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    Je veux juste en finir
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    100 critiques spectateurs

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    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    114 abonnés 829 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 février 2022
    Charlie Kaufmann a toujours eu ma tendresse et mon admiration. Il est sensible, intelligent et son univers me plaît. Je garde de très bons souvenirs de films comme Dans la peau de John Makovitch ou Adaptation. J'aime moins Eternel Sunshine of a spotless mind à l'esthétique trop toc, tape-à-l'oeil et publicitaire... Michel Gondry est toujours plus inspiré quand il compose avec trois bouts de ficelle. je pense à Soyez sympa rembobinez !
    Curieusement, la première sensation en découvrant Je veux juste en finir c'est que Kaufmann réalisateur réussit enfin à faire son Eternel Sunshine of a Spotless Mind mais sans la contrainte de la grosse production, du film mainstream, du blockbuster avec des acteurs bankables. C'est plus intimiste, ça semble beaucoup plus personnel avec de longs tunnels assumés : la voiture, la maison, la voiture, la cafeteria, l'établissement scolaire... Cette poésie douce, cette liberté dans le ton, le rythme et la structure sont à saluer : une vraie bouffée d'oxygène. Il assume cette forme sous anxiolytique, presque littéraire.

    Il est d'ailleurs important de souligner que l'acteur principal me rappelle beaucoup Philip Seymour Hoffman qu'on avait déjà vu chez Kaufmann réalisateur Ce qui m'a rendu émouvante la séance. Je me suis demandé si c'était conscient ou pas... Un hommage subliminal ? En tout cas, le film dans l'ensemble est plutôt touchant, il parle à notre intelligence, à nos émotions, il essaye de naviguer dans ce qu'on aurait pu faire de nos vies, dans ce qu'on a hélas échoué à en extraire de meilleur... L'éternelle ritournelle Kaufmannienne fait mouche. Avec en plus ce je ne sais quoi d'inquiétant ou d'horrifique (les parents pas nets comme dans The Visit, la cave qui semble dissimuler quelque chose de pas rassurant...), tout ce qui maintient l'attention du spectateur désireux de comprendre...

    Et c'est là qu'est le hic. Car de tous ces mystères, il ne ressort rien de follement innovant ou radical. On devine assez vite de quoi il retourne... L'univers du film n'est rationnel qu'en apparence. Il devient facile à décrypter, celui des derniers instants d'un homme se repassant le film de sa propre histoire en la revisitant au gré des rendez-vous manqués, des espoirs déçus... Dès les interludes dans l'établissement scolaire, on comprend que le vieil homme de ménage n'est autre que le héros qui a vieilli. Une fois dans la maison, les décalages d'abord légers puis carrément délirants mettent un peu mal à l'aise devant l'incapacité de la jeune femme à s'inquiéter de toutes ses apparentes hallucinations devant des parents qui changent d'âge, d'époque, de visage, de chambre... Alors qu'elle panique brutalement quand son futur ex compagnon l'emmène pour un détour enneigé vers le lycée de sa jeunesse... Pas très cohérent. La scène finale au pupitre, c'est évidemment tout ce que cet homme aurait pu devenir s'il avait été soutenu par une femme aimante et croyant très fort en son talent...

    Le point d'orgue avec ce final de comédie musicale (Oklahoma ?) peut néanmoins constituer un indice sur un meurtre commis (la jeune femme et son fiancé ?) dans le passé que sera resté impunis... Avec ce quelqu'un qui observe en coin les deux tourtereaux. Les restes donnés aux cochons ou enterrés à la cave... Difficile à dire mais on peut l'envisager... Avec la complicité des parents ? Tout ceci remonterait à la surface à l'approche du jour dernier. Culpabilité sourde et écrasante. Plutôt que de simples regrets / remords. Mais trop peu d'éléments nous permettent d'étayer cette thèse.

