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    Le Silence des autres
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Silence des autres" et de son tournage !

    Genèse du projet

    En tant qu’Espagnole, Almudena Carracedo ressentait une douleur qui s’accumulait en elle au fil des années lorsqu'elle voyait que la question de la mémoire historique restait bloquée à ce point dans son pays. La réalisatrice explique : "Il n’y a pas de victimes directes de la dictature dans ma famille, mais mes parents se sont battus comme tant d’autres contre le régime franquiste. J’avais de la peine quand j’imaginais la vie de tous ces gens qui n’ont pas eu de jeunesse, qui ont donné leur vie pour qu’on puisse vivre en démocratie. À chaque fois que je voyais un film sur la mémoire historique – comme Le vent se lève, de Ken Loach, ou Chili : la mémoire obstinée, de Patricio Guzmán –, j’étais très émue. C’est une douleur qui allait au-delà du récit du film, qui me restait sur l’estomac pendant des jours…"

    Robert Bahar, qui a coréalisé Le Silence des autres avec elle, explique à son tour : "Je suis né à Philadelphie. Aux États-Unis, on étudie la Guerre d’Espagne comme un prélude à la montée du fascisme en Europe, mais on ne connaît rien de Franco ni de sa dictature, et encore moins des conditions du passage à la démocratie. Quand j’ai entendu parler de cette loi du silence, j’ai été absolument choqué que personne n’ait essayé de résoudre le problème, même 40 ans après la mort du dictateur. Dans la plupart des pays du monde qui ont subi des périodes aussi sombres, on a tenté de se réconcilier avec le passé, et le fait de vouloir tout oublier me paraissait inouï. Notre point de départ était de décrire ce pacte du silence et ses conséquences sur les victimes. La souffrance décrite dans le film est le résultat de cette volonté de marginaliser les victimes et de les rendre invisibles."

    Dialogues et silences

    Almudena Carracedo et Robert Bahar ne voulaient pas que le film soit seulement un cumul d’informations sur 80 ans d’histoire espagnole. Les réalisateurs ont cherché à ce qu’il contienne aussi des moments d’empathie avec les personnages, des instants de silence et de poésie. Ils confient : "Certains spectateurs nous disent que la forme du film est très accessible alors que sa matière est complexe, et a exigé 450 heures de tournage et 14 mois de montage. Notre obsession était que les spectateurs puissent se mettre dans la peau des protagonistes et les suivre dans leur quête de justice. Nous espérons qu’ils sortent de la projection en ayant appris quelque chose, mais en ayant également ressenti quelque chose."

    Almodóvar à la production

    La société de production des frères Almodóvar a soutenu Le Silence des autresAlmudena Carracedo et Robert Bahar travaillaient sur le film depuis six ans quand ils leur ont présenté un premier montage. Ils précisent : "Ils se sont montrés incroyablement enthousiastes dès le départ. Agustín Almodóvar l’a vu en premier, suivi de Pedro, qui a partagé le même avis. Ils nous ont soutenus d’une façon qu’on n’aurait jamais osé imaginer, en acceptant de présenter le film et de joindre leurs noms aux nôtres. Pedro et Agustín avaient déjà abordé ce sujet dans certains des films qu’ils ont réalisés ou produits : dans La mauvaise éducation (2004) ou Julieta (2017), mais aussi dans L’échine du diable (2001) de Guillermo del Toro. Ces oeuvres entrent en résonnance avec cette réflexion nouvelle qui a lieu dans la société espagnole, qui pousse de nombreux artistes et intellectuels à briser, enfin, les tabous. Il s’agit moins pour eux de juger les choix du passé mais plutôt d’interroger notre présent. Le film s’inscrit dans la même démarche."

    Particularité espagnole

    À la différence de l’Espagne, dans la plupart des pays européens, les crimes contre l’humanité ne sont pas restés impunis. Pour Robert Bahar, la différence en Espagne, par rapport à la plupart des pays européens, est que Franco a gagné la Guerre Civile et qu’ensuite il est resté 40 ans au pouvoir :

    "La transition vers la démocratie a démarré avec sa mort en 1975 et elle a été négociée avec son régime, qui est resté en place. Cela se traduit par une certaine continuité dans la période démocratique que nous connaissons depuis : on le constate dans les rangs des forces de l’ordre, le pouvoir judiciaire mais aussi dans la vie politique. Des hommes politiques franquistes et leurs enfants ont fondé des partis et sont restés au pouvoir. La question n’est pas de dire que les responsables des accords de l’époque ont eu tort, mais d’interroger ce qu’on peut faire à présent pour les changer. Nous ne sommes plus en 1977". L’Espagne a changé." Almudena Carracedo poursuit : "Il ne faut pas oublier que dans cette transition démocratique, ce sont les franquistes qui étaient en position de force. Quand je lui demande des explications, mon père me répond souvent : « Mais que pouvions-nous leur demander ? ». Ils n’avaient aucune marge de négociation, ils ont simplement pris ce qu’ils pouvaient… La loi d’amnistie a été approuvée pour exonérer les franquistes de toute responsabilité. Voilà la vérité."

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