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    Hannah Arendt
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    ninilechat
    ninilechat

    67 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 avril 2013
    J'ai vu ce film passionnant le jour de sa sortie, irradiant une semaine riche en nanars {Je pense aux malheureux jeunots qui n'ont jamais lu Vian et vont découvrir Chloé sous les traits défraîchis de la miss Toutou!}. Un film sur une femme supérieurement intelligente, tourné par une cinéaste remarquable (Margarethe von Trotta) et interprété par une excellente actrice (Barbara Sukova), que demander de mieux?

    Soyons clairs: ne cherchons pas le cinéma là dedans. Ça pourrait être tout aussi bien un bon téléfilm; il n'y a aucune recherche de style. Pas la moindre joliesse: il ne s'agit que de nous faire réfléchir. Mais il y a quand même une idée formidable, celle d'avoir utilisé les bandes tournées au procès Eichmann, qui donnent une actualité saisissante au film en nous donnant à voir, aussi bien le minable criminel que le témoignage de certaines de ses victimes, tout en s'intégrant très souplement à l'action.

    Soyons clairs encore: on est bien loin d'explorer toute la richesse de pensée d'une philosophe puissante, qui a abordé tant de thèmes à la limite de la philosophie, de l'histoire et de la sociologie. Le film montre comment, à la suite de son analyse du procès, cette juive consciente de sa judéité va se brouiller avec ses amis, en Israël, tout comme avec ses amis juifs des États Unis. Donc, c'est un focus sur un moment très particulier de la vie d'Hannah.

    Bien sûr, la personne de Martin Heidegger est évoquée (Klaus Pohl, plutôt ressemblant); on y voit même, très briévement, la dernière rencontre qu'ils eurent en 1950 (on sait qu'elle témoigna en sa faveur au cours du procès en dénazification). Cet Heidegger qui fût, sans doute, le premier homme et le plus violent amour de la vie d'Hannah -même si le film insiste à l'excès sur la tendresse qui l'unissait à son second époux, Heinrich Blücher (Axel Millberg).

    Donc, Hannah, brillant professeur à Princeton, amie de la romancière Mary McCarthy (Janet McTeer), va demander au New Yorker d'être envoyée à Jérusalem pour suivre et chroniquer le procès Eichmann. Ces articles, et le livre qu'elle va ensuite en tirer, vont créer le scandale, mais même si la jeune femme est blessée par le rejet de ses amis juifs -ses meilleurs amis qui lui tournant le dos-, elle ne changera pas une virgule à ses déclarations. On nous la montre sûre d'elle, assez arrogante -mais surtout, libre. Finalement, le film se résume à ça: une apologie de la liberté de penser. Ce qu'elle pense est doublement scandaleux pour son peuple mais elle le dit.

    Scandaleuse, cette affirmation que les responsables juifs ont été complices des nazis. Scandaleuse, et même maintenant: insupportable. Pourtant, la question est bien là: si les juifs s'étaient révoltés en masse, leur destin en aurait il été changé? Malheureusement, le peuple élu n'était pas prêt à se soulever. Son statut était le fruit de siècles de soumission. Juif, si tu te tiens à ta place, tout ira bien. Occupes toi des finances, tâche indigne d'un aristocrate. Tu es doué par la musique? Composes. Tu peux être un histrion, et tous ces métiers d'amuseur qui conduisaient leurs pratiquants à l'excommunication. Bref, l'antisémitisme chrétien avait conduit les juifs à faire profil bas. Mauvais apprentissage de la révolte.... Mais Hannah elle même, sans son statut d'intellectuelle reconnue qui lui permit d'obtenir un visa de faveur pour les Etats Unis, que serait elle devenue?

    C'est pourquoi, ce que l'on retient de cette période, c'est évidemment et avant tout cette découverte géniale de la banalité du mal. Contrairement au héros des Bienveillantes, la plupart des nazis, surtout dans les postes subalternes, loin d'être des monstres, se caractérisaient par une absence totale de pensée individuelle. On leur disait de remplir des trains et de les faire rouler? Ils remplissaient les trains et les faisaient rouler. Sans se préoccuper de leur destination? Non. Cette destination, Eichmann, qui n'était pas un subalterne, la connaissait forcément. Mais il faisait ce qu'on lui disait de faire. On le voit, sur les bandes, petit bonhomme à grosses lunettes, tellement minable -il pourrait être un garçon de bureau chez Courteline. C'est ce qu'elle a compris, Hannah, et si bien popularisé: le mal, c'est l'absence de pensée. Bien sûr, Eichmann l'a roulée en faisant l'âne pour avoir du son. Mais ce qui était faux pour Eichmann a été vrai pour des milliers de bureaucrates subalternes.