    La matière rappelle finalement assez furieusement celle d'un The Father sorti récemment (sur la thématique d'Alzheimer). Ces personnages aux identités flottantes. Je me suis d'ailleurs dit que Je veux juste en finir se prêterait divinement à une adaptation pour le théâtre (dont est par exemple adapté The Father).

    Et reste au final une impression mitigée malgré ce très beau numéro de comédie musicale sur les derniers instants. Impression mitigée parce que film longuet, dépressif et surtout prévisible... On attend on attend on espère et l'on se dit à la fin des fins : "bah oui quoi d'autre ?".

    Je reste persuadé sur ce thème universel, existentiel, qu'il est difficile de surpasser dans le drame fantastique ce que fut La vie est belle de Capra ou dans la comédie romantique un film comme Un jour sans fin beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Ce dernier ne raconte pas autre chose que ce film de façon plus légère, enlevée... Toute ma vie dépend de ce qu'il adviendra de notre relation ce jour précis, ce matin-là... Alors autant le vivre et le revivre sans fin pour accomplir ma destinée. Notre destinée.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 009 abonnés 4 091 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 21 janvier 2022
    Charlie Kaufman, scénariste américain passé à la réalisation en 2008 avec « Synecdoche, New York », s’est surtout fait connaître pour l’inventivité et la complexité de ses scénarios. « Dans la peau de John Malkovich » (1999) et « Adaptation » (2002) de Spike Jonze mais aussi « Human nature » (2001) et « Eternal Sunshine of the Spotless mind » (2004) de Michel Gondry ont tous les quatre dérouté et intrigué les spectateurs par leur intrigue où s’enchevêtrent réalité, rêve et même parfois confusion mentale ou temporelle. La richesse des thèmes abordés sous des angles originaux par Kaufman, même si elle n’est pas directement accessible aux esprits très cartésiens, soulève souvent l’admiration et l’approbation de la critique. C’est donc en toute logique qu’en 2005, la statuette récompensant le meilleur scénario est venue saluer son travail pour « Eternal Sunshine of the Spotless mind » . Il ne faut donc guère plus attendre de simplicité de la part de Kaufman quand il passe derrière la caméra. C’est exactement le cas pour « Je veux juste en finir » qui adapte le roman éponyme paru en 2016 de Iain Reid, un jeune écrivain canadien. Une façon sans doute un peu vaine pour Netflix qui produit le film de tenter de se doter d’une caution intellectuelle qui lui fait furieusement défaut. Long de près de deux heures et vingt minutes, le film est effectivement difficile d’accès même si à la toute fin, le spectateur qui n’aura pas décroché, pourra se rendre compte que Kaufman a parsemé son métrage de quelques indices pouvant lui permettre de comprendre qu’il a en réalité passé tout le film dans la boîte crânienne du personnage principal. Ici, le vieux concierge d’un lycée qui n’en pouvant plus de solitude, ressasse en boucle tout ce que n’a pas été sa vie. Arrivé au terme d’un cycle infernal où dans sa tête il prend la place des gens importants de sa vie comme ses parents (Toni Collette et David Thwelis) ou encore cette jeune fille (Jessy Buckley), qu’étudiant en physique quantique il n’a jamais osé aborder, le vieil homme semble considérer n’avoir plus d’autre choix que d’en finir. En somme une vie passée à côté de celle qu’il aurait pu ou dû avoir. La construction géométrique habituelle des scénarios de Kaufman est certes parfaitement rodée mais pour prendre une réelle consistance, elle doit sans doute être placée entre des mains plus expertes que les siennes dans le domaine de la réalisation. La mise en scène de Kaufman est en effet bien trop statique et trop naïve pour faire partager au plus grand nombre les arabesques mentales qui sont les siennes, là où les caméras de Spike Jonze et de Michel Gondry étaient virevoltantes, faisant feu de tout bois pour maintenir en éveil l’attention d’un spectateur qui a de temps à autre à besoin d’être secoué pour se laisser emmener jusqu’au bout d’intrigues qui n’en sont pas réellement. Nicolas Cage, Jim Carrey ou John Malkovich sont aussi de bien meilleurs ambassadeurs qu’un Jesse Plemons par trop intériorisé. Charlie Kaufman est donc passé à côté de son sujet quand on pense que beaucoup de ceux qui ont vu le film dans son intégralité ont dû quand ils en ont eu le courage s’infliger une deuxième diffusion pour espérer déchiffrer un début de sens à ces deux heures souvent intrigantes mais aussi dérangeantes. Les plus pragmatiques auront eu recours à des sites dédiés à l’explication de la pensée complexe de Charlie Kaufman. Ainsi les thèmes pourtant essentiels abordés par Kaufman comme le vieillissement, l’incommunicabilité entre les êtres, l’acceptation de soi ou encore le poids de l’éducation ne seront pas pleinement perçus. C’est tout de même dommage !
    mattdvl
    mattdvl

