Lancée en janvier dernier sur France 2, la saison 3 des Petits meurtres d'Agatha Christie, qui met en scène un nouveau trio d'enquêteurs et nous plonge cette fois-ci dans les années 70, revient ce soir à l'antenne avec un nouvel épisode inédit intitulé "Le Vallon".
Pour ce troisième volet de la saison 3, qui s'inspire du style de la reine du crime mais n'est pas directement adapté d'un de ses romans (contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre), direction une clinique de chirurgie esthétique ultra chic où se fait opérer la jet-set du monde entier, dans le plus grand secret.
Gréco et Beretta sont chargés d'enquêter sur l'assassinat d'un jeune chirurgien et sur la mort du grand patron de l'établissement, tué par balle. Que cache la luxueuse clinique du Docteur Rivière ? C'est ce que vont devoir tenter de découvrir les trois héros de la série, d'autant plus que la mère de Rose, fidèle patiente de la clinique et maîtresse du Docteur Rivière, figure sur la liste des suspects.
Alors qu'un autre inédit des Petits meurtres d'Agatha Christie sera également proposé vendredi prochain sur France 2, nous avons rencontré les trois comédiens principaux, Emilie Gavois-Kahn, Arthur Dupont, et Chloé Chaudoye, lors d'une table ronde organisée dans le cadre du Festival Séries Mania. Ils nous en disent plus sur cette nouvelle version, leurs personnages, leur alchimie sur le tournage, et leurs souhaits pour la suite.
Est-ce qu’un passage de relais s’est fait avec vos prédécesseurs Samuel Labarthe, Blandine Bellavoir, et Elodie Frenck, au moment de rejoindre l’aventure pour cette troisième saison ?
Emilie Gavois-Kahn (Annie Gréco) : Non, on ne les a jamais rencontrés. En réalité, c’est Sophie Révil, la productrice et directrice artistique de la série, qui assure cette continuité. C’est son bébé, c’est elle qui porte Les Petits meurtres d’Agatha Christie depuis le début. Et toutes les personnes qu’elle ramène sur le projet vont dans la même direction qu’elle. Et puis il faut aussi dire que les équipes techniques et les équipes de production sont en grande partie restées les mêmes, donc c'était facile de s'insérer dans cette continuité. Tout le monde nous a accueilli les bras grands ouverts.
Chloé Chaudoye (Rose Bellecour) : Par contre, nous avons tout de même regardé la saison 2. Sophie Révil voulait que l'on regarde quelques épisodes pour voir la tonalité de la série, le rythme de la comédie.
Arthur Dupont : Oui car, en fin de compte, la mécanique d’écriture est un peu la même depuis la première saison. C’est ce rythme particulier et la singularité des rapports humains, notamment au sein de ce trio, qui créent des situations intéressantes et un intérêt pour le téléspectateur. C’est un vrai plaisir de jouer dans cette série.
Rémy GRANDROQUES - FTV
D'après vous, ces nouveaux épisodes, qui ne sont plus à proprement parler des adaptations de romans, parviennent-ils plutôt à se rapprocher ou à s'éloigner de l’œuvre d’Agatha Christie ?
Emilie Gavois-Kahn : Ce qui est sûr c’est que Sophie Révil a réussi à obtenir de l'arrière-petit-fils d’Agatha Christie de pouvoir écrire de nouvelles histoires en s’inspirant d’Agatha Christie, sans être dans l’adaptation propre. Alors, évidemment, on s’éloigne des romans, mais je trouve qu’on garde l’esprit Cluedo. Il y a de l’élégance, et en même temps il y a du mystère. Il y a des meurtres, ça peut faire peur, ça peut faire rire. On reste vraiment dans cet esprit-là.
Arthur Dupont : Je ne suis pas un grand spécialiste d’Agatha Christie, mais ce que je retrouve de ce que je connaissais des romans ou des films adaptés, c’est que j’ai envie que tous les personnages soient coupables (rires). Tous sont suspects, mais avec gourmandise. On prend plaisir à voir tel ou tel personnage suspect et potentiellement coupable. Et tout est déjoué d’une manière abracadabrantesque à chaque fois.
Quel plaisir vous apportent vos personnages respectifs ?
Emilie Gavois-Kahn : Le plaisir de jouer des personnages qui sont bien écrits, dans le sens où ils sont complexes, riches, subtils, précis. Et qu’ils se complètent, car ça circule entre les trois héros, mais aussi avec le médecin légiste, qui est joué par Benoît Moret. Ça fonctionne super bien entre nous. Et puis même s’il y a un cadre qui est jouissif, on arrive à trouver une vraie liberté et on s’amuse vraiment.
Arthur Dupont : Je prends beaucoup de plaisir à jouer Beretta parce qu’il a un certain panache maladroit et bourrin. Il peut aller au front, tête baissée, mais il peut être assez lâche aussi. Il a peur des femmes d’une certaine manière. Il a une histoire qui n’est pas facile avec son père et ça le touche beaucoup. C’est un grand sensible en fait. Et il y a beaucoup de nuances à l’intérieur de tout ça.
