Derniers Avis sur Femmes, femmes

Film culte des années 70, Femmes femmes est aussi souvent considéré comme l’un des meilleurs longs-métrages de Paul Vecchiali, cinéaste français discret mais oh combien respecté. Très théâtrale, nous offrant quelques passages chantés à la Jacques Demy, cette œuvre nous embarque dans l’appartement parisien de deux comédiennes qui ont transformé leur quotidien en une sorte de délire de chaque instant, refusant de faire la part des choses entre rêve et réalité. Convoquant des codes d’un cinéma d’auteur, mais aussi ceux de la comédie et donc de la comédie musicale, multipliant les ruptures de ton dans le montage, Femmes femmes rend hommage aux actrices des années 30 tout en évoquant une atmosphère typiquement post-soixante-huitarde, notamment à travers les sujets de discussion des deux héroïnes. La marque d’un cinéaste à l’univers original et foisonnant.

Le portrait très théâtral et presque à huis-clos de deux actrices ratées et vieillissantes, quelque part entre Les Bonnes de Genet et Baby Jane d’Aldrich, plus léger et fantaisiste en apparence (la nouvelle vague et Demy ne sont pas loin), mais avec un fond de noirceur désespérée où rôdent l’alcoolisme, la prostitution et la mort. Le style très particulier de Vecchiali (théâtralité assumée , plans séquences fluides, passages chantés) est déjà en place, mais le résultat est un peu foutraque et inégal, assez ennuyeux dans la dernière demi-heure. Les meilleurs passages sont les plus banals, deux femmes qui épluchent des légumes en parlant de sexe, un livreur qui annonce son départ de Paris, etc. L’occasion de découvrir l’extraordinaire Hélène Surgère dans le rôle principal.

Très beau film, les actrices sont géniales et la mise en scène est merveilleuse.

Paul Vecchiali met en scène des personnages si existentiellement théâtraux qu’ils abolissent les frontières de la réalité et de la fiction, jusqu’au bout. La seule faiblesse est peut-être dans l’avant dernière scène qui tombe dans les clichés masculins sur l’alcool et la prostitution. Autrement on comprend que le film soit devenu un culte (cinéphilique) comme on dit. Un superbe objet dramatique.