Je n'avais plus revu ce film depuis les années 80 (où j'avais réussi à entrer dans la salle du MK2 Beaubourg sans avoir l'âge requis, interdit aux moins de 16 ans). Il n'a pas spécialement bien vieilli mais cela reste du Friedkin pur jus, tendu et efficace. Le metteur en scène s'est toujours défendu d'avoir fait un film homophobe comme le criait la communauté gay de l'époque. Personnellement, je ne trouve pas qu'il le soit, mais les temps ont changé. On trouve la description d'un milieu spécifique dont l’ambiance est plutôt bien rendue, le tout restant cependant relativement soft. Un motif qui a aussi définitivement brouillé le réalisateur et son acteur principal. Al Pacino, en plein ascension après Le parrain et Un après-midi de chien, prenait des risques avec ce film controversé. Il est parfait dans le rôle, nous faisant idéalement ressentir le malaise du personnage, ses doutes, ses questions et les failles que l'enquête révèle en lui. Cruising, malgré tout, reste un excellent film noir, maintenant devenu culte. La vie d'un film peut être parfois surprenante...Pour ne pas être classé X et satisfaire ses producteurs, Friedkin a dû couper 40 minutes de scènes jugées pornographiques. Ce sont ces scènes là que James Franco et Travis Mathews (réalisateur du très mauvais I want your love, j'aurai du me méfier) ont essayé de récréer. Essayer seulement, car Interior.Leather.Bar est un grand n'importe quoi. Déjà, on s'attend à voir un peu plus de la reconstitution des 40 fameuses minutes sacrifiées au montage. Sur les une heure que dure le film on en voit à peine dix minutes. Deux ou trois zizis en érection et c'est à peu près tout. Ce qu'on voit surtout ce sont les visages ébahis des réalisateurs devant « l'art » qu'ils sont entrain de créer. Tout sonne faux. A commencer par le jeu du très mauvais acteur principal Val Lauren (ami de Franco), censé interprété le personnage de Pacino. Il passe son temps à se lamenter d'être là et à dire à qui veut l'entendre qu'il ne comprend pas, tout comme nous pour le coup, la démarche de Franco. Dans le même temps, les figurants ne se préoccupent, eux, que de savoir s'ils vont voir Franco nu ! Ce n'est que bavardages pompeux et insignifiants (à part la remarque sur la place du sexe gay dans le cinéma d'aujourd'hui par rapport aux hétéros), sur l'art, la condition d'artiste, la liberté d'expression, etc, etc, blablabla...autour des préparatifs du tournage : casting, maquillage, mise en place des décors... Strictement aucun intérêt. De plus, on ne sait jamais vraiment si c'est un film de fiction ou un documentaire, la jaquette du DVD annonce « Drame, érotique ». S'il voulait absolument voir ces fameuses scènes, pourquoi James Franco ne les a-t-il pas tout simplement demander à Friedkin (qui ne désespère pas, apparemment, de sortir un jour un « directors' cut ») et tenter d'en faire quelques choses d'autres que cet infâme moyen-métrage finalement très politiquement correct devant lequel Cruising fait figure de film subversif. Plus mauvais que raté.