La Courtisane, avec Greta Garbo. Les Faucons de la nuit, avec Sylvester Stallone. Les Dieux sont tombés sur la tête. Mais aussi Victor Victoria, Cabaret et le Diva de Jean-Jacques Beineix. Tels ont été les six premiers films, soit une programmation pour le moins hétéroclite, diffusés le 1er juin 1983 à l'UGC Orient-Express du Forum des Halles. Vous ne connaissez pas cet hallucinant cinéma parisien qui a fermé ses portes le 21 janvier 2014, après seulement plus d'une décennie d'existence ? Alors vous avez manqué quelque chose de fantastique !
Composé de sept salles, l'Orient-Express, repris par UGC après la fermeture d'une éphémère boîte de nuit, a marqué des milliers de spectateurs franciliens. Ceux qui se sont rendus près de 10 ans durant dans son antre (terme qui lui convient parfaitement) savent bien de quoi il en retourne ici : d'un cinoche totalement improbable, niché dans les recoins quelque peu angoissants du quatrième sous-sol du Forum des Halles parisien.
Longs métrages en (toute) fin d'exploitation, productions totalement obscures, nanars de haute catégorie (dont un d'un mauvais goût absolu que l'auteur de ces lignes a découvert dans cet endroit vraiment pas comme les autres), mangas, sorties limitées de comédies US... L'UGC Orient-Express était un complexe permettant aux cinéphiles de s'adonner à un "autre" cinoche, différent de celui proposé par le grand frère (et bien grand public) situé de l'autre côté du Forum, le prestigieux UGC Les Halles.
Quand le RER parisien passe au-dessus des répliques du film !
Si l'UGC Orient-Express est un cinéma culte pour un grand nombre de cinéphiles franciliens, c'est aussi car, outre sa programmation décalée, il offrait des conditions de visionnage que l'on qualifiera... d'étonnantes ! Vous le savez, vous, qui vous êtes rendus nombre de fois au -4 du Forum des Halles : quand vous alliez y voir long métrage, vous pouviez le regarder comme chez vous sur un écran minuscule. Mais dans cet espace à l'architecture biscornue, vous pouviez également écouter un peu le film de la salle d'à côté, voire carrément entendre le merveilleux passage du RER pendant l'une des répliques majeures de l'oeuvre que vous aviez décidé d'aller découvrir avec passion. Car il en fallait, de la passion, pour se rendre dans cet Orient-Express à nul autre pareil !
Cette expérience de plus de 10 ans, de géniaux cinéphiles lui ont rendu hommage lors de la toute dernière séance du complexe (celle diffusant Albator, le 21 janvier 2014, pour être précis). Mousseux et quelques larmes au programme, preuve que l'Orient-Express a marqué les amoureux du cinéma comme jamais... Un moment assez émouvant à découvrir ci-dessous.
L'UGC Orient-Express parisien, avec au final ses sept petites salles (200, 87, 95, 98, 102, 80 et 39 fauteuils), c'était un cinéma unique. Avec une ambiance absolument unique. Ceux qui s'y aventuraient étaient de vrais amoureux de cinoche, fans du plus grand des chefs d'oeuvre au plus (joyeux) plaisir coupable des nanars. Des aficionados capables d'apprécier un film aussi bien dans un espace vaste et magique que dans un endroit des plus exigus, aux frontières du glauque, comme celui que l'on évoque ici.
Il y a eu des travaux, mais l'Orient-Express, qui n'était évidemment pas aux normes d'exploitation les années passant, s'est éteint, au grand dam des cinéphiles. Pour compenser, huit écrans ont alors été ajoutés au Ciné-Cité des Halles, qui est aujourd'hui le complexe cinématographique le plus fréquenté de l'Hexagone. En lieu et place de l'Orient-Express, désormais, se trouve un magasin de la grande chaîne de prêt-à-porter suédoise H&M. Nostalgie...
La bande-annonce de "Va te faire foutre Freddy", mon grand souvenir de l'UGC Orient-Express :