    L'humanité, c'est la pensée. Ce qui les caractérise tous, Khmers Rouges, Hutus, c'est la disparition de la personne. Ils ne sont plus que les fourmis d'une colonie, les abeilles d'une ruche. Comme dans un liquide en surfusion, l'introduction d'un cristal, d'un monocristal même -quelques atomes, juste une maille élémentaire! va déclencher l'ordre qui se propage et s'étend à toute la masse. A petite échelle, c'est le phénomène de bande; vu du comptoir de coin, ils sont tous habillés pareil, regardent les mêmes conneries, se fourrent le même bruit dans les oreilles. Ca fait sourire. Mais c'est comme ça qu'on perd l'habitude de penser. La télévision qui pourrait, qui peut (à condition de regarder Arte) être un vecteur de pensée, est devenue un outil d'avilissement, via la télé réalité -la grosse poupée Barbie, son visage bête et son "Allo"- On devient juste un crétin -et puis on devient un monstre. On met un cristal -un prédicateur islamique par exemple- dans cette masse inorganisée de cerveaux surfondus, et on obtient autant de Mohamed Merah.

    Ce film est une oeuvre de santé publique. On devrait le projeter dans tous les lycées. Peu importe s'il est académique, tant mieux au contraire. Et que les ados comprennent ce qui est essentiel: pensez libre! pensez tout seul!
    chrischambers86
    chrischambers86

    11 747 abonnés 12 116 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 juin 2013
    Aller voir "Hannah Arendt", le nouveau film de Margarethe Von Trotta, c'est faire revivre en quelque sorte ses phrases, non pas à travers un livre mais à travers un long-mètrage, qui permet de redècouvrir le travail de la philosophe visionnaire du siècle dernier qui dèveloppa en suivant le procès Eichmann (le responsable de la dèportation de millions de juifs) le concept de banalitè du mal! La banalitè du mal qui consiste de la part d'un être humain ordinaire à acceptait d'appliquer des ordres sans jamais en remettre en cause le fondement! Actrice de thèâtre puis interprète des films de R.W Fassbinder et Volker Schlöndorff, la cinèaste allemande oppose des personnages qui expriment des arguments contradictoires et choisit une fois de plus l'immense Barbara Sukowa pour jouer dans son film le rôle principal! Son obstination et l'exigence de sa pensèe font des merveilles à l'ècran, Sukowa, seule contre tous, ètant le pivot d'une histoire au suspense particulièrement troublant! il serait d'ailleurs intèressant de savoir combien de clopes fume l'actrice durant le mètrage, histoire d'affoler les experts de santè publique et du ministère de la Santè ? A noter l'ènorme travail sur la bande son qui, parfois, transperce tout, jusqu'à nous èblouir...
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 28 avril 2013
    Franchement, j'ai beaucoup aimé. C'est un propos que je trouve juste. La banalité du mal décrit le totalitarisme : entre les mains de gens qui ne pensent pas, qui simplement obéissent.
    Des gens dans une tranquille légalité. Un monde sans conscience mais avec une fidélité à des codes. "Mon honneur, c'est ma fidélité", devise des SS.
    Ce que personne ne veut comprendre et que dit Hannah Arendt, c'est que n'importe qui dans un contexte donné pourrait être un SS, et trouverait que le bien est de ne pas trahir son serment. Vous, tous, bonnes gens, bien pensants, antiracistes.... Tous autant que vous êtes vous auriez pu être des nazis. Tout dépend de votre position sur l'échiquier. Eichmann, en temps de paix aurait été un fonctionnaire parmi tant d'autres.
    Henrico
    Henrico