    26 abonnés 49 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 29 décembre 2021
    Sans doute ce qu'on peut faire de pire comme film. La "sophistication" du scénario ne justifie pas les choix du réalisateur de rendre la narration aussi absconse, désagréable, insupportable. Au final c'est prétentieux, vain et laid. Et dire que certains comparent ce truc à Muhlolland Drive.
    Henning P
    Henning P

    36 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 novembre 2021
    Difficile de parler de ce film sans spoiler. Je l'ai vu avec ma compagne sans connaître ni le livre dont il est adapté et sans connaître l'intrigue. Au bout d'une heure et demie ma compagne a lâché : "il me fait chier ce film ". Je lui rappelle qu'elle avait adoré les films dont Kaufman était le scénariste. Dans la peau de John M. et Eternal sunshine... Je lui dis qu'il faut laisser une chance à ce film et qu'il ne reste que 38 minutes à visionner. Elle accepte et on continue à regarder. Et on a bien fait. Presque tout s'explique à la fin. J'ai lu pour en être sûr quelques explications sur le film après. Mais l'essentiel peut être compris sans. Donc finalement pas besoin de spoiler ! Il faut juste comprendre que Kaufman a fait un film où il nous donne quelques indices ici et là. Qu'il prend les spectateurs pour des gens intelligents et ne nous prend pas par la main, comme c'est souvent le cas (cf Dune récemment) pour tout nous expliquer. Comme à des enfants de 10 ans. Je ne dis pas que les personnes qui n'ont rien compris à ce film sont des incultes. Mais au lieu de mettre une étoile, ils feraient mieux de chercher à comprendre et le net permet cela sans souci. Un film intelligent qui fait réfléchir sur sa propre existence et qui mérite certainement un second visionnage. Je ne peux que le conseiller à tous les cinephiles. Du grand art. Dans le scénario et dans la progression narrative. 18/20
    kibruk
    kibruk

    110 abonnés 2 397 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 octobre 2021
    C'est vraiment le genre de film totalement frustrant, parce qu'à l'instar de "Inland Empire" de David Lynch par exemple, il ne donne pas de clés de lecture au spectateur. Et qu'on ne me renvoie pas à "Mulholland drive" du même Lynch ou encore à "2001 l'Odyssée de l'espace", qui eux n'ont qu'une fin très opaque et qui donnent des éléments d'interprétation auxquels on peut réfléchir après coup, ici je ne vois strictement rien d'évident qui permette au spectateur de comprendre ce qu'il a vu. Et c'est véritablement frustrant de devoir lire des commentaires et analyses pour avoir la clé qui permet de déverrouiller le tout, alors que celle-ci semble évidente une fois qu'on en dispose. Faire appel à l'intelligence de son public c'est très bien, mais faire inutilement compliqué est une démarche qui est pour moi rarement utile ou justifiable. Le seul nom de Charlie Kaufman, que j'admire beaucoup pour ses scénarios de "Dans la peau de John Malkovich" et "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", m'avait attiré sur ce film, et malgré la longueur extrême de beaucoup de dialogues, j'étais captivé par l'étrangeté et l'ambiance anxiogène que ce nouveau film proposait. J'étais extrêmement curieux et impatient de voir où tout cela nous conduisait. Et c'est dans cette fin qui devient de plus en plus délirante et déstabilisante qu'il manque quelque chose qui permette au spectateur de sortir de l'obscurité, quel dommage !
    Leandre H
    Leandre H

