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    Breaking Bad, Shining…Ces personnages qui pètent un câble
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Quand les nerfs craquent et lâchent chez certains personnages, ca donne régulièrement de belles étincelles à l'écran. Avec des incidences plus ou moins heureuses... La preuve par huit.

    Warner Bros.

    Personnages à bout de nerfs, situations tendues à craquer... La combinaison des deux fait régulièrement des étincelles à l'écran, petit comme grand. Avec des incidences plus ou moins heureuses d'ailleurs. Mais souvent jubilatoires, ou glaçantes. La preuve par huit.

    Michael Douglas dans "Chute libre"

    Un soleil de plomb régnant sur Los Angeles. Un embouteillage monstre provoqué par des travaux sans fin. Et Michael Douglas alias William Foster, divorcé et au chômage, suant à grosses gouttes dans son véhicule coincé...Il craque et abandonne sa voiture, immatriculée D-Fens.

    Peu après, alors qu'il demande de la petite monnaie pour appeler son ex-femme au téléphone, Foster se heurte au refus d'un épicier coréen qui l'oblige à acheter une canette de Coca-Cola à un prix prohibitif. En colère, Foster s'empare de la batte de baseball du commerçant et saccage le petit commerce...

    Un pétage de câble en règle plutôt déjà bien illustré dans la bande-annonce du toujours formidable Chute libre..

    Jean Dujardin dans "99 Francs"

    Octave est le maître du monde : il exerce la profession de rédacteur publicitaire. Il décide aujourd'hui ce que vous allez vouloir demain. Pour lui, "l'homme est un produit comme les autres". Couvert d'argent, de filles et de cocaïne, il travaille pour la plus grosse agence de pub du monde : Ross & Witchcraft, surnommée "La Ross". Pourtant, il doute, et finit par se rebeller contre le système qui l'a créé.

    Planant régulièrement à grands renforts de cocaïne et autre pilules du bonheur, Octave fait de temps à autre des Bad Trips où il se met à halluciner, comme dans cette séquence où il débarque sur le tournage d'une pub pour une fameuse barre chocolatée et sa famille digne du musée Grévin.

    Et n'oubliez pas le plus important  : Eric a gagné le match !

    Jack Nicholson dans "Shining"

    Dans Shining, l'hôtel Overlook est un lieu maléfique qui s'éveille pour prendre possession des vivants. En particulier Jack Torrance, écrivain en mal d'inspiration, venu garder les lieux tout l'hiver avec sa femme et son fils. Plongé d'abord dans une sorte de léthargie puis glissant progressivement dans la folie, Jack Nicholson livre une composition démente dans le film de Kubrick.

    Une séquence en particulier souligne ce basculement. Lorsque Wendy (Shelley Duvall) se penche au-dessus de la machine à écrire pour lire ce qu'a écrit Jack. Et découvre horrifiée cette phrase incohérente : "All Work and no play makes Jack a Dull Boy". Soit "Tout ce travail et pas de jeu font de Jack un triste sire".

    En parcourant la pile de feuilles à côté de la machine, elle voit la même phrase réapparaître, page après page. Jack est devenu fou. Et il se tient justement derrière elle, prêt à la tuer.

    Mais on pourra aussi retenir ce plan incroyable qui survient plus tôt dans le film, lorsque la caméra resserre sur le visage de Jack Nicholson, qui a le regard à la fois possédé et dans le vague, avant qu'il ne relève légèrement les yeux et se mette à sourire. L'esprit maléfique de l'hôtel s'empare de lui.

    Philippe Noiret dans "Coup de torchon"

    Lucien Cordier, unique policier d'une petite bourgade africaine perdue au fin fond de la brousse, est un être faible. Sa femme le trompe, les proxénètes le provoquent ouvertement, même son collègue Chavasson (Guy Marchand) affiche un vrai mépris pour lui. En un mot comme en cent : le représentant de l'ordre est la risée de la petite ville de Bourkassa...

