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    "J'ai été bouleversée par Le Kid de Chaplin" : le cinéma US vu par Rebecca Marder au Festival de Deauville 2023
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Membre du jury présidé par Guillaume Canet, Rebecca Marder revient avec nous sur cette expérience et ses goûts en matière de cinéma américain au Festival de Deauville.

    Quatorze longs métrages en Compétition. Et neuf jurés pour les départager à l'issue de ce 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, qui se déroule depuis le 1er septembre et se terminera le 10.

    Sous la présidence de Guillaume Canet, sont ainsi réunis Yodelice, Marina Hands, Alexandre Aja, Stéphane Bak ou encore Rebecca Marder, nommée pour le César du Meilleur Espoir Féminin en février dernier pour Une jeune fille qui va bien. Et vue récemment dans Simone ou Mon crime de François Ozon.

    Mon Crime
    Mon Crime
    Sortie : 8 mars 2023 | 1h 43min
    De François Ozon
    Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert
    Presse
    4,0
    Spectateurs
    3,8
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    Depuis les planches, l'actrice franco-américaine, ex-membre de la Comédie-Française, évoque avec nous cette expérience de jurée. Et ses goûts en matière de cinéma américain, à commencer par son amour de la comédie musicale.

    LE FESTIVAL DE DEAUVILLE

    Ça fait deux jours qu'on voit des films, et c'est une expérience assez formidable. C'est un luxe de pouvoir passer dix jours à regarder des films (rires) Je ne peux pas trop en dire sur les films, mais c'est passionnant d'être là. Et ce qui est très agréable aussi, c'est que Guillaume Canet a proposé qu'on se retrouve tous les jours pour parler des films qu'on voit. Sans acter quoi que ce soit. Mais c'est intéressant de débattre.

    Et de parler de cinéma avec des gens qu'on admire et qui ont des avis différents. On vient tous d'horizons différents et c'est plutôt passionnant. Quand on vient présenter un film en festival, on ne voit pas de films. On n'a parfois pas le temps de voir le sien, parce qu'on est là pour en parler. Donc là c'est très plaisant. L'expérience de juré est une expérience de spectateur très différente.

    Moi je vais beaucoup au cinéma au quotidien, mais je vais voir des films que j'ai choisi de voir. Là, c'est l'occasion de découvrir des films qu'on n'aurait pas choisis, ça renouvelle un autre désir de spectateur.

    Quand on vient présenter un film en festival, on ne voit pas de films. On n'a parfois pas le temps de voir le sien, parce qu'on est là pour en parler.

    Le charme des festivals, c'est aussi d'aller voir des films sans savoir de quoi ils parlent.

    Exactement ! Et dans des genres vers lesquels tu ne serais pas forcément allé.

    En tant que franco-américaine, le Festival de Deauville doit être important pour vous, puisqu'il fait se rencontrer les cinématographies de vos deux nationalités.

    Mais oui, c'est vrai ! Tout à fait ! Et je suis d'autant plus heureuse pour ça.

    TOURNER EN LANGUE ANGLAISE

    C'est quelque chose que j'aimerais énormément faire. Forcément. Profiter de cette double-culture, ce serait un rêve. Mais comme j'étais dans mon cloître de la Comédie-Française pendant sept ans, de mes 20 à mes 27 ans, et que je n'en suis partie que l'an dernier, j'étais assez rattachée à la Place Colette [à Paris, lieu principal de la Comédie-Française, ndlr], ce qui m'empêchait de voyager ou même de rêver de traverser l'océan (rires)

    Mais là, maintenant, oui. J'ai même un manager aux États-Unis, mais c'est plus compliqué en ce moment avec les grèves. Il y a moins de choses qui se préparent - ou alors c'est repoussé. J'aimerais beaucoup profiter de cette double-culture, et comme j'ai les deux passeports, c'est plus facile de travailler.

    Le rayonnement de "Simone" devrait pouvoir aider en plus.

    Oui, ça vient de sortir là-bas [le 18 août, ndlr]. Mais avec la grève, j'arrive vraiment au bon moment (rires)

    Simone, le voyage du siècle
    Simone, le voyage du siècle
    Sortie : 12 octobre 2022 | 2h 20min
    De Olivier Dahan
    Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    4,1
    louer ou acheter

    PREMIER FILM AMÉRICAIN VU

    Alors le premier... Dès l'enfance, on est face à des films américains, donc c'était vraiment Beethoven ou Allo Maman ici bébé, qui sont plus des comédies pour enfants. Il y aussi les films de Charlie Chaplin, forcément. Enfant, ce sont aussi les premiers films un peu choc, comme ça : Le Kid, Les Temps modernes... Et je les ai vus sur grand écran, au MK2 : ils les avaient ressortis et je devais avoir 5 ou 6 ans. J'ai été bouleversée par ça.