    7 abonnés 37 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 4 octobre 2021
    Voilà un film laborieux.
    Inutilement long. Les interminables trajets en voiture sont prétextes à des dialogues vides de sens, dans lesquels les personnages citent des extraits de poèmes et analysent des oeuvres comme pour tenter d’éclairer ce qu’ils vivent. Ça ressemble plus à de l’étalage de culture sans véritable but. L'interprétation des acteurs sauve ces scènes : la manière dont ils se coupent la paroles et établissent une tension à partir des silences forme l'intérêt de ces scènes.

    Dommage car le concept est intéressant : spoiler: aborder les regrets et les peurs d’un homme à travers plusieurs personnages récréés ou fictifs…
    mais j’ai un peu le sentiment d’être pris pour un con par un réalisateur qui se complait dans son délire. Il est profondément inconfortable de ne rien comprendre 2h durant, et de ne trouver qu’un vague intérêt là où on pensait trouver du sens profond. Le film ne fait pas grand cas du spectateur, ne fait rien pour l’aider à comprendre, et il me paraît élitiste…

    Le propos du film, tout en gardant un style mystérieux et psychologique, aurait pu être plus efficacement abordé avec un rythme plus concis et plus de clarté sur la situation initiale.
    Les plans bien pensés (le format a du mérite !) et les acteurs relèvent le niveau d’un film opaque et labyrinthique, à tel point qu’il est impossible de ne pas chercher des analyses sur internet ensuite pour tenter d’y trouver un sens...
    Peut-être que le film pâtit également du modèle Netflix, et qu'au cinéma, sans distraction, on aurait pu l'apprécier déjà plus...
    Anaïs B.
    Anaïs B.

    4 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 août 2021
    Un très beau film. Très esthétique. Visuellement mais aussi dans l'écriture. Je n'ai absolument rien compris. Voilà le problème. Et c'est tellement long. J'aime les films contemplatifs mais quand on ne comprend rien c'est vraiment compliqué. J'ai du lire des analyses pour mieux apprécier ce que certains nommeront subtilité qui est donc pour moi resté un mystère. Magnifique et frustrant. Un film pénible à regarder jusqu'à la fin.
    Gaëla Rd
    Gaëla Rd

    1 critique Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 22 juillet 2021
    Je veux juste en finir.. c'est ce que j'ai pensé en regardant le film. J'ai voulu le voir jusqu'à la fin en m'attendant a une fin bien tordue, un rebondissement qui explique tout. Mais non.
    N'ayant rien compris de la fin, j'ai regardé les explications du film par bonne foi, et franchement... tout ça pour ça ? Un bon film c'est aussi quand tu n'as pas besoin d'aller regarder 50 explications sur internet.
    Climax
    Climax

    5 abonnés 164 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 juillet 2021
    Un film fou qui perturbe, qui destabilise par son ambiance étrange, par sa structure intrigantes mélangeant présent, souvenirs, futur et rêveries et par ses longs dialogues qui nous emmènent dans les tourments d'un couple, dans leur quête d'un sens à donner à la vie. casting parfait.
    TUTUR29
    TUTUR29

    24 abonnés 1 020 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 mai 2021
    Difficile de noter une œuvre aussi singulière que I’m Just thinking of ending things. Le film a une structure et une narration très désorganisée et souvent incompréhensible, et il n’y a quasiment pas d’action ou de retournement de situation dans le film. Et pourtant, les dialogues et la magnifique photographie m'ont suffi pour être absorbé par le film. Bref, un sentiment très étrange, clairement un OVNI ce film, mais je l'ai quand même trouvé captivant, même si très imparfait.
    Stéphane R
    Stéphane R