À chaque fois qu’on reçoit les scénarios, on a vraiment plaisir à lire et à redécouvrir les personnages, parce que les auteurs arrivent à tirer de nouveaux fils à partir de personnages qu’on pensait pourtant connaître par cœur puisqu’on les incarne. Et en fait il y a toujours un petit élément en plus, un échange qui est super bien vu. Je trouve ça très fort.
Comment avez-vous créé cette dynamique de trio entre vous sur le plateau ?
Emilie Gavois-Kahn : L’alchimie a commencé par le travail. Ce n’est pas juste qu’on s’entend bien et qu’on va boire des coups (rires). Ça a commencé dès la première lecture. Tout de suite, on s’est rendu compte qu’on avait envie de travailler tous les trois de la même manière.
Chloé Chaudoye : L’alchimie se fait aussi par l’urgence. Dans le travail, pendant le tournage, tout est très dense. Et si on n’est pas au taquet tous les trois, ce n’est même pas la peine de penser à faire quoi que ce soit.
Qu’est-ce que ça évoque pour vous les années 70 en termes d’esthétique ?
Emilie Gavois-Kahn : Pour moi c’est qu’on fumait partout. J’ai plein de photos de moi bébé avec les parents ou les grands-parents qui ont la clope au bec juste à côté. Aujourd’hui on appellerait la DDASS si on voyait ça (rires). L’image que j’ai des années 70 c’est que c’est normal d’être enfumé.
Arthur Dupont : Moi, sans réfléchir, c’est des silhouettes et Woodstock.
Chloé Chaudoye : Moi aussi, je dirais la musique avant tout et Woodstock.
Rémy GRANDROQUES - FTV
Vous commencez à bien connaître vos personnages. Est-ce qu’il y a des traits de caractère que vous aimeriez voir approfondis dans les prochains épisodes ? Ou des aspects de leur vie privée ou de leur passé ?
Arthur Dupont : Concernant Beretta, j’aimerais bien qu’on approfondisse un peu le rapport à ses parents, même si on en parle un peu déjà. Dans un des épisodes qu’on vient de tourner, il y a des éléments plus concrets qui pourraient expliquer des choses sur son comportement, sur sa colère. Donc j’aimerais bien qu’on continue à aller creuser dans cette direction-là.
Emilie Gavois-Kahn : Pour l’instant je suis assez satisfaite, je n’ai pas de demande particulière. Je trouve qu’Annie Gréco est assez haute en couleurs. Et en même temps il y a des moments où on peut voir sa fragilité, ses failles, ses contradictions. J’ai envie qu’elle reste comme ça. Je n’ai pas de désir particulier d’explorer des thèmes ou son rapport à sa famille. Tout me convient pour l’instant. Mais ce qui m’intéresse c’est la dynamique au sein du trio avec Beretta et Rose. Comment ça se tricote entre eux. Peut-être avec des riens, avec un regard, un geste. Ça, ça m’intéresse.
Arthur Dupont : Mais sur les épisodes qu’on a lus, il y a de la nouveauté dans les rapports, et ça c’est super. Les auteurs nous devancent presque, c’est génial. Ils ont un horizon devant eux et ils pourraient se contenter de creuser les rapports qui existent déjà sans pousser plus loin, puisque la série n’est pas feuilletonnante. Chaque épisode existe par lui-même, et on ne fait pas forcément de liens entre les épisodes. Mais il y a quand même une évolution, ça avance doucement, on le ressent déjà.
Chloé Chaudoye : Je n’ai pas forcément d’envies particulières car je fais confiance aux auteurs. Mais c’est vrai qu’il y a ce rapport conflictuel entre Rose et ses parents, et parfois je me dis que ce serait marrant de voir ce qui se passerait si elle partait, si elle les quittait. Mais tout ça, ça se réfléchit avec les scénaristes. Et Sophie nous demande parfois de quoi on rêve pour nos personnages.
Vous voyez-vous rester dans la série aussi longtemps que vos prédécesseurs, qui ont passé 7 ans dans la peau de leurs personnages ?
Emilie Gavois-Kahn : On va arrêter là je pense, après six épisodes (rires). Non, mais c’est impossible de répondre à cette question. C’est comme une histoire d’amour, on ne sait jamais combien de temps cela va durer.
Arthur Dupont : Tout ce que je sais c'est que je n’ai pas envie de faire que ça. Et quand on a un rôle récurrent qui nous apporte du plaisir, du travail, de la gratification, et qui nous nourrit artistiquement, on tombe vite dans un certain confort. Et dans ce métier-là, si on ne fait qu’une seule et même chose, on est vite catalogué.
Mais heureusement c’est 4 mois de tournage par an, donc ça nous laisse du temps pour faire autre chose. Donc tant que je pourrai faire des choses différentes à côté et me renouveler dans le jeu, je serai content et je ne vois pas de raisons de ne pas continuer.
Les épisodes 3 et 4 de la saison 3 des Petits meurtres d'Agatha Christie sont d'ores et déjà disponibles en avant-première sur Salto.
