Matana MiShamayim : les secrets du tournage

"Cadeau du ciel est une histoire de désir. Désir de pouvoir, de confort, désir sexuel aussi... C'est une comédie parfois cruelle, dont le véritable héros est le quartier populaire où vivent les personnages. Là, chacun vit à côté de l'autre, en se mêlant de ses affaires. Tout le monde influence tout le monde. Le film se déroule comme dans une bulle hors du monde (...) J'ai voulu essayer de traduire la relation d'un enfant au monde, donner une image de la vie aussi simple que celle que pourrait en avoir un enfant. Les motivations sont simples, évidentes, comme les enjeux. Chaque ressort est clairement identifié, ce n'est que lorsqu'ils se mélangent que les situations se compliquent. Dans ce monde simplifié, dépouillé de tout artifice et de tout inutile, seul l'évident subsiste. Comme si l'on faisait l'expérience du monde en lui supprimant toute hypocrisie, tout artifice."

A propos de la place très importante qu'occupe la sexualité dans ses films, le cinéaste note : "Je vais sans doute être un peu cru... mais je crois qu'il n'ya pas d'autre moyen d'exprimer clairement mon point de vue là-dessus. Je pense que les hommes se jugent, pour le pire ou pour le meilleur, quels que puissent être leurs succès ou leurs échecs par ailleurs, uniquement en fonction de la femme à qui ils font l'amour. Un homme est à son point culminant, il dépasse son état de créature mortelle, lorsqu'il fait l'amour à une femme."

Dans le rôle d'Otary, le mari violent, on retrouve Lior Ashkenazi, qui incarnait Zaza, le héros de Mariage tardif, le premier film très remarqué de Dover Kosashvili en 2001. Depuis, le comédien a tourné dans un autre film israélien à succès : Tu marcheras sur l'eau de Eytan Fox. Par ailleurs, Moni Moshonov, qui interprète Giorgy dans Cadeau du ciel, jouait le rôle du père de Zaza dans Mariage tardif.

Dover Kosashvili évoque le souvenir de tournage qui l'a le plus marqué : "(...) je me souviens particulièrement du tournage de la scène du mariage. Nous l'avons filmée dans la maison de mes parents. Mon père, qui connaissait plusieurs des acteurs présents, a invité ses propres amis à la maison comme ça, entre deux prises. Puis il a sorti un bon cognac qu'il avait rapporté de Roumanie quelque temps auparavant. C'était vraiment un très bon cognac... Je vous laisse imaginer ce qu'il a fallu que j'affronte quand ils sont tous revenus au travail. Il y a de l'ambiance, et ce n'est pas que joué !"

"Ce tournage a été particulièrement stressant", se souvient aujourd'hui Dover Kosashvili. Il précise : Nous étions tous conscients de faire un film d'une ampleur inhabituelle. Tout était plus poussé, plus complexe : le propos, l'action, le type et le nombre de personnages, l'intrigue... C'était une production beaucoup plus importante que ce qui se fait habituellement en Israël. L'image elle-même englobe de nombreux lieux, sur différents axes. Le cadre du film est beaucoup plus grand et plus large que ce à quoi nous sommes habitués."

Le cinéaste s'est donné un rôle dans son film. Dover Kosashvili interprète en effet l'un des bagagistes, Jimali, qui trompe sa femme avec une cardiologue.