Moyenne accordée pour le moment de détente offert par cette comédie bagarreuse gémellaire, parce que sinon j'ai failli m'endormir quatre fois!... Faut dire que la douce musique d'accompagnement (Tarwater) détend les synapses. En tous cas, ça m'a moins ennuyé que Gerry. On a là un film d'atmosphère avant tout, focalisé sur une tension duale viscérale de type attraction-répulsion, et presque sans paroles - en fait, les images et les sons pourraient suffire (il eut été intéressant d'évacuer tout dialogue mais celui qu'on nous livre est minimaliste). Ces jeunes frères (jumeaux), quasi mutiques, partent donc sac au dos un été vers le Sud, direction l'enterrement d'une mère qu'ils n'ont pas connue, en Espagne frontalière. Parties de campagne, parties fines, solitude gémellaire et pas mal de coups échangés (une inspiration biographique)... Ils sont libres, fauchés, regard gréco-romain viril mais voix de garçon un peu précieuse (du coup, c'est aussi bien qu'il ne parlent pas trop), homozygotes mais aussi différents sexuellement (d'où saynettes mais très soft!) Après le court manga d'intro qui met en scène nos deux zigotos, un style japonais continue à imprégner l'oeuvre, tant dans le traitement qu'à travers plusieurs références. Ca finit par prendre (si l'émotion passe en vous) mais cette âpreté de fond, cet rigidité des visages (malgré leur photogénie) et ce manque de consistance scénaristique ont de quoi refroidir. On a l'impression d'un court-métrage à rallonge, avec deux comédiens d'une beauté particulière certes mais au jeu très perfectible. Malgré quelques chouettes symboles (le gros tube comme placenta), les rencontres arrivent étrangement voire sans raison ; du coup, ça active notre imagination mais fort s'en faut. J'ai eu l'impression d'un film tâtonnant, intéressant avant tout pour son atmosphère, un peu trouble.