Jean Gabin, légende du cinéma français, était un homme intègre, loyal et sensible, comme en témoigne cet hommage émouvant à Fernandel, dont nous vous parlions le 12 avril dernier. On connaissait le Gabin comédien, gouailleur et exubérant, mais on ne connaissait pas une autre facette de la personnalité de l'artiste.
Comme le relate un article de France 3 Régions, l'acteur s'est engagé pendant la Seconde Guerre mondiale, participant à la libération de la poche de Royan entre le 14 et le 18 avril 1945. Né en 1904, Jean Gabin était alors âgé de 40 ans. Cet événement marquant fête donc ses 80 ans cette année.
Soldat Gabin, au rapport
25 000 hommes ont combattu durant ces quelques jours de 1945. "Le comédien n'a pas participé aux combats directement, mais il s’est entraîné avec l’ensemble de la 2e DB (division blindée). C'est l'une des rares célébrités de l'époque à s'être battue sur le territoire français", explique l'article de France 3 Régions, commentant une photo de Gabin avec ses frères d'armes.
La star de La Traversée de Paris s'était engagé en 1943. Pour son dévouement, Royan baptisera une salle de spectacle à son nom. Selon Mathias Moncorgé, fils de Jean Gabin, son père n'a pas offert ses services pour les honneurs ou la gloire.

"Il est parti de France parce qu’il ne voulait pas faire de films pour les Allemands, il a donc rejoint les États-Unis et a eu un contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer. Il tourne deux films et puis, il s’est dit que, quand la guerre serait finie, il ne voudrait pas rentrer en France sans s’être battu", explique le fils de la star.
"Il s’engage alors dans les Forces Françaises Libres. De Gaulle lui demande de tourner un film pour la propagande française. Il accepte à condition de pouvoir ensuite rejoindre les FFL. Ils lui ont proposé des places à l’arrière sans combattre, mais Papa a toujours dit non, je reviens en France pour me battre comme les autres gars", poursuit Mathias Moncorgé.
Ils lui ont proposé des places à l’arrière sans combattre, mais Papa a toujours dit non, je reviens en France pour me battre comme les autres gars.
Un homme de conviction
"Papa est né en 1904, il a connu la Première Guerre mondiale déjà contre les Allemands et il ne pouvait pas ne rien faire. C’était un homme de conviction. Il connaissait les risques, mais il voulait libérer son pays. On parle de Papa, mais il y en a eu d’autres à s’être engagé, comme le comédien Jean-Pierre Aumont, par exemple. D’autres se sont planqués ou ont collaboré. Papa, lui, pouvait se regarder droit dans la glace", martèle le fils de Gabin.
Evidemment, le comédien était souvent reconnu et de nombreuses personnes sollicitaient des signatures. "On demandait souvent des dédicaces à Jean Gabin quand il était reconnu sur le front et il répondait à chaque fois Jean Gabin est resté à Hollywood, c’est Jean Moncorgé qui se bat ici. C’était une façon pour lui de montrer qu’il ne faisait pas le guignol d’un acteur et qu’il se battait pour de vrai", analyse l'historien du cinéma Patrick Glâtre.
Mathias Moncorgé souligne que son père n'a pas participé directement aux combats, mais il s’est entraîné avec l’ensemble de la 2ème division blindée : "Il est présent au cas où, donc pour moi, il participe à la libération de la poche. Je ne suis pas d’accord quand on dit que Gabin n’a pas libéré Royan", confie-t-il.
Si les Allemands étaient descendus, il aurait été en première ligne et aurait participé aux combats.
"Il n’était pas en première ligne, mais à partir du moment où il était en soutien pour défendre Royan et éviter que les Allemands puissent venir, il a participé à la libération de la poche. Et si les Allemands étaient descendus, il aurait été en première ligne et aurait participé aux combats."
Après un engagement de 23 mois auprès de la 2ème DB, Jean Gabin retourne au métier d'acteur, mais refusera d'incarner des rôles de militaires. Le comédien ne parlera plus jamais de cette période ; pour l'artiste, il "avait fait ce qu’il avait à faire."
"Comme il disait, la guerre, ce n’est pas du cinéma et il n’a jamais voulu après avoir un rôle de militaire. Jamais. Il a eu une proposition de René Clément pour tourner dans Paris brûle-t-il et il a refusé", révèle Mathias Moncorgé.