Chaque année, le Festival de Cannes met à l'honneur des auteurs, et braque ses projecteurs sur des acteurs et actrices. Qui sont parfois une seule et même personne, comme cette 78ème édition l'a encore prouvé. Car pas moins de six longs métrages, répartis entre la Sélection Officielle (Compétition et Un Certain Regard), Cannes Classics et la Quinzaine des Cinéastes, ont été mis en scène par des comédiens et comédiennes.
Il s'agissait même, pour la majorité d'entre eux, de leurs premiers longs métrages respectifs. Petit passage en revue de ces films qui ont fait l'événement pour plus d'une raison au moment de leur présentation, en attendant que vous puissiez les découvrir en salles.
Kristen Stewart - The Chronology of Water

Ce premier long métrage, Kristen Stewart y pense depuis de nombreuses années. Depuis qu'elle a su, en les découvrant, que les mémoires de Lidia Yuknavitch lui étaient destinées. Annoncé officiellement en 2022, le projet aura mis un bout de temps à voir le jour, mais c'est à Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, qu'il s'est révélé.
Porté par Imogen Poots, The Chronology of Water concourt pour la Caméra d'Or (remis à la meilleure première oeuvre, toutes sections confondues) et est à l'image de sa réalisatrice : brut, imprévisible, intense, cru, libre... Une vraie expérience de cinéma, pas toujours très confortable, qui raconte la vie de son héroïne avec une manière très forte de représenter la mémoire et le traumatisme. Des débuts plus qu'encourageants et un film, sans date de sortie pour le moment, validé par le public cannois qu'il l'avait pourtant découvert à 22h30.
Raphaël Quenard - I Love Peru

C'est l'ascension la plus fulgurante du cinéma français : avec une trentaine de rôles en cinq ans, Raphaël Quenard est devenu un acteur incontournable et populaire auprès du public. Présent au Festival de Cannes dans la section Cannes Classics, le comédien césarisé se livre intimement dans le documentaire I love Peru, qu'il réalise avec son acolyte Hugo David, rencontré sur le tournage du making-of de Chien de la casse. Raphaël Quenard y raconte sa course au succès et ses questionnements intérieurs avec le bagou qu'on lui connaît avant de se lancer dans une quête spirituelle qui l'amène jusqu'au Pérou à la recherche d'un condor.
Hafsia Herzi - La Petite dernière
Contrairement à la plupart des comédiens cités dans cet article, Hafsia Herzi fait figure de vétéran du haut de ses trois réalisations. Et de cette participation à la Compétition qui lui a été offerte avec La Petite dernière, après des passages par la Semaine de la Critique (Tu mérites un amour) et Un Certain Regard (Bonne mère). Une progression logique pour une actrice, récompensée aux César en 2025 pour Borgo, qui ne cesse de confirmer ses talents de cinéaste.
Inspiré du livre homonyme et autobiographique de Fatima Daas, le long métrage s'est affirmé comme l'un des meilleurs de cette Compétition, pour la justesse et la sensibilité avec laquelle il raconte l'histoire d'émancipation de son héroïne, tiraillée entre sa foi et ses désirs. Plus qu'un film sur l'homosexualité ou la religion, un récit universel qui révèle entre Nadia Melliti un talent brut à suivre.
Harris Dickinson - Urchin

Trois ans après la Palme d'or Sans filtre de Ruben Öslund, dans laquelle il tenait l'un des rôles principaux, Harris Dickinson (Babygirl, The Iron Claw) est revenu à Cannes pour présenter son premier film en tant que réalisateur dans la section Un Certain Regard. Intitulé Urchin, le long métrage suit le destin d'un jeune sans-abri londonien (Frank Dillane) et son combat pour reprendre sa vie en main. Le nouveau cinéaste interroge l'empathie d'une société à travers cette histoire de héros en marge avec une vraie identité.
Scarlett Johansson - Eleanor The Great
Actrice depuis l'âge de ses 10 ans, Scarlett Johansson est l'une des actrices les plus célèbres du cinéma américain. Forcément, son passage derrière la caméra représente un événement sur la Croisette. Avec Eleanor The Great, présenté dans la section Un Certain Regard, la réalisatrice raconte le destin d'une grand-mère de 94 ans (June Squibb) qui s'invente un passé de rescapée de l'Holocauste. Un mensonge si énorme qu'il ne restera pas sans conséquences. Scarlett Johansson réussit sa transition avec une comédie dramatique drôle, touchante et humaine. Tous les ingrédients sont présents pour imaginer un petit succès.
Thomas Ngijol - Indomptables

Quatrième long métrage derrière la caméra pour Thomas Ngijol. Après Case départ (coréalisé avec Fabrice Eboué et Lionel Steketee), Fastlife et Black Snake (coréalisé avec Karole Rocher), il revient avec un film policier intitulé Indomptables et qui sortira très bientôt dans nos cinémas, le 11 juin 2025, après un passage cannois chargé d'émotion.
Présenté à la Quinzaine des cinéastes, Indomptables suit le commissaire Billong qui enquête sur le meurtre d'un officier de police, à Yaoundé. Dans la rue comme au sein de sa famille, il peine à maintenir l’ordre. Homme de principe et de tradition, il approche du point de rupture. Le film mélange les genres, entre polar et comédie. Son histoire est l’adapation d’un documentaire intitulé Un crime à Abidjan qui tenait particulièrement à coeur à son réalisateur et acteur principal.