    125 abonnés 1 256 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 avril 2013
    Dans son film magnifiquement interprété, par une belle pléiade d’acteurs, d’où se démarque encore plus brillamment, Barbara Sukowa, Margarethe Von Trotta tente de résumer en deux heures la vie très intense et la pensée très riche de Hannah Arendt. Pour ce faire, la réalisatrice allemande adopte deux partis pris : un, choisir de distiller quelques bribes de conversations intimistes entre Hannah et ses proches, deux, se focaliser sur un seul épisode de la vie d’Hannah, sa prise de position lors du procès d’Adolf Eichmann. Ce premier choix n’apporte hélas, que frustration et ennuie. En effet, les conversations sont souvent empreintes de non-dits, font référence à des connaissances de la vie personnelle de Hannah, peu connues du grand public, ou encore à des évènements historiques particuliers oubliés aujourd’hui. Ainsi, dans le flot des répliques, il est fait, par deux fois, allusion à des péripéties de l’évasion d’Hannah. Des éléments trop vagues, ne permettent pas, à un spectateur lambda, d’évaluer le caractère juste ou injuste des critiques faites plus tard à Hannah sur ce même sujet, lorsqu’on la voit dénoncer la forme de complicité passive de certains leaders juifs. Le deuxième choix de Von Trotta, ne permet pas vraiment de comprendre la vérité historique dans son ensemble, ni l’importance philosophique de la pensée de Hannah. Ainsi, Von Trotta tente de mettre sur le même plan la supposée magnanimité d’Hannah pour les positions pro nazi de Heidegger, et l’apparente complaisance d’Hannah pour Adolf Eichmann. Ce parallèle n’est pas honnête. Premièrement, l’errance de Heiddeger n’est pas si originale ni horrible que cela. A l’époque, de nombreux intellectuels et artistes, de grande valeur, dans le monde entier, (européens, américains, arabes, ou japonais…) s’étaient laissé séduire un moment par le « Nationalsozialismus » d’Hitler. Deuxièmement, Hannah n’a jamais montré de la faiblesse pour le « bourreau allemand», comme elle aurait eu un « faible » pour Heiddeger, qu’elle a sans doute aimé en tant que prof, et homme. Mais elle n’a jamais défendu le penseur dans son errance politique. De plus, se contenter de seulement rappeler la « banalité du mal » qu’Eichmann illustrait pour Hannah, est biaisé. Cette seule « banalité du mal » ne rend pas compte de la profondeur, de la complexité, et surtout de la contemporanéité de la pensée de la philosophe. Bien avant ses positions sur Eichmann, Hannah s’est fait critiquer et insulter. Le rapprochement qu’elle avait fait entre le nazisme et le Communisme dans son « origine du totalitarisme » lui avait valu d’être une pestiférée de la gauche surtout, et cette vision reste encore aujourd’hui politiquement très incorrecte en France. Aucun écrit de Hannah Arendt n’est jamais étudié, même en classe de terminale. Le nazisme avec ses 6 millions de victimes est dénoncé dans les programmes scolaires, et ce, du collège au lycée. Le Communisme, lui, malgré ses près de 100 millions de victimes au compteur, pour seulement l’Union Soviétique, et la chine, conserve une hallucinante respectabilité. Pour s’en convaincre, on peut revisionner en l’achetant à l’I.n.a. , la vidéo du débat, animé par Bernard Pivot, entre René Dumont, communiste, Jacques Delors, socialiste, toujours considéré comme l’un des penseurs les plus éclairés de la gauche, et l’iconoclaste Jean-François Revel. Dumont et Delors avaient joué un parfait duo de vierges effarouchées à la réflexion de Revel qui ne faisait pas autre chose que de reprendre avec des exemples plus actuels, l’analyse de Hannah Arendt. Car c’est cela aussi la banalité du mal : taire le penseur, l’humaniste, qu’il y a en nous, pour laisser parler et faire un système. Ceux qui ont signé, supervisé, protégé les envois de millions d’hommes et de femmes dans les Goulags et Camps de Rééducation socialo-communistes, sans avoir jamais été jugés, ont pourtant commis le même péché d’omission intellectuelle, banale et horrible que ceux qui l’ont fait pour les camps de concentrations Nazis. Les choix de Von Trotta reviennent à prendre la pensée et la vie de Hannah Arendt par le petit bout de la lorgnette. Ils dévoilent une parcelle de la vérité pour, en fait, masquer la laideur globale et atemporelle qu’elle recouvre. Tout comme les invectives de Delors et Dumont à l’encontre du regretté Revel, jamais étudié en classe, lui non plus, l’ont prouvé, reprendre publiquement certaines vérités démontrées par Hannah Arendt ne jette aujourd’hui encore, que l’opprobre sur ses auteurs
    sophie p.
    sophie p.