    UN FILM CULTE

    C'est toujours dur d'en choisir un. Là je pense à Boulevard du crépuscule. Et aussi aux screwball comedies [nom donné aux comédies loufoques de l'âge d'or hollywoodien, qui combinent burlesque et dialogues vifs sur fond de moeurs, ndlr]. Les films de Doulgas Sirk. Lui et Billy Wilder, c'est forcément quelque chose d'important.

    Et c'est vrai que, dans mon désir de faire ce métier et de rentrer dans ce monde, quand je pense à "rêve de cinéma", je pense aux comédies musicales comme West Side Story, Hairspray.

    Surtout que vous avez récemment fait deux comédies musicales, dans des registres très différents.

    À la française oui (rires) Mais les comédies musicales américaines font partie de mes rêves de spectatrice.

    J'ai l'impression que c'est le genre que l'on associe le plus à l'âge d'or hollywoodien, avec ses couleurs, ses musiques, ses performances.

    Tout à fait. J'aime aussi, évidemment, tous les films de John Cassavetes. Tootsie de Sydney Pollack. Ou, aujourd'hui, le travail de Sam Mendes et Noah Baumbach. Là c'est un peu fouillis dis comme ça (rires) J'aime aussi beaucoup John Requa et Glenn Ficarra, qui ont fait Crazy Stupid Love. Je trouve ça génial.

    Les comédies musicales américaines font partie de mes rêves de spectatrice

    C'est pas mal de passer de Cassavetes aux comédies musicales.

    Oui. Mais ça fait rêver tout ça dans le cinéma américain. Et c'est formidable de voir des films indépendants ici. Ça donne espoir dans d'autres manières de faire des films. En attendant, pour en revenir à la question, j'aimerais aussi rajouter Tim Burton et Beetlejuice.

    Est-ce que la comédie musicale n'est pas, à la fois, le genre le plus cinématographique, et le plus difficile pour un acteur, vu ce que cela implique en matière de chant et de danse ?

    En France peut-être. J'ai l'impression que ça fait partie de la formation de l'acteur aux États-Unis. Moi je suis formée en France, j'ai fait l'école du TNS [Théâtre National de Strasbourg, ndlr], mais j'aspire à ne pas être qu'une tête qui parle. Je trouve ça formidable, et pas seulement dans les comédies musicales, quand la performance d'un acteur est physique. Je suis toujours impressionnée par le corps.

    Mais je ne pense pas que ce soit un genre plus dur qu'un autre. Après, c'est sûr qu'une comédie musicale réussie, c'est plus difficile à faire (rires) Et en France on n'est pas des pros.

    UN ACTEUR OU UNE ACTRICE FÉTICHE

    Ça fait cliché, mais Gena Rowlands forcément. Faye Dunaway aussi peut-être. Et du côté des acteurs, Leonardo DiCaprio est un monstre sacré. Mais il y en a tant. Dustin Hoffman est pour moi le roi de tout. Mais je pense que mes deux acteurs préférés, c'est Christopher Walken et Steve Buscemi.

    Y a-t-il une actrice qui est un modèle pour vous ?

    Alors c'est impossible de tenter la comparaison hein (rires) Mais Meryl Streep. Et puis Kate Winslet, que je trouve incroyable. Notamment dans la mini-série Mare of Easttown, que tout le monde doit voir. Cette actrice est démente. Je rajouterais aussi Bette Davis.

    Easttown
    Easttown
    Sortie : 2021-04-18 | 60 min
    Série : Easttown
    Avec Kate Winslet, Julianne Nicholson, Jean Smart
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    4,3
    Streaming

    DERNIER FILM AMÉRICAIN VU

    Alors je suis allée voir… Je suis grave. Pardon. C'est le lavage de cerveau de l'été, surtout que quand je suis rentrée à Paris, j'ai directement vu Anatomie d'une chute et Yannick. Mais je dirais que c'est Mission : Impossible 7. Et j'ai trouvé ça bien dans le genre. Ça va. Ça m'a fait rire presque.

    J'avais aussi eu la chance de voir Indiana Jones à Cannes, et j'avais été trop éblouie. Et non, le dernier film américain que j'ai vu c'est Barbie en fait.

    Barbie
    Barbie
    Sortie : 19 juillet 2023 | 1h 55min
    De Greta Gerwig
    Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    2,9
    Voir via MyCanal

    DERNIER COUP DE CŒUR AMÉRICAIN

    J'ai découvert Kramer contre Kramer, que je n'avais toujours pas vu. Je l'ai vu la semaine dernière. Et là, vrai coup de cœur. J'ai aussi découvert Minnie et Moskowitz avec Gena Rowlands, et c'est trop beau.

    UNE ATTENTE

    J'attends de voir Joaquin Phoenix dans Napoléon. J'ai super envie de voir ça. Et Dune, forcément, qu'on attend tous. Mais passion Joaquin Phoenix, que j'avais adoré aussi dans Walk the Line. Il est dingue dedans.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 3 septembre 2023

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