Avis sur La guerre de Troie

Divertissement sympa avec des acteurs impliqués et convaincants.
Les éclairages, la musique, les jolis costumes et décors nous mettent dans l'ambiance antique.
Bien qu'on sache que tous est tocs et cartons, on est transporté par la naïveté et la gentillesse de ce conte pour grands au cœur d'enfants. La qualité est largement au dessus des films récents.
spoiler: Y a eu voiture à la fin

Depuis 1958, Steve Reeves est l’acteur roi du péplum italien. Le succès des « Travaux d’Hercule » de Pietro Francisi a été tel qu’il a entraîné derrière lui un courant populaire remplissant tous les cinémas de quartier d’Europe. Chef de file des culturistes venus d’Amérique (Gordon Scott, Mark Forest, Brad Harris), d’Angleterre (Reg Park) mais aussi d’Italie (Kirk Morris, Alan Steel) venus tenter leur chance à Cinécitta, Steve Reeves enchaîne avec « La guerre de Troie » son cinquième péplum. Giorgio Ferroni, réalisateur confirmé connu comme beaucoup de ses confrères de l’époque pour son éclectisme, vient de se lancer dans le genre avec « Les Bacchantes (il tournera six péplums avant de s’orienter vers le western spaghetti). La guerre de Troie avec son fameux cheval servant de leurre, fournit ici le prétexte à un film d’action rondement mené par Giorgio Ferroni qui avait déjà montré son efficience avec « Le moulin des supplices », film d’épouvante moyenâgeux devenu progressivement culte auprès des aficionados du film de genre. Le conflit légendaire de la mythologie grecque est configuré à dessein pour plaire au plus grand nombre et notamment au jeune public alors très friand du péplum. Autour de Steve Reeves qui interprète Enée, chef de guerre troyen dont le scénario étoffe les exploits, on retrouve John Drew Barrymore, Juliette Mayniel, Edy Vessel, Carlo Tamberlani et Mimmo Palmara. Autant d’acteurs qui habitent la multitude de péplums des années 1960 et qui contribuent à rendre cette bataille très tactique revue et corrigée tout-à-fait digeste, notamment pour ses scènes de combat parfaitement agencées, ses décors immersifs et la photographie de Rino Filippini mettant en valeur les courses de chars et les vues d’ensemble de la campagne yougoslave où lesdites scènes ont été tournées. « La guerre de Troie » est donc un très bon cru d’un genre injustement décrié dont il faut malgré tout bien avouer que face à la frénésie du cinéma italien qui usait jusqu’à la corde tout ce qu’il entreprenait de recycler venant d’Hollywood, qu’il ne contenait pas que des chefs d’œuvre.

Un peplum assez classique mais qui a fort mal vieilli. Les décors font pale figure par rapport à ce que l'on connait. Steve Reeves est convaincant dans les scènes d'action mais pour le reste les dialogues sonnent un peu faux.