    18 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 mai 2021
    Onirique à souhait. Comme certainses œuvres d'art, peine à se suffire à elle-même sans un petit apport explicatif/confirmatif. A ne pas regarder distraitement ou en état de fatigue, cela gâcherait le plaisir de cette déambulation dans les tourments, les souvenirs, les regrets, le spectacle d'une âme humaine.
    Arkonyx
    Arkonyx

    1 abonné 25 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 avril 2021
    Je dois avouer que j'ai pas tout bien compris ( obligée d'aller voir les explications sur internet), mais ça ne m'a pas empêché d'avoir savouré chaque seconde de ce film!
    Le casting est excellent, David Thewlis et Toni Collette sont vraiment dégueulasses à souhait, ça fait vraiment plaisir de les voir comme ça. En gros je sais toujours pas si j'ai aimé ou pas, mais au moins ça m'a fait un petit quelque chose.
    Ça mériterait presque un second visionnage dans la foulée!
    Le Commandant de la Navette
    Le Commandant de la Navette

    2 abonnés 20 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 5 avril 2021
    Ce film propose une plongée vers la mélancolie intellectuelle, centré sur un personnage frustré s'imagineant des choses.

    Enfin c'est ce qu'on imagine aussi...et c'est ça le problème de ce genre de films qui croisent les genres (road movie / huit clos / comédie musicale), qui enchaînent les discussions interminables, pour finir par interchanger les personnes et flirter avec le grotesque : toutes les hypothèses sont bonnes.

    Ce film oublie sa colonne vertébrale, et n'a donc pas une, ou plusieurs interprétations, mais une infinité. Quelle est donc sa raison d'être ?

    Je mets 1 étoile pour le jeu d'acteur des parents, et quelques plans bien maîtrisés, mais quand on passe plus d'une heure de film à observer un pare brise c'est déjà généreux de ma part.

    Ni fait ni à faire, un long moment attendant quelque chose qui n'arrivera jamais...
    Marc L.
    Marc L.

    40 abonnés 1 487 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 mars 2021
    Quand on a suivi toute la filmographie de Charlie Kaufman, ceux qu’il a scénarisé et ceux qu’il a tourné, on commence inévitablement à connaître le personnage, prototype post-Allenien de l'intellectuel new-yorkais spleenique et névrosé, toujours prêt à étaler des références culturelles d’autant plus essentielles à la compréhension du concept central de ses films que tout le monde ne les saisira pas. On sait qu’il adore quand les personnalités se confondent, convaincu qu’il est que l’idée même d”Exister” ne se définit pas uniquement objectivement mais aussi à travers la perception subjective que les individus entretiennent les uns des autres et les réflexions qu’ils forment à ce sujet. On sait qu’il adore les trames-gigogne, les mises en abîme, à peu près pour les mêmes raisons : “Être” n’est possible que grâce à un amoncellement d’expériences culturelles, qui définissent les êtres autant que les êtres les définissent. Armés de toutes ces certitudes, on est persuadé que cette fois, on va le voir arriver de loin et surtout, on va comprendre où il veut en venir sans avoir besoin d’aller consulter fébrilement des analyses on-line. Et pourtant, Kaufman est encore une fois parvenu à mystifier tout le monde, en proposant un film tout aussi complexe que “Synecdoche” mais moins austère et plus lisible, qui s’avère également être son travail le plus “Lynchien”. Rien que le titre prête à confusion, ce dont on se doute dès les premières minutes mais dont on ne comprendra les réelles implications que bien après le générique, à tête reposée. ‘Je veux juste en finir” ne tolérera aucune seconde d'inattention : ces interminables conversations qui semblent n’exister que pour illustrer une hypothétique incommunicabilité entre les êtres sont en réalité truffées d’indices plus ou moins cryptiques. Le repas de famille, dont les protagonistes semblent pouvoir changer de nom, de place, d’âge et de vécu sans que qui ce soit s’en offusque, nourrit le même objectif en plus de parvenir à instiller un authentique malaise qui pourrait laisser la fausse impression que Kaufman s’est laissé tenté par le fantastique. Par après, la logique du scénario s’obscurcit encore, à mesure que (ce qui semble être) la réalité commence à être contaminée par des paradoxes de plus en plus visibles et des allégories. Pourtant, on finit par comprendre : par comprendre qu’on n’a pas vu le film dont on pensait que Charlie Kaufman allait nous gratifier, mais qu’il a attendu presque jusqu’au bout pour se décider à le laisser deviner à demi-mots. Que la réalité dont on s’est trituré l’esprit à tenter de percer les secrets n’est peut-être que le rêve embrouillé de quelqu’un d’autre. Que l’amour existe, mais en tant qu’idée alors que son existence réelle ne peut être prouvée en tant que tel. Et tant d’autres choses. ‘Je veux juste en finir’, c’est le film-somme qu’on attendait de Charlie Kaufman, celui qui n’oublie pas d’être ludique dans sa morosité et accueillant dans son nombrilisme introspectif. Que pourrait-il encore bien se passer, après ça ?
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 148 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 mars 2021
    J’ai conscience que, de prime abord, la comparaison pourra paraître hasardeuse, malgré tout j’entends bien l’assumer jusqu’au bout.
    Mais de mon point de vue c’est une évidence : il y a dans ce film une manière de faire cheminer le spectateur qui a quelque-chose de profondément lynchéen.
    …Et moi j’aime ça.

