Cela va être difficile pour moi d'écrire une critique sur ce film car il fait partie de ces œuvres qui dérangent profondément.
C'est l'histoire de Sandrine et Alice qui voient leur mère débarquer à Paris. Elles s'enthousiasment pas franchement à cette idée car cette femme ne les a jamais aimées. Pas le moindre signe de tendresse, pas la moindre inquiétude, pas d'affection, rien si ce n'est le confort matériel. Et cela continue. Leur mère est rustre et constamment insatisfaite.
Mais les sœurs vont profiter de ce séjour de leur mère pour lui demander des comptes. Ni une ni deux, elles l'emmènent à la campagne où elles finiront par l'enchaîner afin qu'elle parle. Mais rien ne sort si ce n'est les insultes ou le mépris. Il faudra du temps, beaucoup de temps qui se ressent dans le film, pour que la mère finisse enfin par avouer : "Je ne sais pas aimer", "je ne sais pas comment faire".
Analyser ce film peut être tout à fait intéressant dans la génération dans laquelle nous vivons. Tout d'abord car nous sommes les héritiers d'une autre génération où l'affection était rare, voire mal perçue, mais encore, car nous vivons dans une société très individualiste où le confort s'améliore de jour en jour et l'amour se noie à coups de jouets et de cadeaux. Il pose vraiment la question sur ce que c'est d'aimer, sur ce que c'est d'être une mère, une mère attentionnée; c'est bien l'apanage de la fibre maternelle. c'est bien de cette fibre maternelle dont les sœurs ont manqué, leur mère avouant ne l'avoir jamais ressenti.
Malgré l'aspect quelque peu caricatural du film (on dirait Tatie Danielle version dramatique), il pose réellement question. Et à partir de là, on peut faire une petite synthèse de ce que représente l'amour dans nos vies. Et on se dit que finalement, nous sommes tous des malades de l'amour. Soit que nous en ayons été victimes, soit que nous ne sachions l'exprimer. Les deux étant mêlés bien évidemment. D'où l'aspect dérangeant du film.
Personnellement, il m'est arrivé de rire lors de passage dramatiques car il sont bien trop caricaturaux. Mais qui sait, peut-être existe-t-il dans la société dans laquelle nous vivons de telles mères, qui giflent, insultent, méprisent. Cela fait d'ailleurs souvent les choux gras de l'actualité et notre côté voyeur noud fait apprécier ce genre d'émissions.
Mais là où le film devient intéressant, c'est dans le retournement de situation. On voit bien que la mère fait des efforts pour tenter d'être gentille avec ses filles, pour passer un moment avec chacune d'elles. Et là, elle se heurte à la dureté de ses filles qui ont, elles aussi, leurs limites. Josiane Balasko (qui joue le rôle de la mère) interprète à merveille ces derniers instants du film où elle tâtonne, essaie, bafouille, semble vouloir crier son amour mais au fond est complètement handicapée avec ses sentiments.
Si le film nous invite à réfléchir, ce n'est pas pour autant qu'il s'agit d'une perle rare. c'est le genre de film que l'on a de la peine à noter, à commenter, à analyser et la conséquence est que finalement, nous ne savons pas si nous l'avons apprécié ou non. Car apprécier ce film pourrait être cautionner le désamour d 'une mère pour ses filles, sans qu'aucune lumière n'en rejaillisse. C'est ce manque de lumière qui m'a le plus gêné. Certes, il existe pléthore de film bien plus dramatiques, mais là on touche au cœur du cœur, à la mère. C'est sans doute pour cela que le film peut autant déranger.
S'il m'a invité à réfléchir, je n'ai pas franchement apprécié ce film. Je peux louer son originalité, mais je ne cautionne pas son aspect caricatural et encore moins l'absence de lumière, même si la mère se débat pour tenter de dire qu'elle aime, enfin, qu'elle fait ce qu'elle peut à la fin du film.
Aller jusqu'à enchaîner sa propre mère pour lui faire avouer son amour, pour qu'elle s'explique a un côté légèrement pathétique. Je n'ai pas apprécié ces moments, ce serait un comble! Certes, j'ai réfléchi, j'ai analysé mais non, finalement non. Ce film ne mérite pas franchement une critique laudative. Quand le pathos est trop mis en avant, il en devient presque ridicule et c'est bien dommage.