Alors qu'en est-il d'Hugo Cabret ? Et bien très franchement, c'est un bon film. Martin Scorsese (faisant d'ailleurs un caméo, et oui c'est lui le photographe !), cinéaste ayant pour habitude de ne réaliser que des films de gangsters/policiers (films noirs : ex : Les Affranchis...), nous surprend cette fois-ci en changeant de registre, et c'est un coup de génie. En adaptant à l'écran "L'Invention d'Hugo Cabret" de Brian Selznick, il en fait presque un divertissement familial qui peut plaire aux personnes de tout age. En fait, le contexte historique (la fin du XIXème siècle) devait plaire à Scorsese et cela explique son interêt, il a fait de nombreux films se déroulant à cette période. Le film fut clairement conçu pour la 3D et c'est dommage car il n'a pas besoin de cela pour séduire. Je veux dire par là que tout comme Gatsby, c'est un film émouvant et cette obsession de toujours vouloir en mettre pleins les yeux des spectateurs ruine gravement au travail effectué sur la mise en scène et au scénario. Le film commence par un zoom se dirigeant droit vers l’œil d'Hugo, personnage simple et que l'on prend d'affection très rapidement : il n'en fait pas trop, il se contente de jouer à l'orphelin qui n'a qu'une idée en tête : poursuivre le travail de son père. Ce qui pourrait être tout à fait cohérent dans un contexte réaliste. Asa Butterfield qui je pense fait ici ses débuts à l'écran, incarne le rôle-titre alors pourquoi n'est-il pas crédité en premier dans le générique ? Freddie Highmore n'est pas devenu célèbre par hasard, il le méritait parce que c'est un bon acteur, et bien ça devrait aussi être le cas pour ce jeune acteur. Concernant le casting, c'est un sans-faute. Même si l'on ne remarque qu'à moitié la totalité des acteurs, ils ont un réel talent. Jude Law (Sherlock Holmes, A.I.) incarne le père d'Hugo que l'on ne voit que trop peu (seulement en flash-back puisque l'ordre narratif est saccadé). A ce propos je trouve que Hugo n'est pas suffisamment chaviré lorsqu'il apprend la mort de son père : c'est vrai sans ce drame, Hugo ne serait pas quelqu'un qui vivrait au jour le jour et par conséquent il n'y aurait pas de rencontre avec le marchand de la boutique de jouet, donc pas de Méliès... Sans le savoir, le père d'Hugo est au centre du film. Ray Winstone (Indy 4, Beowulf) est son oncle tyrannique dont on ne connait pas le fin mot de l'histoire, Christopher Lee (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux) est le bibliothèque, et enfin Sacha Baron Cohen (Borat, Ricky Bobby), immédiatement reconnaissable par son allure joue très bien le détective, à la fois ennemi d'Hugo mais touchant par son côté timide et maladroit (sa blessure à la jambe). En vérité la seule touche comique de ce long-métrage, c'est à lui qu'on la doit. Ce film est plus ou moins un conte pour enfant (Hugo est a priori orphelin tout comme Oliver Twist et Harry Potter), malgré ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas un film fantastique. C'est l'histoire des destins croisés d'un gamin des rues et du grand George Méliès (à qui Scorsese rend évidemment hommage, incarné par Ben Kingsley, le Mandarin dans Iron Man 3), qui est au même titre que les frères Lumière, pionnier du cinéma, l'un n'existerait pas sans l'autre et tous deux sont grandement important à l'histoire. A cela, s'ajoute des rencontres (ex : Isabelle incarnée par Chloë Grace Moretz (Kick-Ass, Carrie) qui n'est malheureusement rien de plus qu'une simple amitié) des découvertes (les films, la clé) des mésaventures sans jamais s'écarter trop de la réalité (excepté l'automate qui met un peu de beurre dans les épinards). Pour résumer brièvement, Hugo Cabret de Scorsese est un bon divertissement pour les enfants (un peu simplet quelquefois : Hugo cherche la clé en forme de cœur. Devinez qui la possède ? Sa copine !) mais pas seulement. C'est très distrayant quoi que quelquefois un petit peu prévisible, surtout la fin : tout le monde est content, Hugo retrouve une famille, l'Inspecteur trouve l'amour et Méliès retrouve ce qu'il a perdu jadis, la célébrité et l'admiration du publique.
Un bon divertissement familial avec une grande part d'humanité. A voir, la 3D n'est pas essentielle.