Un film qui était très expérimental à l’époque et qui avait pourtant connu un certain succès d’estime . Il était sorti dans le circuit classique, et avait bénéficié d’une bonne critique, faisant de Chantal Akerman , une sorte d’icône de ces années là (j’avais vu le film, jeune lycéen, lors de sa sortie en 1974 , et j’avais été frappé par sa liberté de ton et son audace ) . Ce film autobiographique, est centré sur le personnage de la réalisatrice post adolescente, une peu perdue, un peu sauvage mais qui arrive pourtant à monter un film autodescriptif, ce qui représentait déjà un exploit en soit. Le film n’a pas très bien vieillit, (revu en 2016) et les séquences d’autoanalyse sont longues et pesantes. La 1er partie sur le « Je » , où Ackerman s’ enferme dans une petite chambre de bonne est très ennuyeuse : elle bouge, écrit une lettre, change son matelas de place, se déshabille , puis mange des cuillères de sucre en poudre ( on se demande comment elle peut avaler autant de sucre). Il y a ensuite la rencontre avec un chauffeur routier, le « Il » , qui la prend en stop, l’incroyable Niels Arestrup, tout gringalet, que l’on reconnait à peine, et qui deviendra un très grand acteur , toujours d’actualité en 2016, au cinéma comme au théâtre. Il montre déjà des facilités exceptionnelles de diction. Il récite son histoire au volant de son camion ou dans des petits bistrots glauques. Et puis la 3e rencontre avec « Elle », son amie , car l’héroïne est lesbienne . C’est aussi cela qui avait fait le succès du film à l’époque, car c’était le 1er « outing » , public au cinéma d’une jeune lesbienne , se mettant en scène elle même. Mais la scène d’amour , est étrange. Il s’agit plutôt d’un combat au corps à corps, une sorte d’affrontement , qui fait partie du processus/combat de « Outing » ,il faut extirper la confession. Il n’y a rien d’érotique dans ces deux corps nus qui s’enlacent et se combattent. Elles ne jouissent pas, ce n’est d’ailleurs pas du sexe explicite comme on pourrait le penser mais bien une « mise en scène » d’une confession. Un film sur le mal être, sur la crise de la post adolescence ( et d’ailleurs le mal- être tout court de Chantal Akerman, qui après une brillante carrière de réalisatrice , douloureuse, mais reconnue par la critique, se suicidera en 2015). Un film culotté, intransigeant, qui fut un marqueur de son époque, mais qui aujourd’hui paraît très austère et froid.