New York 2 heures du matin est un film solide d’Abel Ferrara, même s’il n’est certainement pas son meilleur.
D’abord, coté interprétation, il est porté par un Tom Berenger charismatique et convaincant. Il en impose vraiment devant la caméra, évoluant dans l’univers du film avec aisance, et rendant bien le caractère particulier de son personnage, crépusculaire et se redressant finalement un peu du marasme grâce au tueur. A ses cotés, Billy Dee Williams s’en sort bien lui aussi, même si son rôle est secondaire. Le tueur est surprenant, n’étant pas doté, comme on aurait pu l’attendre du physique de l’emploi. Il livre une prestation muette, mais est très efficace dans ses apparitions. Pour les autres acteurs, et notamment Mélanie Griffith, c’est tout à fait appréciable, même si leur place est réduite.
Le scénario du métrage tient la route. Ce n’est pas un film policier, il n’y a en effet aucune enquête ou presque, et l’on connait nous le tueur dès le début. Curieusement c’est beaucoup plus un film psychologique, s’attachant aux tourments du personnage de Berenger, à l’esprit dérangé du tueur (même s’il n’y a aucune explication claire apportée quant à ses exactions), et à explorer l’univers interlope du film. Rythmé, Fear City démarre très rapidement, et se poursuit ensuite avec la même nervosité jusqu’à la fin. En revanche il y a un certain manque de fluidité dans le film, lequel enchaine de manière brutale parfois des scènes sans transition. Cela donne un ressenti un peu amateur, mais c’est passable compte tenu du reste.
Sur la forme, le film s’en tire très bien. La mise en scène est, comme le déroulement du film un peu brutal, saccadée, notamment lors des attaques du tueur. Néanmoins elle propose de vrais bons moments, particulièrement lors des séquences de danse, et lors du combat final. La photographie est une grande réussite. Avec les décors, non moins convaincants, elle restitue très bien l’atmosphère du quartier, et des années 80, avec les néons à tout va, les couleurs flashy, en façade, et derrière, les ruelles sombres, étroites, malfamées. Le travail sur le double visage du quartier de Time Square de l’époque, est remarquable, et tout le rendu visuel est de ce point de vue indiscutablement une réussite. On plonge sans problème dans l’ambiance. A noter que le film ne propose pas vraiment de grosses scènes d’action du genre cascades et gunfight. Les attaques du criminel sont courtes, par contre, le combat final m’a impressionné. Il est réaliste, et donne à voir une belle opposition de style entre le boxeur et le combattant martial. Le film a aussi une réputation sulfureuse avec de la nudité et du sexe. Il n’en est rien en fait. La seule chose de ce point de vue ce sont les seins dévoilés des danseuses, mais Fear City ne s’appesantit jamais franchement là-dessus. Coté musique, c’est sympathique, mais sans plus.
En clair, voilà un bon film d’ambiance, qui ravira les fans des années 80. Doté d’une interprétation solide, porté par son atmosphère remarquablement installée, il est prenant en dépit d’une histoire peut-être un peu simpliste. Même si on sent qu’Abel Ferrara est un peu au début de sa carrière, et qu’il y a quelques lacunes, ca tient la route.