Comme beaucoup je pense, j'ai regardé cet Infernal Affairs après avoir vu le remake de Scorsese du nom des Infiltrés. La version américaine m'avait beaucoup plu à l'époque, je me rappel même lui avoir attribué une très bonne note, baissé après revisionnage.
Pour raconter ma vie un peu, ou pour me la raconter - comme vous voudrez -, je n'ai pris connaissance de l'existence de ce film qu'après un long voyage à Hong Kong. C'est assez simple, la bas ce film est une religion, le trésor du cinéma national, le chef d'oeuvre Hong Kongais - bien loin devant les films de Wong Kar Wai par exemple, qui ont pourtant une plus grande reconnaissance internationale. Je parle d'In The Mood for Love à quelques hong kongais mais ils me répondent que le patrimoine de la ville, c'est ce film. Seul terrain d'entente possible, Bruce Lee, mais c'est pas vraiment ma tasse de thé.
C'est assez simple, outre les louanges sur le scénario, on loue surtout la présence des deux grandes stars du cinéma hong kongais, Leung Chiu Wai et Andy Lau. Il est vrai que les deux mectons sont de bons acteurs, Andy Lau est moins connu par chez nous, reste qu'il est sacrément bon. Bref. Je vais parler du film.
Pour faire court, Infernal Affairs a une sacré bonne idée : un flic s'inflitre chez des mafieux, au même moment, un mafieux s'infiltre chez les flics. Ce scénario simple sur le papier est pourtant une garantie à de nombreuses qualités : suspense, sens du rythme, developpement assez prononcé des personnages, multiples scénarios imaginables qui nous emballent. La mayo prend, comme on dit. D'autant que les (car ils sont plusieurs) réalisateurs ont optés pour un format condensé, 1h30, garantie sans temps mort ni décrochages.
Ce n'est pourtant pas un chef d'oeuvre malgré la bonne idée. En fait, un tour en terre Hong Kongaise - ou chez soi en observant, ca marche aussi - nous permet de comprendre que cet Archipel très productice en film, 3eme au monde devant la France, n'est pas une terre de réalisateurs, mais une terre d'acteurs. Ce qui est avant tout recherché, ce sont des stars multitaches, c'est à dire beaux, acteurs, chanteurs, danseurs, comiques. Le réalisateur n'est qu'un executant, le véritable réalisateur reste le producteur.
Cela se ressent dans Infernal Affairs. Andy Lau et Leung Chiu Wai s'en sortent bien, ils tiennent leur rang de meilleurs acteurs du pays. Mais la patte du réalisateur est totalement absente. Le film est tourné comme un drama. Les plans sur la baie d'Hong Kong sont vus et revus. La musique est lourde, clichée. Les nanas ne servent à rien hormis faire jolie. Certaines scènes sont aberrantes, les scènes d'amour notamment, qui ne servent à rien pour le récit, mais qui sont des étapes obligatoires dans tout bon film policier. Le film est monté comme une série.
On ne peut pas dire que c'est déplaisant, c'est formater pour être regardable pour le plus grand nombre, comme les séries hong kongaises, voir européennes. Mais les qualités cinématographiques sont inexistantes. Le film se sauve et trouve même sa singularité qui le rend intéressant dans son scénario. Pour cela, il vaut le coup, et je serai étonné qu'on déclare passer un mauvais moment. Mais reste qu'il n'est pas le grand chef d'oeuvre claironné.