Connu pour Creed : L'Héritage de Rocky Balboa, ainsi que pour les deux films consacrés au super-héros Marvel Black Panther, Ryan Coogler s'essaie pour la première fois avec Sinners au genre horrifique. Pourtant, il est un grand fan de films d'horreur depuis son plus jeune âge. Ce qu'il aime dans ce genre, c'est qu'il cherche à toucher le grand public, tout en étant capable de donner naissance à des chefs-d'œuvre : "Je crois que c’est parce c’est un genre ancestral. La première histoire qu’on a racontée autour d’un feu était sans doute un récit horrifique". Il ajoute : "Tous mes cinéastes préférés ont profondément marqué l’esprit des spectateurs, et, le plus souvent, leurs films sont ceux qui finissent par être les plus atemporels. J’adore donc le genre horrifique depuis toujours et j’avais hâte de réaliser moi-même un film d’horreur un jour."
Le premier souvenir de cinéma de Ryan Coogler remonte à l'époque où "assis dans une salle obscure remplie d’inconnus, j’étais absolument terrorisé par ce qui se déroulait à l’écran. Cette expérience collective où, tous ensemble, on ressentait à la fois horreur et plaisir m’a donné le sentiment d’être chez moi."
C'est pourquoi il espère pouvoir faire vivre cette expérience au public qui ira voir Sinners sur grand écran : "Sinners est ma manière de témoigner de tout ce que j’aime dans l’expérience de la salle de cinéma, en tant que cinéphile, et plus encore de l’expérience collective de la salle. Et ce film a été conçu pour être vu avec une foule d’inconnus autour de soi."
Sinners marque la quatrième collaboration entre le réalisateur Ryan Coogler et l'acteur Michael B. Jordan. Celui-ci a joué jusqu'à présent dans tous les longs-métrages du cinéaste : le drame Fruitvale Station qui les a révélés tous les deux, Creed : L'Héritage de Rocky Balboa, et les deux films Marvel Black Panther. Le comédien revient sur leurs débuts : "Fruitvale Station est le premier projet où mon nom était en tête du générique. J’étais pratiquement présent dans toutes les scènes. Je m’étais dit 'Ok, très bien, je vais devoir porter tout un film sur mes épaules et je ne pourrai compter que sur moi.' Mais je me souviens qu’il m’a répondu 'Moi, j’y crois et c’est ce qu’on va prouver au reste du monde.' C’était la première fois qu’on me disait une chose pareille. Il m’a permis d’y croire, moi aussi, à ce moment-là, et je n’ai jamais douté depuis."
Il ajoute au sujet de leur relation : "Avec lui, je sais que le tournage va être jubilatoire et que, dans le même temps, il va me pousser dans mes retranchements. On cherche constamment à progresser, d’un projet à l’autre, à mesure qu’on avance dans nos parcours respectifs. On s’entend à merveille et on se connaît depuis très, très longtemps."
Sinners est le premier projet auquel a participé Michael B. Jordan après avoir réalisé son premier film, Creed III. Cette expérience a modifié son approche du métier d'acteur, ainsi que sa relation avec Ryan Coogler : "Je me sentais désormais capable de comprendre ses priorités, depuis le matin où il arrivait sur le plateau jusqu’à la fin de la journée. Comment devancer ses besoins ? Comment répondre à ses attentes ? Comment l’aider à certains égards ? Cela a suscité une nouvelle réflexion chez moi et j’ai cherché à en faire part à Ryan."
Pour se glisser dans la peau de Smoke et Stack, Michael B. Jordan a imaginé tout leur parcours avant ce qui est raconté dans le scénario. Avec sa répétitrice Beth McGuire, il a travaillé sur sa gestuelle, ses postures physiques et la position de son corps : "Les deux frères se tenaient chacun différemment, ils n’avaient pas exactement la même démarche, et ils n’avaient pas non plus exactement les mêmes traumatismes. M’approprier toute leur gestuelle m’a vraiment permis de me sentir à l’aise pour jouer les deux rôles."
