bien écrit et très bien abordé. C'était génial de pouvoir parler de ce fléau à une heure de grande écoute, dans une série familiale. Et de manière générale je trouve que les auteurs de Demain nous appartient osent tout. Ils ne se censurent pas, ils abordent plein de sujets très forts. Et sur une série diffusée à 19h20 je trouve ça génial d'avoir le "ok" de la chaîne.

    Et à titre plus personnel, pour la comédienne que je suis, j'ai aussi adoré l'intrigue "Disparition" plus récemment, dans laquelle toute la problématique de la bipolarité de mon personnage était mise en avant. Avec des scènes dingues à jouer. C'était costaud émotionnellement, c'était parfois compliqué de sortir de la scène, mais encore une fois c'était un vrai cadeau de la part des auteurs. Mais je dois dire que le personnage de Rose Latour est très bien servi. C'est un personnage très abouti, très tenu par les auteurs, et je crois qu'ils prennent du plaisir à écrire pour elle. Et moi c'est avec gourmandise que je me glisse dans ces intrigues.

    Et Rose fait partie des personnages qui ont eu une très belle évolution...

    Oui, vraiment. Elle aurait pu virer désagréable, ou être prise en grippe par le public. Mais on a réussi à lui apporter une vraie humanité. C'est un personnage qui est très humain dans le sens où elle a beaucoup de failles, beaucoup de défauts. Et en même temps elle est tellement spontanée, tellement nature qu'elle en devient très touchante. Et je pense que c'est pour ça que les téléspectateurs ont réussi à s'identifier à Rose, alors que ce n'était pas gagné au départ (rires). Cette femme bipolaire, sous emprise, qui finit par tuer son mari, ça a accroché avec le public parce qu'elle est vraie et honnête. Il y a une vraie belle honnêteté dans ce personnage.

    Et pour vous est-ce que c'était facile au début de vous identifier à Rose ? Est-ce que vous voyez quand même quelques points communs entre elle et vous ?

    Oui, je crois qu'on a cette grande force en commun. Sous des aspects très fragiles, Rose Latour et moi nous sommes des femmes très fortes. Parfois même sans en avoir conscience. Et ce sont les accidents et les aléas de la vie qui vous font prendre conscience de cette force et de votre valeur. On a ça en commun. Mais je pense être beaucoup plus stable que Rose (rires).

    Fabien Malot/Telsete/TF1

    Y a-t-il une scène très difficile à tourner que vous retenez en particulier sur ces deux dernières années ?

    Dans la première intrigue sur Rose et Raphaël il y a eu beaucoup de scènes difficiles et je m'étais énormément préparée aux séquences de violence physique notamment. Et c'est finalement sur des petites choses que j'ai été déstabilisée. Des choses que je n'avais pas vues venir. Je pense aux scènes durant lesquelles on voyait l'emprise de Raphaël sur Rose. Ça a dû réveiller des choses chez moi, je ne sais pas, mais en tout cas tout d'un coup on a dû arrêter de tourner parce que l'émotion était trop forte. Et pour jouer, il faut que les émotions soient là mais il ne faut pas non plus qu'elles prennent le dessus et qu'elles vous enferment. On doit pouvoir jouer la partition. Et il y a une scène autour de la piscine où Raphaël dit à Rose qu'il la trompe et que c'est de sa faute. Et qu'elle est folle. En fait, dans tout ce qu'il fait et dit, il y a une sorte d'effet miroir. Il lui reproche ses propres actes négatifs. Elle devient responsable de sa responsabilité à lui. Et ça je ne l'ai pas vu venir. C'était une scène qui était anodine mais ça a été très dur. Et je remercie mon camarade Bruno Madinier qui a été formidable de douceur, et le réalisateur Thierry Peythieu qui s'est aperçu qu'il y avait un souci et qui a arrêté le tournage durant un petit quart d'heure. Je suis allée prendre l'air, je suis revenue, et on a pu tourner la scène. Parfois on est extrêmement préparé pour des séquences très dures et ça passe. Et à l'inverse sur des petites chevilles comme ça sur une arche narrative, vous êtes submergé par une émotion à laquelle vous n'étiez pas préparé, et c'est ça qui est très compliqué.

    On l'a dit, Rose a beaucoup évolué et aujourd'hui le couple qu'elle forme avec Antoine (Frédéric Diefenthal) est très apprécié du public. Cependant ces deux personnages ont traversé pas mal de tempêtes récemment. Pensez-vous qu’ils vont enfin avoir droit au bonheur et à la sérénité à l’avenir ?