    Pourtant c’est vrai : à première vue rien n'a l'air d'aller dans ce sens.
    Au contraire on est même dans du Charlie Kaufman pur jus.
    Moi que ressortais tout juste d’« Anomalisa », j’ai retrouvé dans cet « Ending Things » beaucoup de choses qui me semblaient bien familières.
    Un cadre formel toujours confortable et délicat dont le confort semble rapidement devenir une prison.
    Des personnages névrosés par ce tiraillement qui les habite, entre d’un côté la terrible envie de tout envoyer bouler en hurlant et de l’autre cet étrange mélange d’empathie, d’attachement et de lâcheté qui leur retire toute force d’agir.
    Et puis surtout il y a ce goût pour la parole d’introspection.

    Pour être honnête, j’ai même crains le pire dans un premier temps.
    Dès la première conversation du film – pourtant très bien partie – l’intrigue s’engage progressivement dans un long tunnel discursif de presque vingt minutes !
    Le début de la scène était pourtant un régal, sachant jouer des chevauchements entre voix-off et dialogues pour faire comprendre toute l’ambigüité de la relation qui nous était présentée. Et puis s’ensuit l’enlisement dans la morosité. On broie du noir pour mieux le mélanger avec du noir déjà broyé… Un vortex kaufmanien était déjà en train de se créer…
    A ce moment là j’ai craint qu’on ne quitte jamais cette foutue voiture pendant les deux heures qui restaient…

    Mais non.
    On finit par en sortir de cette foutue voiture, quand bien même ce soit pour sombrer dans un autre lieu dont on a l’impression qu’on ne sortira jamais.
    Et c’est à partir de là que j’ai commencé à trouver une part de lynchéisme dans cet « Ending Things ».
    Ce temps passé, ces instants morts, ces espaces aux cohérences parfois troubles.
    Ces éléments d’intrigue qui surgissent là, aléatoirement, sans qu’on sache vraiment pourquoi.
    Tout ça a l’air soudainement décousu.
    « Attends deux secondes… Il avait les cheveux blancs lui au plan d’avant ? »
    « C’est moi ou ce chien se secoue bizarrement, comme s’il était prisonnier d’une boucle ? »
    « Mais… Mais cette histoire qu’il raconte à son père… Ce n’est pas la bonne… C’est celle qu’on a entendu dans ce segment qui n’avait rien à voir mais qui semble lié à… »
    Wooooh…
    Ah d’accord. OK…
    Je crois que je viens de comprendre.