Le cinéma italien est un art qui manque très souvent de crédibilité; ses westerns et ses péplums compteront parmi les plus amateurs du genre, parmi les moins professionnels. Car si La bataille de marathon m'avait bien plu, il y avait toujours ce côté "fait avec 3 sous" qui venait gâcher l'expérience. Ici, c'est exactement pareil en largement pire. Car si l'oeuvre précédemment évoquée avait certaines qualités, c'est qu'on peine à les trouver dans cette Guerre de Troie. Jamais vraiment convaincant, le long-métrage en question se complet dans le mauvais le plus infâme : stéréotypes à tout va, sous-intrigues inutiles et mal gérées, action ridicule et mal chorégraphiée. Ces défauts ne sont pas isolés; non, ils forment un tout compact et bien lourd, une sorte de rassemblement des pires défauts que l'on puisse trouver dans le genre. Acteurs peu charismatiques ( faut voir la gueule d'Achille et Ulysse ) et personnages sous-développés, écriture à la ramasse et mise en scène ratée ne feront qu'aggraver une situation déjà bien effilochée. Une réalisation qui peine d'ailleurs à offrir un semblant de souffle à l'oeuvre, se contentant de filmer mollement l'action, quand elle ne décide pas de complètement foirer ses cadrages et son montage. Esthétiquement, c'est peu réussi; en témoignent aussi les costumes flashes et improbables, les tenues presque psychédéliques et peu convaincantes. Faut voir certains casques troyens ou grecs, qui feraient passer Gladiator pour de la grande histoire. Tête de biche ou crêtes d’iroquois, c'est qu'on s'amusait à faire les pitres dans la Grèce Antique. A cela s'ajoute la chorégraphie des combats déjà évoquée. Minable à souhait, elle nous révèle des soldats sans la maîtrise de leurs armes, pour ne pas dire qu'ils ne maîtrisent pas grand chose. Faut les voir s'effondrer en se pressant le ventre de douleur quand ils ont été touchés à la jambe; c'est plutôt grandiose et bien comique. Des figurants qui ne font que très peu leur travail, ne cherchant jamais à être crédible et tombant bien souvent dans un ridicule fini. La Guerre de Troie manque bien de souffle et de crédibilité; c'est une fresque qui ne prend pas aux tripes, un drame qui n'émeut pas. Devant ces acteurs vides et cette mise en scène bateau, l'on peine à ressentir quelque chose. Au final, nul doute que les amateurs de nanar y trouveront leur compte, encore que le film, s'assumant peu et se prenant beaucoup trop au sérieux, vire bien souvent dans le navet le plus abject.

Bon péplum quoiqu'assez classique dans l'intrigue et dans la manière de le réaliser. Les scènes de batailles, relativement nombreuses, sont époustouflantes et bien montées. De plus, faire passer Hélène et Pâris comme des êtres comploteurs, vils et pas toujours en bons termes change de l'image d'amoureux irréprochables que le cinéma et l'art en général nous présente habituellement.

Ce n'est pas aussi épique que le Hélène de Troie de Robert Wise, mais c'est largement supérieure au téléfilm médiocre de 2003. Visiblement, le film semble disposer de moyens plus importants que la majorité des péplums italiens de son époque. L'histoire commence bien après la fuite d'Hélène et se situe vers la fin de la guerre. Le héros du film pour une fois n'est pas Paris ni Achille, mais Enée. C'est une bonne idée en soi de concentrer le récit sur Enée et de dépeindre Paris comme un antagoniste et Hélène comme une femme vaine se fichant du sort des autres. Ça nous change des amants irréprochables ainsi qu'ils sont souvent représentés dans les autres films et permet au film d'échapper au manichéisme. Steve Reeves incarne Enée qui est un personnage intéressant, un homme épris de paix qui est beaucoup plus réfléchi que les autres Troyens. À noter qu'il reprendra ce rôle dans une suite intitulée Les Conquérants Héroïques.
Il y a bien le personnage d'Achille interprété par Arturo Dominici (le même acteur ayant interprété Javutich, l'amant de la terrible sorcière Asa dans le Masque du Démon), mais même Stanley Baker, dans un rôle pourtant plus effacé, dégageait plus de charisme dans Hélène de Troie. De même John Drew Barrymore (en tant qu'Ulysse) est une personnalité dominante durant la première partie du film, mais sitôt le cheval de Troie construit (hors champ), il disparait de l'intrigue. Agamemnon et Priam subissent le même sort. Certaines scènes sont gâchés en ce qui est du ton dramatique comme la mort d'Achille. Le scénario souffre également de longueurs et les personnages eux-mêmes ne sont pas suffisamment attachants. Même si le film s'essouffle dans sa dernière partie, les scènes décrivant la destruction de Troie par les Grecs et la fuite ultérieure des Troyens survivants valent la peine d'attendre bien qu'elles sont évidemment d'une moindre ampleur que dans le Troie de Petersen. Bien que j'ai préféré Hélène de Troie pour sa meilleure photographie, ses couleurs plus belles, son émotion plus intense et son meilleur jeu d'acteur, j'ai trouvé ce péplum pas décevant et plutôt de bonne facture

classique malgré l'ajouts d'intrigues peripheriques.