Ce vendredi 8 mars 2024, nous avons appris la mort d’Akira Toriyama survenue une semaine plus tôt. Cette disparition a suscité une émotion collective, marquée par une pluie d’hommages venus du monde entier.
Par une étrange coïncidence, j’étais à Tokyo au moment où j’ai appris la mort de Toriyama. Mon voyage n’avait absolument aucun lien avec Dragon Ball ni avec l’univers des mangas, mais le hasard a pourtant voulu que j’apprenne la nouvelle depuis le Japon. Beaucoup de mes amis m’ont demandé quelle a été ma réaction à ce moment-là.
La vérité est qu’on ne réagit pas de la même façon à la mort d’une idole que pour la disparition d’un proche. Je n’ai pas pleuré, ni montré une quelconque émotion extérieure. Seulement ces quelques mots exprimés à voix haute, malgré moi : "Oh, put**n". Et le sentiment d’une tristesse profonde qui a fait resurgir de nombreux souvenirs d’enfance.
Dragon Ball, de la tête aux pieds
Akira Toriyama a certainement été la personnalité la plus influente de mes premières années. Initié dès mon plus jeune âge au Club Dorothée grâce à mes deux frères aînés, je me souviens de l’excitation provoquée par la découverte de nouveaux épisodes de la série animée.
A l’époque, bien avant le streaming, il fallait se contenter des épisodes diffusés, et il était très rare de pouvoir suivre une série dans son intégralité, notamment quand celle-ci faisait l’objet d’une diffusion quotidienne.
Toei Animation
Heureusement pour moi, à cette même époque, mes frères ont commencé la collection du manga Dragon Ball. Ces bandes-dessinées japonaises faisaient alors leur apparition sur le marché français, et la première édition de Dragon Ball (chez Glénat) se présentait dans le sens de lecture occidental, et non dans celui japonais (de droite à gauche) auquel le public s’est depuis parfaitement habitué.
Toei Animation
Le sujet de discussion numéro 1 des cours de récréation
A l’époque, Dragon Ball Z était une véritable obsession. Des affiches de la série (découpées dans les magazines dont celui du Club Dorothée) tapissaient les murs de ma chambre, et les figurines offertes à mes anniversaires me permettaient de recréer les combats les plus épiques de DBZ. Si j’avais pu, je me serais habillé de la tête aux pieds de vêtements à l'effigie de Dragon Ball.
Le souvenir qui me revient de cette époque est la folie des cartes à collectionner. A chaque récréation, mes amis et moi-même sortions de nos cartables nos classeurs pour comparer nos collections respectives, et pour procéder à des opérations d’échanges. Le sérieux de ces discussions que cela suscitait me fait aujourd’hui sourire.
L’un des tout premiers films que j’ai vus au cinéma est Dragon Ball Z, le film, comprenant les deux courts métrages Fusions et L’Attaque du Dragon. Le souvenir de cette séance hante encore l’esprit de ma mère, mais je me souviens encore de mon excitation avant la séance puis de mon résumé très complet dans la cour de récréation le lendemain matin.
Toei Animation
Docteur Slump, son autre chef-d'œuvre
Akira Toriyama n'a jamais été considéré à mes yeux comme le créateur d'une seule œuvre. J’ai également eu la chance de grandir avec le manga Docteur Slump, sa toute première série qui l’avait fait connaître du public japonais avant Dragon Ball. Ce titre humoristique met en scène Aralé Norimaki, une petite fille robot disposant d’une force surhumaine.
De manière générale, Docteur Slump reste méconnu du grand public, y compris auprès de certains fans de la licence Dragon Ball. Je lui dois à la fois mon goût de l’humour absurde que j’ai façonné, mais également la découverte de nombreuses licences phares de la culture populaire : Ultraman, Gamera, Star Trek… toutes mentionnées au fil du manga.
A la fin du collège, j’ai commencé à me désintéresser des mangas. L’arrêt du club Dorothée avait marqué la fin d’une ère, et il fallait désormais disposer d’un abonnement au câble pour continuer à suivre les anime. Pour cette raison notamment, je n’avais pu regarder à l’époque Dragon Ball GT – la suite non-officielle de Dragon Ball Z.
L'idole de ma génération
D’un regard distant, j’ai appris en 2015 le grand retour de Dragon Ball sous la forme d’une série intitulée Dragon Ball Super. De mon point de vue de fan de la première heure, j’ai alors exprimé un rejet des nouvelles formes de combat déployées par Gokû et Vegeta. "Des Saiyans cheveux rouges et bleus, c’était vraiment n’importe quoi !" pensais-je (et pense encore).
Aux abords de la trentaine, j’ai de nouveau pris l’habitude de regarder des anime. L’arrivée des plateformes permettait d’accéder à des contenus divers, et surtout de pouvoir suivre des séries selon son propre rythme. C’est à cette époque que j’ai donc décidé de me replonger dans l’univers de Dragon Ball.
Toei Animation
Akira Toriyama a véritablement été le Walt Disney de mon enfance. J’étais d'ailleurs tellement habitué au rythme trépidant de DBZ que je me souviens avoir exprimé un rejet des productions Disney de l’époque, beaucoup trop enfantines et musicales pour mes goûts (de l’époque).
La génération avant la mienne idolâtrait Osamu Tezuka (Astro Boy), Gô Nagai (Goldorak) ou encore Leiji Matsumoto (Albator). La suivante a eu Eiichiro Oda (One Piece) et Masashi Kishimoto (Naruto). Mais pour ma génération, Akira Toriyama était incontestablement le mangaka le plus incontournable qui soit.
L'après Akira Toriyama commence...
A ce jour, je considère encore en toute objectivité Dragon Ball Z comme une série majeure. J’ajoute que selon moi, la transformation de Gokû en Super Saiyan lors de son combat contre Freezer constitue l’une des séquences les plus mémorables jamais vues à la télévision, toutes séries confondues.
D’autres séquences figurent également dans mon panthéon personnel : l’apparition de Trunks adulte (et son combat expéditif contre Freezer), la transformation de Gohan en Super Saiyan 2, les quelques épisodes de Majin Vegeta conclus par son sacrifice, ou encore la toute fin de la série et le Genkidama qui aide Gokû à terrasser Majin Buu.
Que l’on soit ou non fan de Dragon Ball, on ne pourra jamais surestimer l’influence du travail d’Akira Toriyama sur ma génération, et sur les suivantes. Sans lui, nous n’aurions jamais eu One Piece, Naruto, Fairy Tail ou encore My Hero Academia. Et combien d’autres séries se réclameront à leur tour de son influence dans les années à venir ?
"Merci Toriyama-sensei"
Reste à savoir quel impact aura désormais la mort d'Akira Toriyama sur son œuvre, et quel héritage ce dernier laissera aux prochaines générations ? Certains ont connu l’avant Toriyama, beaucoup ont connu le pendant. Il nous faudra désormais faire face à "l’après", et toutes les incertitudes que cela suscite.
Pour conclure cet hommage, je souhaiterais tout simplement remercier Akira Toriyama pour le bonheur qu’il m’a apporté. Ses mangas m’ont fait pleurer, parfois, mais surtout beaucoup rire, et c’est peut-être l’aspect que je voudrais le plus retenir de son travail.
Merci à vous Toriyama-sensei de nous avoir offert ce remède contre les jours tristes. Peu d’auteurs de mangas peuvent se vanter d’avoir réussi comme vous à nous apporter une telle forme de bonheur à un aussi grand nombre de lecteurs.
L’intégrale des séries Dragon Ball est à retrouver dès à présent sur la plateforme spécialisée Crunchyroll.