Il précise : "Je tiens à rendre hommage à mes partenaires qui ont dû me supporter ! (rires) Je faisais une lecture sous les traits de l’un des frères, puis je devais me glisser dans la peau de l’autre et lire son texte. Et tous les acteurs ont été indulgents avec nous, ce qui a beaucoup compté. Il y avait aussi la musique à prendre en compte et certaines scènes qui nécessitaient une préparation."
Bien qu'étant un divertissement horrifique, Sinners est un projet personnel pour Ryan Coogler. Il a en effet puisé dans deux relations familiales pour son film : celle avec son grand-père maternel qui est décédé un an avant sa naissance et qui était originaire du Mississippi, et son oncle James, décédé lors de la postproduction de Creed, l'héritage de Rocky Balboa : "Il était d’une autre époque, il venait lui aussi du Mississippi, et il n’en parlait que s’il écoutait du blues et qu’il avait bu un petit verre de whisky Old Taylor. Dans ces conditions, il se mettait à raconter. Il me manque considérablement. Ce film était l’occasion de plonger dans ma propre histoire familiale, enracinée aux États-Unis."
Le tournage a débuté au printemps 2024 à la Nouvelle-Orléans et dans ses environs, en Louisiane.
Une bonne partie du film se déroule dans un club (le "juke-joint"). Celui-ci a été construit sur un terrain de golf désaffecté à Braithwaite, en Louisiane. Devenu une zone inhospitalière, il est désormais envahi par la végétation et infesté d’alligators, de serpents et autres animaux sauvages.
Pour représenter la ville de Clarksdale de 1932, l'équipe a construit une dizaine de magasins dans la petite ville de Donaldsonville, en Louisiane, dont deux épiceries, une station-service, un cinéma, un salon de coiffure et un hôtel.
Le hoodoo est un ensemble de croyances et de pratiques magiques afro-américaines. Désirant être le plus respectueux de cette culture, Ryan Coogler a fait appel au docteure Yvonne Patricia Chireau, spécialiste de la tradition Hoodoo, pour qu'elle s’entretienne avec lui, les acteurs et l’équipe technique afin de garantir la plus grande authenticité sur le tournage.
La docteure Chireau précise : "Il se trouve que beaucoup de ces traditions ont été déformées par des personnes qui se sont affranchies de leur culture d’origine. [...] Le monde de la nature possède ses propres esprits, vénérés et souvent invoqués, un monde où animaux et végétaux viennent en aide aux vivants, les accompagnent et veillent sur eux. On pouvait déceler des signes sur les os des animaux et les feuilles pouvaient servir d’herbes médicinales pour soigner les malades. La terre sur laquelle on marche recèle également de trésors – magnétite, cristaux, mercure – pour ceux qui ont la sagesse nécessaire pour interpréter leurs signes. Selon ces traditions, tout – êtres humains, plantes, animaux, terre – a un sens et est animé par un esprit."
On retrouve dans Sinners par exemple un sac Mojo, également appelé sac à malice, amulette ou sac naturel, qui contient divers objets et est activé par la force spirituelle. "Bien plus qu’un simple gri-gri, le sac Mojo incarnait une sensibilité spirituelle bien plus profonde. Très répandu chez les esclaves noirs, il était censé protéger celui qui le portait et lui porter chance", explique la docteure.
Sinners a été tourné à l’aide de caméras IMAX – les caméras à plus haute résolution disponibles sur le marché à l’heure actuelle – qui offrent près de dix fois la résolution d’une image 35 mm classique. Le film comprend des scènes tournées en format 1,90 :1 ou 1,43 :1, permettant d’obtenir une image plus grande qu’avec n’importe quel autre format.
À l’exception des scènes tournées en IMAX, le long-métrage a également été tourné en Ultra Panavision 70 dans un format particulièrement étroit (2,76 :1, contre le 2,40 :1 standard), ce qui a permis aux scènes tournées en IMAX d’apparaître beaucoup plus larges. D’où une projection plus immersive encore.