    ...Du moins, jusqu'à ce que Cordier ne pète un câble et se décide à finalement donner un Coup de torchon contre tous ceux qui le maltraitent, comme l'explique si bien avec sa voix chalheureuse Philippe Noiret, dans la bande-annonce ci-dessous.

    Bryan Cranston dans "Breaking Bad"

    Quand on mène une double vie, qui plus est ultra dangereuse, il vaut mieux savoir faire preuve de sang froid à tout moment. Simple question de survie lorsqu'on s'est reconverti en baron de la drogue; et ce n'est pas Walter White qui dira le contraire. Pourtant, ce dernier pète littéralement un câble dans la saison 4, à l'épisode 11 intitulé Crawl Space ("Seul contre tous" en VF).

    Après avoir reçu des menaces de Gus dans le désert, Walter rentre paniqué chez lui pour rassembler tout son argent planqué sous le plancher, et le donner à la connaissance de son avocat Saul Goodman qui peut se charger de le faire disparaître et changer d'identité.

    Sauf que lorsqu'il se met à fouiller dans le sac, il n'y a plus aucun billet...Sa femme lui avouant alors qu'elle a tout donné à Ted...De là un pétage de câble mémorable visible ci-dessous, entre hurlement et rire hystérique. Du grand Bryan Cranston.

    Robert de Niro dans "Taxi Driver"

    Vétéran du Viêtnam, Travis Bickle souffre d'insomnies et d'angoisses. Vivant seul, il est chauffeur de Taxi de nuit, et accepte même d'aller dans les quartiers que ses collègues évitent depuis longtemps. Là où règne une faune interlope, faite de bandes de rues, de camés, de prostituées mineures et de souteneurs. Il est témoin d'une violence quotidienne qui lui fait peu à peu perdre la tête.

    Et sa tentative maladroite de se faire aimer par Betsy, -assistante d'une campagne éléctorale- qui se solde par un échec, n'arrange pas vraiment les choses pour son mental... Travis, le sociopathe urbain, se mue alors en justicier pour arracher la jeune prostituée Iris à ses souteneurs et contribuer à purger les rues de New York de sa criminalité...

    ...De là cette cultissime séquence du film, ultra violente.

    Jean-Pierre Darroussin dans "De bon matin"

    Lundi matin, Paul Wertret, se rend à son travail, à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’on conduit à commettre son acte…

    Sous les traits de Paul, personnage complexe à la fois cynique, égoïste et facétieux, tout en étant très humain, c'est bien entendu Jean-Pierre Darroussin, qui pète les plombs d'une manière glaçante :

    "je ne vois pas qui d’autre aurait pu incarner Paul, qui aurait pu être à la fois ce banquier satisfait de lui-même et cet homme au regard lucide et désagrégé. [...] Paul a soudainement conscience de s’être laissé façonner par un modèle de société. Du coup, il pense ne pas avoir été l’homme qu’il voulait être, ni dans sa famille, ni dans son travail" expliquait le réalisateur Jean-marc Moutout à la sortie du film en 2010.

    "Je me suis totalement investi dans mon métier...et d'un seul coup, du jour au lendemain, vous ne valez plus rien"...

    Le général Ripper dans "Dr Folamour"

    Dans le chef-d'oeuvre de Stanley Kubrick, Sterling Hayden prête ses traits au général Jack Ripper. Convaincu que les Russes ont décidé d'empoisonner l'eau potable des États-Unis, il lance sur l'URSS une offensive de bombardiers B-52 en ayant pris soin d'isoler la base aérienne de Burpelson du reste du monde...

    De là cette réplique culte qu'il assène au capitaine Lionel Mandrake, qui tente de le raisonner et l'empêcher de commettre ce coup de folie : "I can no longer sit back and allow Communist infiltration, Communist indoctrination, Communist subversion and the international Communist conspiracy to sap and impurify all of our precious bodily fluids".

    Soit : "Je suis résolu à ne pas tolérer l'infiltration communiste, la propagande communiste, la subversion communiste, l'intoxication et le complot communiste qui sapent et qui putrifient tous nos plus précieux fluides corporels".

    A déguster ci-cessous, en VO.

     

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