Sorti un an après "People mountain people sea" de Shangjun Cai et six mois après "A Touch of sin" de Zhang-ke Jia, "Black coal", nouvelle chronique de la violence dans la société chinoise, souffre de la comparaison avec ses deux prédécesseurs.
Le type même du film qui perd entièrement de sa saveur parce que son traitement bien trop intellectuel le désincarne complètement. Les ingrédients sont là pour quelque chose d'excellent, mais le réalisateur s'intéresse bien plus à sa maîtrise technique qu'à son histoire.
Écrin de jouvence. Vérité solarienne. Un feu d'artifice en plein jour... Néon à perte de vue. Sentiments emprisonnés. "Black coal" impressionne, comme le reflet du soleil sur la glace. "Thin Ice". L'inspiration Godard, et son clin d'œil à "À Bout de Souffle" donne une sublimation, presque surnaturel. Le mystère change la donne, et la lumière l'éclaircie. Et si Diao Yinan était l'élu ? Donnons-nous deux décennies, et nous le saurons.
On m'avait promis un film beau et noir. J'ai vu du noir et une ville de Chine glaciale, désabusée, désenchantée au rythme d'un polar hésitant et glauque. Un des flics du film dit " personne n'est jamais gagnant dans la vie". Les hommes sont alcooliques les femmes violenté sors de la salle désorientée ne sachant pas si j'ai aimé ou détesté...
Un flic paumé, une femme fatale et une série de meurtres inexpliqués, rien d'apparemment bien neuf sous le ciel des films noirs et des films policiers. Sauf que l'action se passe en Mandchourie, riante région industrielle qui ferait passer le la zone industrielle de Dunkerque pour la côte d'azur. La glaçante atmosphère hivernale étant un personnage à part entière de ce thriller où le tueur assassine à coup de patins à glace et découpe les corps puis les disperse façon puzzle dans toute la province. La quasi absence de dialogue ainsi que l'éclairage blafard de néons fatigués contribue à une ambiance singulière qui fait rendre finalement cette oeuvre originale. Pour être franc je n'ai pas bien compris la fin mais l'essentiel est dans le climat de ce film. Mention particulière à la salle de projection, le fameux Louxor à Paris.
BLACK COAL : L'ART POETIQUE DE FAIRE DU PATIN A GLACE AVEC DES SUSPECTS
Black Coal nous plonge dans la Chine des années 90 et 2000, à deux dates différentes : 1999 lorsque l'inspecteur Zhang croit avoir coincé le tueur fou qui a fait répandre aux quatre coins du pays les membres de sa victime, employé des mines, dans des morceaux de charbon. 2004 lorsqu'un procédé apparemment similaire fait penser que celui que l'on avait arrêté n'était pas le bon. Entre-temps, notre anti-héros a quitté la police pour rejoindre une agence de sécurité privée et connaît une vie de parfait "loser", seul et alcoolique.
Toutes les séquences du film le verront attiré par une force irrésistible qui le conduit dans une quête dont le résultat de l'énigme semble moins important que sa propre démarche de suivre un instinct, peut-être vital. Un instinct sans doute pour sortir de cette vie lamentable et qui l'amène, entre deux cuites, à fréquenter de manière addictive l'épouse de la première victime.
La construction du film repose sur l'ambiguïté des profils, sans que le spectateur ne parvienne vraiment à cerner ces personnages abîmés, fragiles et narcissiques. J'ai aimé cette belle scène filmée en caméra portée où l'inspecteur à la retraite et la jeune veuve quittent la patinoire avec leurs patins aux pieds, sous l'oeil d'un homme inquiétant qui les surveille de loin. A l'image du film dans son ensemble, cette scène ne laisse rien transparaître des intentions de chacun, mêlant le flou psychologique au flou artistique de la neige nocturne avec une poésie remarquable.
L'esthétique du film fait ressortir une froideur mélancolique accordant les teintes métalliques des usines à l'immaculé des saisons hivernales, des immeubles sans âmes, et au noir d'un charbon (coal) sépulcral. Elle permet de soutenir des dialogues à certains moments un peu lents et longs, au risque parfois de prendre le pas sur l'intrigue, au milieu des silences qui ponctuent les hésitations, les velléités et la fatigue d'une histoire qui a déjà trop duré.
Je recommande ce film pour sa plongée dans une noirceur somptueuse et ses anti-héros brutalisés par une impuissance et une profonde solitude que le réalisateur Yi'nan Diao a su magnifier d'une main de maître jusqu'au dénouement lumineux et touchant.
Très beau a certains égards mais arrivant toutefois un peu tard dans la foule de films asiatiques ayant fait aussi bien voire mieux que lui, Black Coal est un polar sombre qui reproduit un schéma tentaculaire et pervers largement éprouvé en Corée ces dernières années. Le scénario relativement bien écrit sur un modèle proche du jeu du chat et de la souris n'a pas su pour autant me passionner outre mesure. Hormis les acteurs principaux qui sont irréprochables je ne comprend pas trop l'engouement critique qu'il a récolté jusqu'alors (ours d'or a Berlin tout de meme !) Les paysages sont superbes et le réalisateur parviens a faire une belle démonstration de son talent lors de 3 ou 4 scènes a la virtuosité impressionnante. Cela dit et malgré ses qualités esthétiques indéniables, Black Coal ne laissera pas une trace indélébile dans mon esprit. Une déception.
Pour moi "Black Coal " s'impose comme LE film de 2014 ; c'est un film avec une mise en scène et une esthétisme superbe , qui nous rappelle l'ambiance de "Only God Forgives" . Le jeu d'acteur est impressionnant , et c'est un film dépaysant qui nous transporte dans une ville enneigée de Chine , où se mêle des affaires de meurtres . Si l'intrigue du thriller est complexe en elle même , le film est un chef d'œuvre par sa beauté de réalisation et de luminosité . Un film qui marquera 2014.