Plus je découvre Coppola et plus j'ai de mal avec ses films...la version Redux de cet Apocalypse Now est ce que j'ai vu de plus décevant à propos de la guerre du Viet Nam. Certes, le film mérite d'être loué pour l'important impact qu'a du avoir son message sur les Américains, au vu de sa date de sortie (1979). De son propre aveu, Coppola était indigné des mensonges officiels du gouvernement US à propos de cette guerre et voulait dévoiler la vérité à travers cette oeuvre. Si tel était le but, il est largement atteint; le plus véhéments des nationalistes américains a du être sortir désillusionné des salles à l'époque: crimes de guerre, flirt avec les prostituées, effet traumatique de la guerre sur le soldat...ce film n'est pas à la gloire de la propagande américaine! Au delà de son but louable, que reste-t-il pour le spectateur moderne qui connaît plus ou moins l'histoire de cette guerre et s'attend à une oeuvre poignante ou marquante? Pas grand chose. Hormis cette fameuse scène de bomardement sous la musique de Wagner ou encore la dernière demi heure, on assiste à rien de bien mémorable. Le style de Coppola est excessivement lent, les plans sont interminables, l'histoire peine à trouver un fil conducteur: l'ennui guette le spectateur à chaque instant. Ce qui manque à ce film, c'est un personnage intéressant ou attachant, qui aurait pu découvrir les horreurs de la guerre en même temps que le spectater: ce procédé sera utilisé par Stone dans l'extraordinaire Platoon puis par Kubrick dans FMJ. Mais Coppola opte pour une sorte d'objectivité absolue, de neutralité totale: le spectateur suit l'histoire des personnages, il ne la vit pas avec eux, il les regarde pendant tout le film sans s'identifier à eux. Le protagoniste, soldat d'ores et déjà choqué par la guerre et assoiffé de sang, est un personnage efficace lorsqu'il s'agit de dénoncer la cruauté de la guerre, beaucoup moins si le but est de captiver le spectateur. Ses réflexions philosophiques, venant d'un solat amoral, sont judicieuses pour dévoiler le néant moral de la guerre du Viet Nam, mais sont d'un intérêt moindre pour le spectateur. La folie: voilà ce qu'Apocalypse Now donne à voir: une histoire absurde racontée par un soldat dérangé. Nihilisme semble être le maître mot du film comme il était celui de cette guerre. Qu'est-ce qui cloche alors? Tout simplement la distance introduite entre le spectater et le protagoniste: dans Platoon, le spectateur s'attace à Chris Taylor, il vit cette guerre avec lui, est bouleversé par ses crimes comme lui, et au final comprend mieux que quiconque la folie destructrice qui s'est emparée de ces hommes faits monstres. Le film de Coppola ressemble plutôt à un théâtre macabre, que le spectateur contemple avec une distance malvenue, sans aucune émotion ou empathie. Outre la carence d'un personnage intéressant, on pourrait reprocher au film son flagrand manque de rythme: je ne cesse de fustiger les film pour leur trop courte durée, mais j'aurais volontier raccourci les 3h20 de ce somnifère cinématographique. C'est intéressant, réaliste et extrêmement bien documenté, mais filmé de manière bien trop lente et impersonelle. Cette technique avait marché dans le Parrain, mais la guerre du Viet Nam est un sujet tellement brûlant et important qu'un regard critique s'imposait cette fois. N'eût été sa lenteur extrême, on aurait eu un bon film sur la guerre du Viet Nam, mais Apocalyse Now peut se résumer en une succession de temps morts. Vive Platoon!