The Two Faces of January : les secrets du tournage

Le film de Hossein Amini est adapté du roman de Patricia Highsmith, The Two Faces Of January. Une première adaptation fut faite en 1986 avec "Die zwei Gesichter des Januar" de Wolfgang Storch et Gabriela Zerhau.

De toutes les adapations sur lesquelles Hossein Amini a travaillé, The Faces of January est la seule qu'il a eu envie de réaliser lui-même.

La dualité présente entre Chester (Viggo Mortensen) et Rydal (Oscar Isaac) se reflète dans le titre du film. Dans l'Antiquité, le nom du mois de janvier provient du dieu Janus, le dieu du commencement et de la transition. Il représente également la dualité de l’Homme : Janus est souvent représenté avec deux visages, l’un porté vers le futur et l’autre vers le passé. Lorsque les destins de Rydal et Chester se lient, ils en deviennent presque un personnage à deux visages, tel Janus.

Patricia Highsmith est également l'auteure de L’Inconnu du Nord-Express adapté par Alfred Hitchcock en 1951 et du Talentueux Monsieur Ripley qui fut adapté au cinéma en 2000 par Anthony Minghella.

Une fois que se confirma le casting, Hossein Amini modifia le caractère de Chester pour l'adapter à l'allure et la prestance de Viggo Mortensen qui a selon lui "un côté héroïque, un quelque chose de Gatsby qui n’est pas vraiment présent dans le personnage de Chester dans le roman."

Oscar Isaac qui s’est vu offrir le rôle de Rydal Keener a eu l'occasion de travailler avec Hossein Amini sur le film de Nicolas Winding Refn, Drive. C’est à cette occasion qu'Amini lui remit le scénario de Two Faces of January.

Aucun des trois comédiens n’avait lu The Two Faces Of January bien qu'ils en avaient déjà entendu parler auparavant. Tous se mirent alors rapidement à la lecture du livre pour le projet de film. Quant à Viggo Mortensen, il étudia abondamment l’histoire de la Grèce Antique pour préparer son rôle.

Hossein Amini s’est servi de films français et italiens réalisés à l’époque du contexte de The Two Faces of January afin de « mieux comprendre le monde et les paysages de cette période. »  On peut citer L'Avventura de Michelangelo Antonioni ou encore Le Mépris de Jean-Luc Godard. Mais The Two Faces of January est plus proche de Plein Soleil (1960), la première adaptation française du Talentueux Monsieur Ripley. Amini s'est également inspiré du genre "film noir" américain et français, en prenant les idées de "destins cruels" et de "portraits d'un monde dur et sombre".

Hossein Amini a voulu créer un véritable thriller psychologique: « De tous les thèmes possibles, c’est celui de la lutte psychologique entre deux hommes qui m’a toujours le plus interpelé. J’adore l’idée de deux hommes qui se confrontent sans jamais se départir d’un certain respect et d’une forme d’amour l’un pour l’autre, quand bien même l’un sera amené à détruire l’autre. J’ai d’abord imaginé cette histoire comme étant une sorte de triangle amoureux à l’instar de celui entre Thésée, Ariane et le Minotaure. Au fur et à mesure elle est devenue plus proche de l’histoire de Zeus et de Cronos, où le fils doit tuer son père afin de devenir un homme. »

La production a filmé en Crète pendant trois semaines, à Athènes pendant quatre jours et à Istanbul pendant quatre semaines, puis a tourné les intérieurs pendant deux semaines aux Ealing Studios de Londres.

La production, chanceuse, a obtenu l’autorisation de filmer à l’intérieur même du Parthénon ; alors que les visiteurs n’ont pas le droit d’y pénétrer et peuvent l’admirer juste de l’extérieur. Le chef décorateur Michael Carlin et son équipe ont dû faire preuve d'ingéniosité pour respecter ce site archéologique ; ils ont masqué l’éclairage contemporain et la signalétique autour de l’Acropole et du Parthénon avec des décombres en polystyrène. Puis, avec deux énormes grues qui travaillaient sur le site, le réalisateur sélectionna des angles de vue qui minimisaient leurs apparitions, tout en les faisant disparaître lorsque cela était nécessaire, lors de la post production.

La course poursuite à pied, à travers le labyrinthe des contre-allées du bazar, entre Chester et la police grecque est une séquence impressionniste et noire où Hossein Amini rend hommage au film Le Troisième Homme. Elle a été tournée au Grand Bazar d’Istanbul, un des plus importants et des plus anciens marchés couverts du monde.