La Belle de Moscou est le dernier film que Rouben Mamoulian a pu achever. Le cinéaste sera en effet renvoyé du tournage de ses deux derniers films : Porgy and Bess, qui sera finalement réalisé par Otto Preminger (1959), et le pharaonique Cléopâtre (1963), qui sera co-réalisé par Joseph L. Mankiewicz et Darryl F. Zanuck. Il mourra en 1987.
Avant de donner son accord pour tourner dans La Belle de Moscou aux côtés de Fred Astaire, Cyd Charisse hésita avec une autre comédie musicale : Les Girls, de George Cukor, qui lui avait offert le premier rôle. Celui-ci échut à Mitzi Gaynor.
La Belle de Moscou est le dernier film musical de Fred Astaire, qui avait justement fait de ce genre sa spécialité. L'acteur souhaitait en effet s'orienter vers des films autres que celui des comédies musicales. Il tiendra parole puisque deux ans plus tard en 1959, il joue dans Le Dernier rivage signé par Stanley Kramer. Un film ayant pour toile de fond...l'apocalypse nucléaire ! Il faudra attendre 1968 pour retrouver l'acteur dans un film musical, avec La Vallée du bonheur, signé par un certain... Francis Ford Coppola, alors tout jeune réalisateur !
Le film de Rouben Mamoulian est un remake d'un classique signé en 1939 par Ernst Lubitsch : Ninotchka, avec dans le rôle titre la légendaire Greta Garbo.
Devenu un classique au fil des années, La Belle de Moscou vaut aussi par un numéro musical totalement inédit dans la carrière de Fred Astaire : c'est en effet la seule fois qu'il chantera un morceau de rock ! Quant à Cyd Charisse, on lui doit avec ce film l'une de ses plus belles et célèbres scènes : celle où elle enfile ses fameux bas de soie noire. Une scène qui donna d'ailleurs des sueurs froides à la censure, qui veillait avec son code Hays : jugeant la scène trop osée, elle demanda qu'un rideau puis une chaise vienne se mettre devant les jambes légendaires de l'actrice !
Réalisé en 1957, La Belle de Moscou, bien que s'inscrivant dans un registre léger, est aussi un pur produit de la Guerre Froide. Il faut savoir que l'Union Soviétique était alors considéré comme le véritable ennemi des Etats-Unis. Le film n'hésite pas à tourner en dérision le mode de vie de la population russe, et le caractère totalitaire du gouvernement soviétique. Un dialogue entre Ninotchka (Cyd Charisse) et Steve Canfield (Fred Astaire) est ainsi très révélateur de cet état d'esprit : "Mais Monsieur Canfield, ça ne vous rend pas triste d'être dans une société où les gens sont exploités ?" demande-t-elle. Réponse de l'intéressé : "Mais non, je fais partie de ceux qui exploitent !".