Jake Epping est un habitué du diner de Al. Lors d'une conversation avec son ex-femme, Jake y voit Al disparaître dans la cuisine et revenir deux minutes plus tard très malade, comme s'il avait vieilli d'un coup. En aidant le vieux cuisto, Jake va apprendre que ce dernier est capable de remonter le temps en 1960 et a tenté plusieurs fois d'empêcher l'assassinat du président Kennedy. Et qu'il souhaite que Jake prenne la relève. Car c'est certain, le monde serait bien différent si Kennedy avait vécu plus longtemps...
Le livre était fait pour être adapté, et clairement le format en mini série lui sied bien. Maintenant, si le livre traîne parfois en longueur, la série, elle, va souvent un peu trop vite, en envoyant Jake une fois et une seule dans le passé, alors que celui-ci fait plusieurs tentatives après quelques échecs cuisants. Le but de Jake est clairement de sauver Kennedy, à peine d'empêcher Harry de perdre sa famille. Ne parlons pas des autres enjeux comme de sauver la fille d'un handicap certain en se faisant abattre dans la forêt, ça a été gommé. C'est pourtant l'évènement qui permet à Jake de se prouver qu'on peut changer le passé, et à quoi le futur pourrait ressembler si un évènement pouvait être évité. Du coup, tout va extrêmement vite, alors qu'Epping alias Amberson doute de nombreuses fois dans le livre, et déprime d'ailleurs beaucoup. Ici, tout va bien pour le coco qui se fait relativement bien à la vie en 1960. Pas de problème, tout roule !
Les choses commencent sérieusement à dévier quand Jake se rapproche de Franck Dunning, le père meurtrier de Harry que Jake s'est juré d'éliminer. Les deux sympathisent et on nous gratifie d'une scène terrible dans un abattoir, certainement pour démontrer les penchants barbares de Franck qu'on suppute pourtant déjà bien. Evidemment, exit les différentes tentatives pour parvenir à ses fins et surtout voir ce que ça donne dans le futur, puisque Jake ne fait pas d'allers-retours. Par contre, le changement le plus important intervient dans l'épisode 3, quand Bill, le frère de la défunte femme de Dunning jamais retrouvée, menace Jake de tout révéler, apprend qu'il vient du futur ainsi que son projet de sauver Kennedy, et DEVIENT SON ALLIE. Alors là, c'est le pompon, Jake étant normalement seul durant toute son entreprise. Et naturellement, cet ajout de personnage dans l'intrigue va fortement impacter la suite, avec un Bill qui tombe amoureux de la femme d'Oswald, qui fait ami-ami avec ce dernier, Jake et Bill qui se font arrêter pour sollicitation de prostituées alors qu'ils suivaient Oswald, et surtout Jake qui doit bien se débarrasser de Bill à un moment (puisque normalement il n'est pas dans l'histoire) en le faisant enfermer dans un asile avant de finalement le voir se suicider (comme ça c'est plus pratique, on se sépare de ce qui n'aurait d'ailleurs jamais dû être là)...
La relation entre Sadie et Jake suit une trame correcte avec néanmoins quelques dérives cependant moins gênantes pour la suite du récit. Dommage qu'il n'ait même pas proposé d'aller dans le futur pour réparer sa vilaine cicatrice. Non, il préfère parier gros pour payer l'opération en 1963 parce que, voyez-vous, la série ne lui a pas encore vraiment fait passer le gros pari qui doit pourtant l'envoyer à l'hôpital et que l'amnésie de Jake juste avant le D day est quand même un must dans le livre donc hop, la série se rattrape parce qu'il le faut bien.
Les personnages sont assez bien campés, le décor est intéressant, l'histoire aussi prenante que dans le livre (et puis cette plaie dans l'histoire des Etats-Unis aime faire couler de l'encre sensationnelle et mystérieuse). Mais à trop vouloir prendre des raccourcis, on perd quand même une bonne partie de science-fiction, le manque le plus flagrant étant la mise de côté même pas assumée du Yellow Card Man, avec qui la discussion à la fin, censée épaissir le mystère tout en l'éclaircissant un peu, est absolument ridicule. On ne voit même pas de carte orange ou rouge, pourtant signes que le passé se manifeste grandement. Quant au passé, il a été relativement gentil avec Epping, comparé à la tonne de barrières que celui-ci tente de mettre en-travers de son chemin. La fin est de son côté tout aussi décevante.
Bref, ces 8 épisodes sont agréables à regarder, l'atmosphère est plus ou moins bien rendue, on apprécie la construction en flashback avec Al qui est assez dynamique, c'est plus rapide que de lire le bouquin de King, mais on y perd pas mal au change. Les deux se conjuguent assez bien, même si j'ai une nette préférence pour le livre, bien plus complet et intéressant.
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