    J'espère (rires). J'aimerais beaucoup. Je trouve que ce serait une arche de résilience absolue. Et ça permettrait aussi de donner de l'espoir aux gens qui regardent la série et qui aiment ces personnages. De leur dire "On peut traverser des tempêtes, on peut tomber, mais l'important c'est de se relever. Et au bout du compte on peut y arriver". Il y a un vrai message d'espoir derrière ce couple. La vie a été très compliquée pour Antoine. Très compliquée aussi pour Rose. Mais malgré tout ils veulent y croire. Ce sont deux êtres cabossés qui se sont reconnus. Et j'espère qu'ils vont pouvoir traverser un bout de chemin ensemble et vivre une belle histoire d'amour. Avec de la douceur.

    Quelle a été votre réaction en découvrant ce que les auteurs avaient réservé à Antoine dans la dernière intrigue en date, lorsqu'on a découvert son passé et sa véritable identité ?

    Je me suis dit "Mon dieu, je n'aimerais pas être dans la tête des scénaristes !" (rires). Ils sont tordus mais c'est ça qui est génial. Je ne m'y attendais pas du tout. Quand j'ai découvert l'intrigue, j'arrêtais pas de me dire "Mais non, mais non, mais non". J'adore ! Et quand au bout de deux ans l'équipe d'auteurs qui s'occupe de votre personnage arrive encore à vous surprendre c'est génial. Et je me dis que si moi j'arrive à être surprise, alors je n'imagine même pas les téléspectateurs. C'est assez jubilatoire.

    Capture d'écran/TF1

    Même si Rose a déjà vécu énormément de choses très fortes, est-ce qu'il y a encore des évolutions ou des genres d'intrigues dont vous avez envie pour elle ?

    On rencontre les auteurs plusieurs fois par an et je leur parle souvent des mes envies. Et c'est vrai que même si Rose est fragile, j'aimerais bien un peu de "girl power" pour changer. Aujourd'hui, en 2020, oui la fille toujours victime ça existe, on en a parlé, on l'a dit, on l'a dénoncé, mais maintenant il faut montrer qu'on peut s'en sortir et que Rose, malgré tous les drames qu'elle a vécus, peut réussir à reprendre les rênes de sa vie. Donc j'ai demandé un peu de "girl power" car, oui, elle est sur le chemin de la résilience, mais ce serait bien qu'on la voie réussir. Et je crois que j'ai été écoutée.

    Quels sont vos projets post-confinement ? Avez-vous d'autres tournages à venir en dehors de la reprise de Demain nous appartient ?

    Non, je serai focus à 100% sur Demain nous appartient car je fais partie des personnages récurrents. Donc pour au moins un an je vais me consacrer à la série. Je suis très demandée au théâtre, on m'envoie plein de pièces, mais malheureusement je ne peux pas. D'autant plus que je vis dans le Sud. Cela dit il y a un très beau théâtre à Montpellier, donc ce serait formidable qu'on me propose une création là-bas. Mon amour pour le théâtre est vraiment resté intact, la scène me manque un peu, mais je ne peux pas pour l'instant.

    Je sens cependant qu'il y a une envie, on me propose des choses, on vient tâter le terrain pour savoir encore combien de temps je suis prise par Demain nous appartient, et ça c'est très agréable de la part des professionnels qui ont peut-être aussi découvert grâce au personnage de Rose des facettes qu'ils ne soupçonnaient pas chez moi. C'est toujours plaisant. Je découvre plein de choses grâce à la série et, je le dis et je le répète, ce rôle est arrivé au moment idéal dans ma vie. Ça a été un cadeau extraordinaire. Même si le public a heureusement toujours été là, c'est vrai que le rapport du métier vis-à-vis de la comédienne que je suis a parfois été compliqué au cours de ma carrière, et de voir aujourd'hui les gens que j'admire m'envoyer des messages pour me féliciter sur mon jeu, ou me dire qu'ils ne pensaient pas et qu'ils aimeraient bien, c'est très joli et j'accueille ça avec grand bonheur.

    Auriez-vous des films et des séries culte, ou que vous avez beaucoup aimé dernièrement, à recommander aux internautes durant cette période de confinement ?

    J'aime beaucoup Murder et j'attends la dernière saison avec impatience. J'adore Viola Davis, je suis fan absolue, je la trouve grandiose. J'ai aussi regardé The Witcher sur Netflix, en me disant "Ouais, super, une nouvelle série un peu à la Game of Thrones", et après avoir dévoré la première saison en trois jours, je me suis rendu compte que la saison 2 ce n'était pas pour tout de suite ! Je n'avais pas fait gaffe et je suis verte (rires). La Casa de Papel, je sais que tout le monde adore mais moi je dois dire que je n'ai pas accroché. La saison 1 oui, mais après non. Par contre récemment j'ai adoré les deux premières saisons de The Sinner et, là aussi, j'attends la prochaine saison qui n'est pas encore disponible en France.

    Propos recueillis le 20 avril 2020 par téléphone.

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