    2 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 avril 2013
    J’ai eu la chance de voir ce film avant sa sortie, et donc de pouvoir me faire un avis, dénué de tout commentaire lu dans les medias. J’avais un peu oublié tout ce que j’avais appris en philosophie sur la pensée, et l’histoire d’Hannah Arendt, et ce film m’a aidé, non seulement à me rappeler, mais aussi à rattacher la philosophie à la réalité et à l’histoire. On y voit une Hannah Arendt qui cherche à faire éclater une vérité philosophique, au détriment d’un événement « historique », peut-être encore trop récent pour faire changer la mentalité de ceux qui l’entourent. Bref une pensée très avant-gardiste. Le réalisateur nous fait également voir une société que l’on connaît peu, mais que l’on imagine très bien (trop clichée ?) des riches intellectuels aux Etats-Unis. Bref, c’est un film profond, qui donne à réfléchir. C’est un film qui prête au débat philosophique et historique, donc on y va pas pour s’amuser, mais vraiment … pour réfléchir ! Le couple formé par les acteurs est également bien interprété, on y ressent une réelle complicité.
    ferdinand
    ferdinand

    12 abonnés 452 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 26 avril 2013
    Je ne suis pas spécialiste de philosophie, je connais le nom de Hannah Arendt et l'expression "La banalité du mal"... C'est tout. Ce qui ressort de ce film, d'un académisme accablant, c'est que cette femme, qui fumait comme une cheminée d'usine, s'est fait mal voir du milieu intellectuel New Yorkais parce qu'elle décrivit Eichmann comme un petit fonctionnaire banal, et eut le malheur d'évoquer les "Judenrats" collaborant plus ou moins avec les nazis. Tout cela on le sait, c'est même depuis longtemps une évidence. Et du coup, la banalité est dans le propos du film , accentuée par les relations de H.A. avec son entourage (là, on frôle le soap opera). Seul le discours final aux étudiants donne une idée de ce que pouvait être cette femme. Sinon, le sujet n'est pas traité ou maltraité, ou intraitable? Un film qui n'apprend rien et dessert son sujet.
    conrad7893
    conrad7893

    253 abonnés 1 679 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 avril 2014
    dommage plat et ennuyeux
    je n'ai pas tenu plus d'une heure
    warhoaz
    warhoaz

    81 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 avril 2013
    Ce film est avant tout une oeuvre pédagogique remarquable d'explication et de mise en perspective de "Eichmann à Jérusalem".
    Pas de scènes d'action ni d'histoire à l'eau de rose racoleuse, tout le film est mis au service de la pensée d'Hanna Arendt et de l'explication de sa thèse, ainsi que la polémique qui a entouré la publication de ces écrits.

    Evidement, intuile d'aller voir ce film si vous cherchez un moment de détente, d'évasion et d'action : on est plongée dans la pensée de la philosophe et on réfléchit, beaucoup.
    Un conseil toutefois : relisez la fiche wikipedia d'Hanna Arendt avant d'aller au cinéma (au moins la partie "bio", ça vous donnera des repères qui m'ont, personnellement, un peu manqué pour bien suivre l'intrigue.
    velocio
    velocio

    1 132 abonnés 3 004 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 mai 2013
    Cela fait un bail que je n'avais pas vu de film de Von Trotta, qui, il y a 30 ans en arrière, était bien placée dans mon panthéon personnel. Elle revient pour nous parler d'une philosophe très importante du 20ème siècle, Hannah Arendt, juive allemande émigrée aux USA, connue pour ses travaux sur le totalitarisme et sur la pensée (ou son absence !). Le film n'est pas un biopic : il aborde seulement, mais de façon approfondie, une période importante de la vie d'Hannah, lorsque, dans les années 60, elle se passionna pour le procès d'Adolf Eichmann et écrivit le livre "Eichmann à Jérusalem" qui lui valut la haine de nombreux juifs et la coupa de plusieurs de ses amis : sans prendre la défense d'Eichmann, elle le présentait comme un pauvre type qui n'avait aucune pensée personnelle et se contentait d'obéir aux ordres, avec, in fine, ce qu'elle appelait la "banalité du mal". On lui reprocha également d'avoir fait le reproche aux populations déportées de ne pas s'être suffisamment révoltées contre le sort terrible que les dirigeants nazis leur réservaient. Le film tourne donc sur la responsabilité individuelle dans le cadre d'une barbarie collective. Très bien interprété, ce film nous permet de retrouver une réalisatrice importante.
    Julien D
    Julien D

