Avis : Le Pont des arts - Page 2

Le Pont des Arts est un film réjouissant car il propose une participation autre. On oublie vite le système figé cher à Green des champs-contrechamps en gros plans pour se laisser embarquer dans l'univers du baroque sur l'air du Lamento della Nynfa de Monteverdi. L'espoir du cinéma français se trouve sur ces terres, sans aucun doute. Et pour répondre à ceux qui condament le film car ils le jugent trop élitiste, clamons qu'une oeuvre d'art n'est pas destinée à être "populaire" et à remplir les salles; elle doit plutôt diviser et c'est très bien comme ça.

A voir évidemment au second degré , chose qu beaucoup n'ont pas pu percevoir . "Le Pont des Arts" , c'est un réglement de comptes avec le discours universitaire que certains idéalisent, avec le milieu de la culture trop fermé . Eugène Green a eu du mal à réaliser ce film très politiquement incorrect et heureusement les mailles du filet sont lâches et on pt assister à cette très drole critique des personnes se cachant derrière le masque des références à connaître pour être heureux nous-dit on .
Les comédiens sont époustouflants : Adrien Michaux est un digne successeur de Léaud , Denis Podalydès en maitre de musique autoritaire est génial , Jérémie rénier est poignant , Natacha Régnier troublante ..
Un film , une ambiance du Paris des années 80 , une musique envoutante ... Un ensemble qui pose des questions sur la place qu'a pris la Culture avec un grand C , aussi critiquable que celle de la Star Ac finalement ..

Attention, n'allez pas voir ce film en espérant quoi que ce soit, vous serez déçus. Recevez-le comme beaucoup d'oeuvres contemporaines, comme il vient. C'est une catégorie qui manque beaucoup au film français, une sorte d'Oulipo filmique.
Le film en lui-même règle de façon plus ou moins gentille des comptes avec certaines sommités de la musique baroque (ainsi que certaines habitudes malsaines mais assurément caricaturées), mais ce n'est pas ce qui est le plus à retenir du film.
Ce sont ces plans interminables, comme autant de repos en tension. Des plans presque musicaux, si on y réfléchit bien, sublimement accompagnés (en fait, qui accompagne qui ?) par la musique de Monteverdi.
Le film ne se laisse effectivement pas approcher facilement. Il faut un petit effort pour accepter tous les partis pris, mais une fois fait, c'est un régal de poésie (jamais Paris ne m'a paru si poétique)...
Et quand arrive le sourire de Sarah (Natacha Régnier), c'est un bonheur simple et pourtant immense.

A recommander à tous ceux qui cherchent une référence en matière de dialogues minables, de personnages ridicules, de plans fixes fixes, de platitude grandiloquente, de maniérisme à chier, d'humour à deux balles un rien homophobe, bref, de non-cinéma dans toute sa splendeur.