Si le Cinéma était une femme, elle aurait reçu avec "Soyez sympa, rembobinez" sa plus belle déclaration d'amour. Elle n'aurait pas été conquise immédiatement : au début un peu foutraque, maladroit, sans doute stressé par l'enjeu, le film a les mains moites, dérapent sur les mots, ennuie même un peu. "Mais bon dieu, impose-toi, sort les biscotos, blockbusterise-moi !". Mais non. Le film de Gondry ne sait pas bomber le torse et le col ouvert ne montre que quelques poils épars. Qu'importe, cette "gente filmique" sait qu'elle ne peut arriver à ses fins qu'en utilisant des chemins de traverse. Alors le film fait d'abord sourire, réveille même un oeil attendri, entre naïveté et folie… puis finit par faire rire franchement. Et c'est là que le clown s'efface, montre son vrai visage, avec une telle profondeur, une telle intelligence, qui nous fait tout comprendre, tout ressentir, de ce 7e art qui est bien la vie, les gens, nous. A jamais. Voilà, le cinéma est terrassé d'amour, sans doute à sa grande surprise, par celui qui ne payait pas de mine à la première rencontre et qui a su, à son rythme, trouvé les mots (et surtout les images) pour faire effectivement… la plus belle déclaration que toute femme, tout homme, toute entité, inerte ou vivante, aimerait recevoir. Mr Gondry, je pourrais voir juste les 5 dernières minutes de votre film, inlassablement. Et puisque je suis assez sympa avec moi-même, je le rembobinerai au début pour profiter de tout le reste…