    1 088 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 avril 2013
    Rendre hommage au combat individuel qu’a su mené Hanna Arendt en donnant une place aussi grande à sa vie privée qu’à ses convictions philosophiques, réduits ainsi à un rapide exposé factuel, s’avère finalement une démarche maladroite. Si la performance de Barbara Sukowa est parfaite, elle est finalement la seule source d’émotions de ce film particulièrement académique. Si le processus intellectuel du personnage pour parvenir à ses théories est plutôt bien retransmis à l’image, les controverses que celles-ci provoquèrent, et qui étaient sans conteste l’élément le plus important à mettre en avant dans le scénario, ne sont plus relégué qu’à des sujets de conversations au sein de l’élite intellectuelle et de menaces de mort sans jamais chercher à affronter des arguments les uns aux autres.
    Yves G.
    Yves G.

    1 251 abonnés 3 262 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 août 2013
    J'ai plusieurs reproches à adresser au film de Margarethe von Trotta.
    Mais commençons par ses qualités.

    La principale est sans doute l'interprétation de Barbara Sukowa. Elle s'est glissée dans la peau d'Hannah Arendt, parle l'anglais avec son fort allemand, fume comme elle des cigarettes à la chaîne, et surtout a sa détermination et son exigence intellectuelle.
    Grâce à cette actrice remarquable, et au parti pris de la réalisatrice de ne guère sortir de l'élégant appartement new-yorkais où elle travaille et reçoit ses amis, on partage, l'espace d'un film l'excitation intellectuelle de cette communauté expatriée.

    Le film devient moins convaincant dès qu'il s'échappe de ce creuset. Jérusalem - où Arendt est envoyée pour suivre le procès Eichmann - a des airs de carton pâte. Les deux flash back qui rappellent la liaison de la philosophe avec Martin Heidegger sont calamiteux. On y sent le poids d'un classicisme académique qui démode le film sitôt sorti.

    Contrairement à ce qu'annonce son titre, ce titre ne traite pas de toute la vie de Hannah Arendt. Après avoir eu cette ambition - les deux scènes avec Heidegger en portent la trace - Margarethe von Trotta a choisi de se focaliser sur le procès d'Adolf Eichmann et sur le compte-rendu qu'en fait Arendt pour le New Yorker, ultérieurement publié sous le titre "Eichmann à Jérusalem".

    Le film essaie de montrer comment Arendt forge le concept de "banalité du mal" lorsqu'elle est confrontée à un bourreau qui n'a rien de monstrueux mais qui s'est contenté d'appliquer sans réfléchir des consignes bureaucratiques venues d'en haut. Filmer la pensée en action est une gageure. Hélas, le film ne la relève pas. Un plan inutilement dramatique montre Arendt devant sa machine à écrire qui tout à coup, tel Archimède dans sa baignoire ou Newton sous son pommier, accouche de la"banalité du mal". C'est oublier que les percées conceptuelles ne sont pas le fruit du hasard mais le produit d'un lent mûrissement.

    Le film s'intéresse ensuite à la controverse qu'a suscitée "Eichmann à Jérusalem". Deux reproches principaux lui étaient adressés. Le premier était de banaliser le génocide en présentant l'un de ses auteurs comme un banal bureaucrate. Le second était sa critique des Judenräte, les Conseils élus juifs, auxquels elle reprocha leur passivité sinon leur complicité ; cette critique était insupportable à bon nombre de Juifs qui y voyaient une remise ne cause inadmissible de leur statut de victimes de la Shoah.

    Ces deux reproches se résumaient à un seul : juive, Hannah Arendt manquait de solidarité avec son peuple. Critique à l'égard de la politique d'Israël, favorable à l'entente avec les pays arabes, hostile à la notion de peuple élu, étrangère aux souffrances endurées par les Juifs d'Europe durant la Guerre (elle avait réussi à fuir la France en 1940), Hannah Arendt fut accusée d'antisémitisme.

    Cette controverse n'est pas la partie la plus intéressante de la vie de Arendt. Juive, Arendt l'était qui n'a jamais renié sa judéité. Mais, individualiste, elle l'était plus encore, donnant toujours à l'individu et à son imprescriptible liberté la primauté sur le groupe et son histoire.

