Le Vivarium : les secrets du tournage

Le Vivarium est le nouveau titre de la version révisée du long métrage Né, tourné entre 1975 et 1976. Le réalisateur Jacques Richard a commencé le montage de cette version en février 2006.

Véritable exercice de style, Le Vivarium est né dans l'après mai 68, à une époque où le cinéma traversait une crise et cherchait à se renouveller. Lors d'une interview inédite, Jean-Luc Godard met sa main devant l'objectif , prêchant le gaspillage de pellicule et la lutte contre le cinéma commercial. Le réalisateur s'interroge autant sur l'image et le son que sur les rapports acteurs/metteur en scène. A la suite du geste symbolique de Godard, le jeune Jacques Richard décide d'en prolonger la valeur en réalisant un essai cinématographique qui poserait la question : "Que deviennent les acteurs sans texte et sans scénario ?"

Agé d'à peine 21 ans, Jacques Richard prend sa caméra avec un parti pris bien précis : "Né, c'est filmer autrement, dynamiter toutes les "petites techniques" assimilées par les élèves des écoles de cinéma, dans les moindres rouages de la mise en scène. C'est en quelque sorte un film de fiction, qui, au moment du tournage déciderait d'écarter la fiction ! Et de filmer cependant tout ce qui aurait été préparé : casting de comédiens, décors, accessoires... mais en filmant ce qui sous-tendait la fiction : pourquoi les comédiens ont-ils accepter de tourner dans ce film ? Comment leur être profond, leur vie réelle, influent sur leur façon de jouer, d'être présent devant la caméra ?"

Afin d'obtenir l'effet désiré, le réalisateur ne donna aucune instruction à ses comédiens. Une fois la caméra posée, il attendit et les acteurs attendirent de même. Une manière d'accepter l'ennui jusqu'au bout, comme le remarque à un moment Fabrice Luchini : "On commence à assumer l'inintéressant, je trouve ça bien."

Si Né s'intitule désormais Le Vivarium, c'est pour mieux souligner ce que ressentaient les comédiens dans la mise en oeuvre de ce parti pris artistique. "C'est un peu comme un vivarium, au Jardin des Plantes... on est un peu comme les reptiles ou les serpents, au chaud comme ça, on se sent bien..."