    Ce type de narration, je me suis souvenu l’avoir déjà vécu auparavant.
    Cette façon qui consiste à partir d’une histoire qui a l’air normale, mais qui sombre progressivement dans un récit déstructuré…
    Un récit de sensation plus que de sens…
    Pour moi, « I’m thinking of Ending Things » est le droit descendant de « Lost Highway » sorti en 1997.
    Même manière de jouer avec les esprits.
    Même façon de rendre tout cohérent avant de déliter le sens.
    Et puis chercher tout soudain à rattraper les esprits en rajoutant un élément qui va donner l’impression de faire sens…
    …Ou plutôt qui va donner l’illusion de faire sens.

    Alors bien évidemment, face à ce genre de démarche, il sera facile de crier à la facilité.
    « Moi aussi je sais en faire des films cryptiques qui finissent par raconter un peu tout et n’importe quoi ! »
    J’entends la critique.
    Seulement, moi, je ne considère justement pas que ce soit n’importe quoi.
    Je ne considère pas que ce soit gratuit.
    C’est juste que le propos de l’histoire est ailleurs.
    Il n’est pas dans un discours ou dans un récit linéaire. Il est dans une sensation.
    Un sentiment.
    Et pour le rendre accessible ce sentiment il faut justement jouer avec l’esprit. Il faut déconnecter le cortex cartésien…
    Qui sont vraiment ces deux héros ?
    Que leur est-il vraiment arrivé ?
    Au fond le cœur du sujet n’est pas là.



    spoiler: Louisa – quelque soit son nom – s’est-elle laissée embourbée dans une relation toxique parce qu’elle ne savait pas dire non ? …Ou bien vit-elle au contraire le deuil d’une relation qu’elle n’a en fait jamais eue parce qu’on lui a tué son bel amant alors que celui-ci la secourait ? Et Jake de son côté ? Est-il l’homme qui passe à côté de Louisa, trop torturé qu’il est à entretenir sa relation toxique avec ses parents ? …Ou bien lui aussi fantasme-t-il cette relation qu’il n’a jamais eue ? N’est-il au fond que ce vieil homme de ménage ? Un gars qui mate les jeunes plein d’envie tout en n’assumant pas d’être surpris à le faire ? Un gars qui fantasme une vie où sa médaille d’assiduité se transformerait subitement en prix d’excellence, lui donnant accès à l’amour et la reconnaissance qu’il aurait aimé vivre ?… Est-il possible d’ailleurs qu’il soit l’agresseur du jeune amant de Louisa ? A moins que Louisa et Jake ne soit au fond que les deux facettes d’une même pièce. Mais au fond quelle importance qu’on sache le vrai du faux de tout ça ? Est-ce vraiment cela qui est intéressant ? Est-il vraiment primordial de savoir QUI est vraiment Louisa et QUI est vraiment Jake ? L’intérêt n’est-il pas plutôt dans ce qu’on ressent à travers eux ? Savoir que Jake soit un loser, un pervers ou un physicien réservé importe peu au fond… Ce qui compte c’est avant tout CE sentiment qui l’habite. Un sentiment qui habite d’ailleurs Louisa, les parents de Jake, cette serveuse aux bras brulés… Toutes ces personnes sont à la fois différentes mais à la fois les mêmes. Mais au fond ce n’est pas vraiment eux qu’on veut nous raconter dans ce film. Ce qu’on veut nous raconter c’est CE sentiment. Et si dans certains films des personnages brillent parfois parce qu’ils sont habités de sentiments multiples et complexes, dans ce « I’m Thinking of Ending Things » il faut juste savoir comprendre que le personnage central, c’est CE sentiment-là ; un sentiment qui peut habiter plusieurs personnalités multiples et complexes. Pas un protagoniste de cette histoire ne l’incarne vraiment. Pas un seul hôte ne l’essentialise. Mais tous ensembles, ils le synthétisent. Ils le rendent palpable.




