Le temps a dissipé les fumerolles de souffre entourant ce film et du même coup fait ressortir ses longueurs signes d'un vieillissement mal supporté malgré son sujet intemporel. Le film aurait sans doute beaucoup gagné à être plus ramassé. On est loin du compte en conséquence de quoi la paupière est souvent lourde simplement soutenue par quelques appétits libidineux.
Lunes de fiel est un Polanski oublié et assez peu connu. Pourtant il mérite le coup d'oeil à certains égards. C'est, certes, loin d'être son meilleur, mais cela reste un Polanski intéressant. Il y a quelque chose qui m'a plu là dedans, c'est l'espèce de folle passion qui transcende le film, cette passion amoureuse, dévastatrice, incontrôlée, qui arrive à des moments d’incontrôlé total, de perte de lucidité, des moments où chaque sentiment ressenti semble décupler, bref, une passion amoureuse complètement incontrôlée, incontrôlable et surtout dévastatrice. Et Polanski parvient assez bien à filmer ça. Son choix de narration casse parfois un peu le rythme qu'il voudrait insuffler à son film mais reconnaissons lui que lorsqu'il s'agit de filmer ces envolées folles, il s'en sort plutôt bien, dressant des personnages de Peter Coyote et d'Emmanuelle Saigner deux personnages à la fois victime, puis tortionnaire, puis victime. C'est assez intéressant et bien foutu. Le personnage de Grant est comme un avatar du spectateur, d'abord intrigué, puis dégouté, puis séduit, puis perdu et ainsi de suite. Coyote lui raconte son histoire comme Polanski nous raconte la sienne et on en sort finalement assez intrigué.
J'ignore s'il y a un rapport de cause à effet mais les trois films ou Polanski a dirigé son épouse Emmanuelle Seigner font partie de ses plus mauvais films : "Frantic", "La neuvième porte" et se "Lunes de fiel". Faussement provocateur, le film est remarquablement fade malgré son sujet. Polanski, qu'on a connu plus subtil et inspiré, multiplie les clichés et peine à nous convaincre de la réalité de cette relation qui commence comme du Barbara Cartland pour finir dans le sadomasochisme le plus radical. Il aurait fallu se concentrer sur l'« amour », si on peut le qualifier ainsi, passionnel et autodestructeur de se couple au lieu d'empiler les scènes érotiques qui ressemblent plus à des fantasmes de vieux pervers qu'à la dérangeante autopsie des mécanismes du désir qu'on pouvait attendre. Reste l'amusement de revoir un minitel en fonctionnement, qui plus est pour contacter le mythique 3615 Ulla !
Un film de Roman Polanski (1992) en pleine forme ! De l'érotisme si savamment osé qu'il en devient obsessionnel. L'interprétation est magistrale, et si Hugo Grant est parfait, que dire d'Emmanuelle Seigner et Kristin Scott Thomas qui nous font de l'avant dernière scène un monument de torridité spoiler: (quel dommage que la fin finisse en massacre !)
Comme tout bon gros navet qui se respecte, celui-ci oscille entre le niais, le sinistre et le débile. Et cerises sur le gâteau, en plus du gros popotin de Mimi et des clichés sur Paris et Hemingway/Miller, la-baguette-de-pain-dans-l'ascenseur et 3615-ULLA-Honni-soit-qui-mal-y-pense.
A l'image du minitel que l'on voit souvent utiliser le personnage principal, ce film est un anachronisme. Et même pire encore, il devait déjà être un anachronisme à sa sortie. En fait au lieu de faire ressortir le côté amour passionnel et destructeur du sujet, d'ailleurs les très rares et très courts bon moments du film sont ceux qui font ressortir cet aspect, Polanski se contente d'aligner des fantasmes (excusez du terme que je vais employer mais c'est celui qui correspond le mieux à ce que je veux dire !!!) de "vieux papy". Et plus de deux heures de "fantasmes de vieux papy" c'est très long et très ennuyeux. De plus si Peter Coyote s'en sort avec tous les honneurs, le jeu d'Emmanuelle Seigner est tout bonnement catastrophique et arrive à être aussi sensuelle qu'une vieille bourrique attachée à un bâton au milieu de désert. Quand à Vangelis, ce serait gentil de dire que lui et sa musique sont en très petite forme. Le mieux c'est d'oublier ce (gros !!!) accident de parcours et de se concentrer sur les films formidables de son réalisateur.
Lunes de fiel aborde les rapports complexes qu'entretiennent les êtres humains, et particulièrement ceux concernant la passion , le désir, sinon l'amour. On retrouve bien l'univers polanskien , mais force est de reconnaître que ce n'est pas son meilleur film, et ce malgré de sérieuses fulgurances et une histoire de bonne facture .
Lunes de Fiel s'agit probablement du morceau de cinéma le plus fascinant de son réalisateur, pendant sophistiqué des romans Harlequin, de Barbara Cartland et consorts. C'est le compromis idéal entre cette littérature populaire citée précédemment et les écrits subversifs de Georges Bataille ou de Henry Miller. Justement tiré d'un roman controversé dont l'auteur partage de nombreux points communs avec celui de L'Histoire de l'Oeil et celui de Sexus - à savoir l'exploration des déviances sexuelles les plus inavouables comme moyen d'accéder au plaisir pur - Lunes de Fiel selon Polanski est un film d'une puissance érotique absolument terrible, parcours initiatique transcendé par une Emmanuelle Seigner au sommet de sa beauté. Après une introduction scabreuse empruntant le même chemin périlleux qu'un épisode des Feux de l'Amour les expériences sexuelles relatées par le personnage de Peter Coyote nous sont dévoilées sous la forme d'un important flashback, visions délicieuses rappelant Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci... Certes Lunes de Fiel est imparfait, cherche parfois le bon registre, la bonne distance, n'évite pas une certaine platitude lors du dernier quart d'heure mais reste un véritable éveil pour les sens et l'esprit. Troublant, tout simplement.
Vous vous souvenez probablement de la cultissime série "La croisière s'amuse", avec la cap'taine qui n'en branlait pas une, passant son temps à boire des coupes de champagnes, le docteur vicelard qui tripotait les jeunes filles ayant le mal de mer, en particulier si elles avaient moins de 12 ans, ou encore Gopher qui avait visiblement autant de connaissances maritimes que François Hollande ne possède de charisme politique. Eh bien Polanski nous offre ici l'anti "Love boat", un voyage qui nous mène jusque dans les pires vices humains. C'est tout simplement délectable. Le suspense est remarquablement ménagé jusqu'à un final bluffant. Beaucoup de scénaristes auraient des leçons à prendre avec "Lunes de fiel". Emmanuelle Seigner y incarne la tentation avec un grand "T". Tu m'étonnes que Polanski l'avait épousé en 1989, soit trois ans avant le film. Pas fou le gars. Autre point fort, et peut-être le plus appréciable, les dialogues. Ils sont véritablement ciselés. Ils m'ont rappelé les images de la guerre du Golfe à la télé, quand on voyait les Amerloques balancer leurs missiles SCUD sur l'Irak. Les répliques font mouche à chaque fois. On pourra bien sûr regretter l'esthétique du film, un peu "cheap". On a du mal à croire qu'il a été réalisé dans les années 1990 tellement les images sont laides. Mais bon. C'est du très grand cinéma.
J'ai beaucoup aimé le bouquin, et je trouve que Polanski se débrouille bien en l'adaptant à l'écran. Un bémol toutefois: je trouve que Emmanuelle Seigner n'est pas convaincante dans le rôle de Mimi.