Considéré comme l’un des plus grands cinéastes italiens du XXème siècle, Giuseppe de Santis a pourtant plus officié en tant que scénariste que comme metteur en scène durant sa carrière. Né le 11 février 1917 à Fondi, c’est d’ailleurs en philosophie et littérature qu’il fait ses études, avant d’intégrer le Centro Sperimentale di Cinematografia, fondation italienne pour l'enseignement, la recherche et l'expérimentation dans le domaine du cinéma basée à Rome, et où il côtoie des élèves tels que Michelangelo Antonioni, Dino De Laurentiis ou Pietro Germi. A sa sortie, il mêle 7ème Art et écriture en devenant journaliste pour la revue "Cinema", où ses fréquents plaidoyers envers les premiers cinéastes néoréalistes donnent un aperçu de son futur en tant que réalisateur. Mais avant d’y parvenir, Giuseppe de Santis fait ses premières armes la plume à la main : pour Camillo Mastrocinque (Don Pasquale en 1940), et surtout Luchino Visconti, avec qui il adapte "Le Facteur sonne toujours deux fois" de James M. Cain, pour faire vivre la passion des Amants diaboliques (1942) sur grand écran.

Non content d’en être l’un des scénaristes, il officie également comme assistant metteur en scène sur le film, avant de faire le grand saut grâce à Jours de gloire (1945). Un documentaire grâce auquel il se penche sur la condition de la classe ouvrière de l’époque, thème qui sera de nouveau au cœur de ses réalisations suivantes, et notamment Riz amer (1949). Coécrit par ses soins, ce drame poignant sur une femme partagée entre deux hommes issus de milieu sociaux opposés fait de son actrice principale, Silvana Mangano, une star, tandis que De Santis confirme son importance dans le mouvement néoréaliste et décroche une nomination à l’Oscar du Meilleur Scénario. La défaite de la gauche aux élections de 1948, et le changement politique qui en découle vont pourtant sonner le glas du néoréalisme italien, qui connaîtra toutefois quelques soubresauts avant de s’éteindre pour de bon. Considéré comme l’un de ses meilleurs opus, et tiré d’un tragique fait divers, Onze heures sonnaient (1952) marque donc les adieux de De Santis au style de ses débuts. Mais il ne quitte pas les plateaux pour autant et tourne La Fille sans homme dès l’année suivante.

Davantage tourné vers les relations entre les différents protagonistes de son histoire, comme l’est le cinéma italien de l’époque, Giuseppe de Santis perd ainsi de sa force et le succès commence à le fuir. Et s’il dirige la star de l’époque, Marcello Mastroianni, dans Jours d'amour (1954), il laisse ensuite passer de plus en plus de temps entre ses réalisations et scénarios. Même ses retrouvailles avec Silvana Mangano, qu’il dirige face à Yves Montand dans Hommes et loups (1957) ne lui permettent pas de retrouver les sommets, tandis que Flagrant délit (1960) sera inédit dans la plupart des salles du monde. Quatre ans plus tard, Giuseppe de Santis se replonge dans l’époque de ses débuts, grâce au drame historique Marcher ou mourir (1964), où il revient sur la tentative méconnue d’invasion de l’Union soviétique par l’armée italienne pendant la Seconde Guerre Mondiale, et signe son dernier long métrage en 1971 : l’inédit Un apprezzato professionista di sicuro avvenire, dont il signe également le scénario. Eloigné des plateaux pendant plus de vingt ans, il y revient à l’occasion du court métrage documentaire Oggi è un altro giorno, tourné deux ans avant sa mort, survenue le 16 mai 1997 à Rome, des suites d’une crise cardiaque. Moins prolifique que ses partenaires du néoréalisme, il n’en reste pas moins, aujourd’hui encore, l’une des figures les plus fortes du mouvement, mais dont la carrière a eu du mal à survivre à sa fin.

Auteur : Maximilien Pierrette