(...) Le thriller est sombre, la tension est permanente. Nous soupçonnons comme les policiers que cette femme mystérieuse est une veuve noire. Mais notre héros a de la folie en lui, et va se frotter à cette femme qui le repousse, et lui répète constamment de ne pas le suivre, comme un avertissement. Le suspense est permanent. Le spectateur est balloté en douceur dans différentes directions, malgré la violence qui peut frapper à tout instant. Une violence suggérée, comme le sexe. On ne voit rien, on n’entend, on imagine ; c’est encore plus dérangeant. Il n’y a pas de musique, peu de dialogues, c’est avant tout visuel. La photographie, la lumière, la mise en scène sont esthétiquement parfaites. Le duo Fan Liao et Lun-Mei Gwei se complète à merveille. Un homme violent et exubérant face à une femme douce et effacée, deux écorchés vifs.
Une femme dans un monde d’hommes violents, tentant de survivre dans cette meute de loups attirés par sa beauté. Une femme en apparence fragile, qui veut juste faire de sa vie un feu d’artifice, tout en se laissant glisser sur ses patins à glaces pour oublier un peu la réalité du quotidien.
C’est surtout une histoire d’amour qui sort des sentiers battus, sur fond d’une intrigue policière qui reste dans l’ombre, mais planant sur eux, telle une épée de Damoclès, en ne sachant pas vraiment sur qui elle va s’abattre.
La noirceur du film est parfois mise à mal par un plan ou une scène burlesque.
(...) La réalisation de Yi’nan Diao est réussie : l’esthétisme de sa mise en scène glaciale mais énergique, de ses cadrages élégants, confère à l’intrigue, une atmosphère particulière. Le dernier quart d’heure est étrange, comme si le réalisateur voulait se démarquer du genre, en nous rappelant son statut de cinéma d’auteur.