    En réduisant Hannah Arendt à la figure courageuse de l'intellectuelle victime d'une controverse blessante et mensongère, en la situant face à la communauté juive alors que toute son œuvre tend à la détacher, Margarethe von Trotta ampute l'œuvre de la philosophe allemande d'une part essentielle : son aspiration à l'universel.
    tixou0
    tixou0

    622 abonnés 1 967 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 28 avril 2013
    Ce "tombeau" cinématographique (hommage) à la théoricienne politique Hannah Arendt est un ratage complet. Cette dernière est surtout connue pour sa "banalité du mal", concept dégagé à l'occasion du procès Eichmann à Jérusalem, auquel elle assiste pour le "New Yorker". Formée par Heidegger (dont elle fut l'une des maîtresses, et en faveur duquel elle témoigna lors de la dénazification du grand homme après la guerre), cette juive laïque, réfugiée aux E-U en 1941, où elle écrit et enseigne jusqu'à sa mort en 1975, crée une intense polémique entre 1961 et 1963 pour avoir abordé la question de la responsabilité d'Eichmann qui fut chargé par sa hiérarchie de la logistique de la "Solution finale", en philosophe, et non en juive et en sioniste, comme attendu. Elle mettra avec raison sur le même plan nazisme et stalinisme, deux totalitarismes qui se rejoignent. Margarethe Von Trotta, la cinéaste de "L'honneur perdu de Katharina Blum" en 1975 (un temps mariée à Volker Schlöndorff), maintenant septuagénaire, retrouve Barbara Sukowa, avec qui elle avait tourné "Les Années de plomb" et "Rosa Luxemburg" – ici peu convaincante dans le rôle-titre. Ce qui s'annonçait comme un beau portrait de femme, intellectuellement stimulant et passionnant en termes de récit, sur le papier (MVT scénarisant à moitié) est un monument d'ennui, un pensum de près de deux heures, où le spectateur s'endort irrésistiblement, submergé par le verbeux, voire le pontifiant, et vite lassé d'une dramaturgie languissante et redondante.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 12 mai 2013
    Note : mauvais. Pourquoi ? Je suis déçu devant ce film qui n'apprend rien et qui fait preuve d'une prétention affolante. Le sujet aurait pu être intéressant si 1/ le traitement avait été moins académique (parce qu'il faut le dire, on s'ennuie ferme devant autant de froideur) et 2/ avait contextualisé le propos (les années 50 et l'histoire d'Hannah Arendt ne sont pas connu de tout le monde). Au final, on a un film froid, mécanique, sans aucune explication et très peu de réflexion. Les rares échanges avec l'entourage d'Hannah frisent le ridicule (téléphoné au possible), on ne sait pas ce qu'elle pense elle-même (à part un peu à la fin et encore),et on fait référence à plein d'éléments historiques ou liés au passé d'Hannah. Pourquoi faire un film alors, à quoi sert-il ? Seul le jeu des acteurs mérite un compliment.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 27 avril 2013
    J'avoue avoir eu beaucoup de mal à me concentrer sur ce que j'estime être une réflexion très (trop ?) philosophique sur la notion de culpabilité individuelle et collective présentée dans ce film à travers une analyse du procès en Israël de Adolf Eichmann au début des années 60. A vrai dire, je me suis plusieurs fois assoupi, tant je me suis senti rasé par le caractère verbeux du déroulement de ce film... Quel dommage, parce qu'il s'agit là d'un sujet fondamental de société, mais hélas magistralement mal traité d'un bout à l'autre. Heureusement, ceci n'enlève rien au talent des acteurs, tous excellents, à commencer par l'actrice principale, Barbara Sukowa.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 26 avril 2013
    Envoyant en pleine face du spectateur sa fascination pour la philosophe Arendt, Margarethe Von Trotta réussit à rendre intéressant le cheminement d'une pensée, la construction d'une théorie, à savoir celle de la banalité du Mal, à travers le procès Eichmann. Montrer quelqu'un qui réfléchit, la tâche n'était pas aisée. Cet exploit ne repose pas sur la mise en scène de Von Trotta, très neutre et très plate. Cet exploit repose avant tout sur la performance de spoiler: suite sur Plog Magazine, les Critiques des Ours (lien ci-dessous)
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