Le Fantôme de Laurent Terzieff : les secrets du tournage

"En 2020, nous célébrerons les dix ans de la disparition de Laurent Terzieff, le 2 Juillet 2010. Si certains ont encore en mémoire sa voix grave si particulière, sa diction respectant silences et ponctuation, la jeune génération ignore souvent jusqu’à son nom. Pourtant Laurent Terzieff était un acteur immense. Il a été une star de cinéma, au même titre qu’Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo - c’est le film Les Tricheurs de Marcel Carné qui l’a rendu célèbre au début des années 60 - mais il a aussi tourné avec Pasolini, Bunuel, Clouzot, Godard, Rossellini, Garrel, Zurlini, Bolognini et beaucoup d’autres, dans 67 films. Mais très tôt, il s’est surtout consacré au théâtre, où il a été récompensé par six Molière."

Avec Le Fantôme de Laurent Terzieff, Jacques Richard (II) ne voulait pas faire une hagiographie, mais offrir des témoignages et des archives qui aident à mieux comprendre cet homme complexe et secret, avec sa part d’ombre et ses renoncements. Il explique :

"Sa sœur ainée, Odile, qui l’avait initié au théâtre, en l’emmenant à de la Comédie Française, s’est suicidée à l’apogée de sa carrière de comédien, ce qui lui laissera une empreinte douloureuse et durable, le conduisant notamment vers une anorexie qui ne le quittera plus."

"Il forma un couple à la vie et à la scène avec Pascale de Boysson au début des années 60. Elle joua dans presque toutes ses pièces, et c’est elle qui souvent trouvait les auteurs anglais ou américains, dont elle traduisait les textes en français. Ils fondèrent ensemble la Compagnie Laurent Terzieff en 1961 et regroupèrent autour d’eux des comédiens fidèles qui constitueront "la troupe" : Maurice Garrel, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach, Claude Aufaure, Dominique Hollier, Michèle Simonet, Vincent de Boüard, mais aussi deux collaboratrices précieuses : Marie-France de Noüe et Michèle Meunier."

"Sa mère, Marina Terzieff, était toujours sa première spectatrice, elle l’aidait dans le choix ou la fabrication des costumes de ses pièces. Laurent avait trois soeurs et un frère. Ils vivaient à sept durant toute leur enfance dans un atelier d’artiste, encombré de sculptures, et d’un piano à queue qui réduisait encore l’espace, soixante mètre carrés, loggia comprise."

S’il existe de nombreux entretiens avec Laurent Terzieff, et quelques extraits de ses pièces, il n’existait pas encore de portrait complet de cet acteur si particulier. "Le fantôme de Laurent Terzieff montre les différents aspects de cet être secret. Il s’agit du portrait intime de l’homme, issu d’un terreau familial déjà très artistique, dont il s’inspira largement pour le choix de ses pièces. C’est un film sur l’humaniste qu’il fût, enrichi de sa propre parole à partir d’un matériau d’archives considérable, dont de très nombreux inédits. On le découvre au travail lors de ses mises en scène au théâtre, et dans les “making of“ des films auxquels il a participé", confie Jacques Richard (II).