The Little Drummer Girl : secrets de tournage

The Little Drummer Girl est l’adaptation du roman d’espionnage éponyme de l’écrivain britannique John le Carré, publié en 1983. L’année suivante, il a notamment été porté sur grand écran par George Roy Hill sous le titre La Petite Fille au Tambour, avec Diane Keaton, Yorgo Voyagis et Klaus Kinski.

The Little Drummer Girl est la première série télévisée de Park Chan-Wook, après une longue carrière en tant que réalisateur de long-métrages. Ainsi, il a eu le privilège de mettre en scène l'une des oeuvres de son auteur d’espionnage préféré, dont il reconnaît volontiers l’influence sur son univers cinématographique. "Ca a été un défi pour moi, en termes de force physique et mentale. Ca m’a permis de tester mes limites (…) d’autant plus qu’il s’agissait d’un thriller psychologique très complexe, en six parties.", révèle-t-il. S’il n’a pas changé d’approche technique pour ce projet de télévision, il souligne cependant une différence majeure avec le cinéma : "Il est important d’avoir un cliffhanger pour faire revenir les spectateurs chaque semaine. Ce qui est très différent d’un film."

Alexander Skarsgård a été initié au genre de l’espionnage grâce à son père, également comédien, Stellan Skarsgård. "'L’Espion qui venait du froid' est le premier livre d’espionnage que j’ai lu. C’était le roman d’espionnage préféré de mon père. Il me l’a transmis quand j’étais adolescent.", révèle-t-il. Stellan Skarsgård a d’ailleurs joué dans une autre adaptation d’un roman de John le Carré en 2016, intitulée Un traître idéal.

Les comédiens Michael Shannon et Alexander Skarsgård se donnent à nouveau la réplique après avoir déjà joué ensemble dans 13 de Géla Babluani en 2010. "J’avais vraiment hâte de collaborer et de créer la relation fascinante qui lie nos personnages avec lui.", confie Michael Shannon.

Dans le roman original, John le Carré offre scrupuleusement au lecteur les deux points de vue du conflit israélo-palestinien. Une impartialité que les scénaristes Michael Lesslie et Claire Wilson ont pris soin de préserver. Par ailleurs, le réalisateur Park Chan-Wook a apporté sa sensibilité toute personnelle à cet aspect : "Si je peux apporter un certain degré de compréhension supplémentaire à cette histoire, cela tient peut-être du fait que j’ai vécu toute ma vie dans la péninsule coréenne, alors que celle-ci était en perpétuel conflit."

L’une des raisons qui a poussé Park Chan-Wook à accepter le projet était l’opportunité de raconter une histoire d’espionnage dans laquelle une femme est au centre de l'intrigue, brisant ainsi les conventions du genre centrées autour de personnages masculins. Et pour l’interpréter, il a tout de suite insisté pour engager la comédienne Florence Pugh, encore peu connue du public. La principale intéressée a d’ailleurs été étonnée d’être approchée pour le rôle : "J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur. (…) Mais ce qui m’a donné confiance, c’est que Park Chan-Wook croyait en mon incarnation de Charlie."

Park Chan-Wook a été particulièrement attiré par le personnage de l’espion israélien Martin Kurtz, à tel point qu’il lui a intentionnellement écrit la phrase de dialogue suivante : "Je suis le producteur, le scénariste et le réalisateur de notre petit show." En effet, en tant que superviseur d’une opération complexe, ce protagoniste permet de faire une allégorie sur le métier de cinéaste. "C’est normal que Park Chan-Wook s’identifie à lui. Ils explorent tous les deux les frontières entre la réalité et la création. C’est le point commun entre le secteur de l’espionnage et celui de l’industrie du divertissement.", confirme Michael Shannon, interprète de Martin Kurtz.

Plus que le sexe et la violence qui caractérisent l’oeuvre de Park Chan-Wook, The Little Drummer Girl témoigne de la maîtrise du réalisateur en matière de composition visuelle. "Je voulais m’éloigner des couleurs sombres habituelles du genre de l’espionnage.", confie-t-il. Le cinéaste cherchait également à différencier l’aspect visuel de la série avec son travail précédent. En effet, dans ses films, les couleurs primaires sont utilisées avec parcimonie tandis qu’elles se retrouvent à l’avant-plan dans The Little Drummer Girl.

L’acteur Alexander Skarsgård a révélé qu’une des scènes les plus importantes de la série, se déroulant à l’Acropole d’Athènes, a failli ne jamais être tournée. En effet, il a fallu des mois de négociations pour annuler l’interdiction de tournage dans les ruines imposée par le Conseil archéologique central de Grèce. Cependant, l’affaire est remontée jusqu’au premier ministre grec Alexis Tsipras, qui a finalement donné son feu vert à la production, à la condition que des représentants du gouvernement soient présents sur le tournage, afin de veiller à ce que le monument soit dépeint de manière respectueuse. "Ils n’avaient pas donné d’autorisation de tournage depuis au moins 70 ans, alors avoir la possibilité de filmer là-bas, une nuit entière, c’était absolument extraordinaire et c’est quelque chose que je n’oublierai jamais.", témoigne Alexander Skarsgård.