Il y a plusieurs façons de regarder Tiny Pretty Things. Jeter un œil distancié 5 minutes, se dire qu’elles sont non essentielles, et conclure au navet absolu. Se focaliser uniquement sur les numéros de danse parce que soi-même on a fait de la danse classique en 1870,et critiquer furieusement le show, ou bien ... se doter des éléments d’appréciation indispensables pour comprendre cet incroyable et déroutant mix de genres. Tout d’abord l’hommage. Dario Argento. Suspiria. Les citations sont nombreuses, les décors, la façade de l’Archer,ce fameux gothique art-déco, la caméra qui virevolte sans cesse dans d’interminables couloirs, les éclairages contrastés, l’ambiance putride, les héroïnes désincarnées. Le Giallo, avec ses secrets, ses crimes, ses pistes cousues de fil blanc et toujours le flic têtu qui va découvrir une vérité que le spectateur connait depuis le début de l’intrigue. Le Yaoi, manga gay destinées aux jeunes lectrices avec ses codes stricts, de la romance, de la haine, du sexe cru ( sans montrer les organes génitaux ) et la troublante perception de la mort qui rôde; rien n’est immuable si ce n’est la fin ( à juste titre ). Voilà ce qui structure Tiny Pretty Things. Le pari étant de confier l’ensemble du casting à des danseurs professionnels qui ont des capacités de jeu ( avec certaines limites ) et non des acteurs qui auraient des capacités de danseur(se)s. On se rappellera la fausse performance de Nathalie Portman dans Black Swan, doublée à 95% dans ses scènes de danse. Cela aurait été impossible de confier les rôles à des acteurs doublés pour représenter les nombreux numéros de danse d’un niveau plus qu’honorable, et définir ce qui fait la force d'un corps de ballet. Pari réussi. Les chorégraphies sont bonnes sans être exceptionnelles,mais restent dans le contexte de l’apprentissage de la danse, et d’un niveau qu’aucune production française ne pourrait prétendre tant cela demande de séances de travail. Enfin il y a l’usage des règles de la Sitcom: une direction d’acteurs qui privilégie la narration rapide et non le jeu fouillé tout en restant suffisamment complexe, l’utilisation d’un lieu unique pour servir de décors multiples, la naïveté des rapports humains tout en maintenant un degré d’hystérie élevé. Tout est à fleur de peau et rien n’a vraiment d’importance. C’est là la réussite de la série. Et c’est ce qui la rend éminemment addictive. Le succès est au rendez-vous. Netflix a donné son feu vert pour la saison 2