Bien que situé à la cour de Versailles, cette critique acerbe du pouvoir et des turpitudes qu'il engendre n'en est pas moins actuelle. Dans une mise en scène superbe, cette fable moraliste et tragique bénéficie également d'une distribution éclatante autour du personnage de la marquise de Prie finement interprété par Charlotte Rampling.
Tour à tour pathétique ou enjouée, dominatrice ou implorante, rouée mais manipulable, garce ou pittoyable, dominatrice ou implorante, amoureuse et avide de pouvoir, perverse mais parfois naîve, elle est toujours lucide quels que soient les événements. Une Charlotte Rampling impériale.
Saint-Aulin brillamment interprété par Stéphane Freiss est un libertin abject, vraisemblablement bisexuel, flatteur, servile, faux-cul et magouilleur de surcroît. Un étron dans un gant de soie.
D'Alincourt (Manfred Andrae) est, avec l'abbé de Courbépine, le seul protagoniste digne d'intérêt : il est franc, réaliste et de bon conseil.
Joseph est un petit gigolo provincial, ambitieux et vénal. Il sera, à Versailles où il rêve de faire carrière, un castor(1) digne de ceux dont parle la Marquise à ses deux servantes campagnardes.
J'aime cette œuvre cinématographique télévisuelle (découverte lors de sa diffusion sur FR 3, le 21 décembre 1996, en tant que téléfilm) pour son cynisme, son désespoir, son réalisme et sa violence tragique. J'aime le personnage de Rampling qui malgré ses turpitudes sait dresser un constat de sa vie, prendre une décision et l'exécuter.Après plusieurs visions, le plaisir reste entier, plaisir de l'image, de la BO et de l'esprit.