Kina & Yuk : renards de la banquise : les secrets du tournage

En 2018, des pêcheurs ont trouvé un petit renard polaire échoué sur un morceau d'iceberg dans la mer du Labrador, au large du Canada. L'équipage du bateau est parvenu à récupérer l'animal pour le réchauffer puis le relâcher sur la terre ferme. C'est en tombant sur un article de journal que Guillaume Maidatchevsky s'est imaginé d’où venait ce renard, quel était son parcours et ce qu’il allait devenir : "Je suis parti de ce fait réel pour écrire mon histoire. Pour moi, cette image porte en elle une dramaturgie très forte, et c’est exactement ce que je recherche quand je fais un film".

Plutôt qu'un documentaire, le réalisateur a décidé, comme avec Aïlo, une odyssée en Laponie, d'adopter le style d'un conte pour suivre les péripéties des deux renards polaires. "La dimension universelle du conte est importante parce que les péripéties vécues par nos deux héros pourraient arriver à beaucoup d’autres animaux sur la planète. Le conte est souvent une leçon de vie. Mais c’est surtout la partie fiction qui m’intéresse car j’adore raconter des histoires, c’est mon moteur. Et le fait de travailler avec des animaux habitués aux caméras me permet de pousser la réflexion à travers la dramaturgie tout en veillant, c’est fondamental, à la crédibilité de l’histoire. Mon garde-fou c’est de ne pas rentrer dans l’anthropomorphisme", détaille Guillaume Maidatchevsky.

Le plus important pour le réalisateur était d'être attentif aux comportements des animaux : "Sur le plateau, l’équipe de cameramen forme autour des animaux un « cercle de confiance », c’est comme une sorte de ballet entre les animaux et nous. En fonction de leur attitude, on va plus ou moins rentrer ou sortir du cercle. Si un animal est un peu stressé, on s’éloigne, s’il est cool, on s’approche davantage."

Chaque scène avait plusieurs plans B si les animaux ne se comportaient pas de la manière attendue. "Souvent on dit que le cinéma c’est l’art du mouvement, or c’est l’animal qui me dicte mes mouvements. Et cela demande autant de patience de diriger des renards, des chats ou des rennes. Parce qu’on respecte le temps de l’animal en tant qu’individu."

Le réalisateur explique pourquoi Virginie Efira était la conteuse idéale pour ce film : "Je trouve d’abord que c’est quelqu’un de bienveillant, qui dégage une vraie gentillesse et j’aime chez elle son côté battant. Ça me parle personnellement et par rapport à l’histoire de Kina & Yuk : renards de la banquise, je ne pouvais pas rêver mieux comme conteuse ! Elle a une voix très maternante et je voulais une actrice qui puisse avoir une large palette d'émotions, qui puisse passer de la comédie à une forme de dramaturgie, tout en restant crédible."

Kina & Yuk : renards de la banquise a été tourné dans le Grand Nord canadien et plus précisément dans le Yukon à Dawson City (appelée Jack City dans le film), une ville où a vécu l’écrivain américain Jack London, et qui lui a notamment inspiré son chef d’œuvre L’Appel de la forêt.