    Alors certes, cela peut rendre ce « I’m thinking of Ending Things » éprouvant. C’est évident.
    D’ailleurs, j’ai été moi-même éprouvé.
    Cette conversation de vingt minutes dans la bagnole. Puis ce repas de famille – malaisant au possible – qui n’en finit jamais. Puis à nouveau la voiture… Puis la perdition dans la neige…
    J’ai souffert. Incontestablement.
    J’ai souffert parce qu’à chacune de ces scènes commençaient toujours au mieux, avant que tout se mette à chaque fois à se déliter dans une sorte de répétition presque facile ; comme une sorte d’égarement.
    …Et d’ailleurs – oui – je pense vraiment que parfois ce film en fait un peu trop, pour chacun de ses segments.
    Je pense sincèrement qu’il sombre parfois trop dans la facilité ou dans une certaine forme de confusion complaisante.
    C’est d’ailleurs ce qui lui vaut cette note nettement en dessous d’un somptueux « Lost Highway ».

    Seulement voilà, quand je pense à ce qu’aurait été le film sans ces épreuves, je me demande encore si sa démarche m’aurait percuté de la même manière.
    Au fond, l’épreuve fait partie du cheminement.
    Il faut accompagner ces protagonistes.
    Il faut se sentir soi-même prisonnier.
    Il faut soi-même avoir envie d’en finir.
    Il faut EPROUVER.

    C’est là tout le cœur de cette expérience cinématographique.
    Ce film ne se perçoit que dans l’épreuve.
    C’est le seul moyen de cheminer jusqu’à ce qu’il a à nous offrir.
    Est-il un film sur l’ambigüité du sentiment amoureux ? Sur les choix ? Sur les pertes ? …Ou bien sur notre rapport à la mort et à la vieillesse ?
    Au fond, ce film, il est un peu tout ça à la fois.
    Il est juste un film sur l’angoisse ; sur ce qu’elle détruit ; sur ce qu’elle permet de rendre sensible.
    Et au-delà même de ça, « I'm thinking of the Ending Things » est peut-être tout simplement un film sur la vie.
    …Un film sur une vie.
    …Celle de Charlie Kaufman.
    …Un Charlie Kaufman qui a pris prétexte d’une adaptation pour nous livrer cela.
    …Une part de lui qu’il a cherché à rendre universelle.

    Alors j’entends : on peut ne pas accrocher.
    On peut être rebuté.
    Seulement ce film est là. Et il est là pour ce qu’il est.
    Comme David Lynch, Charlie Kaufman nous ouvre ici une porte vers un univers qui – quoi qu’on en pense – reste unique, singulier… Et donc précieux.
    Personnellement, j’avoue ne pas aborder la vie comme Charlie Kaufman. Son monde m’est étranger. Mais depuis que j’ai vu ce « I’m Thiinking of Ending Things », ce monde est soudainement devenu plus familier.
    Désormais j’ai parcouru son univers. Il vit en moi. Et j’y ai retrouvé une part d’humanité entrant en résonnance avec la mienne.
    Charlie Kaufman m’a partagé quelque-chose avec ce film – quelque-chose qui allait au-delà d’une simple histoire – et rien que pour cela je ne peux que lui être reconnaissant.
    Car l’air de rien, à nous rendre ainsi accessible des univers sensoriels aussi éloignés des nôtres, des hommes comme Charlie Kaufman ou David Lynch nous font un cadeau rare.
    …Le cadeau de cinéastes qui savent rendre leur monde soudainement accessible.

    Alors oui, c’est pour ça que moi j’aime penser à ce cinéma qui me rappelle David Lynch.
    …J’aime penser à ces rares auteurs qui savent nous ouvrir les portes vers un autre univers…
    …Vers un autre cinéma.
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