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    "Electrick Children" : 6 questions à la réalisatrice Rebecca Thomas !

    Religion et rock'n'roll : tels sont les deux thèmes principaux de "Electrick Children", première réalisation de Rebecca Thomas. Un long métrage que cette dernière nous a présenté lors de son passage au dernier Festival de Deauville.

    Chaque année, le Festival du Cinéma Américain de Deauville permet de découvrir de nouveaux talents, aussi bien devant que derrière la caméra. Avec Electrick Children, présenté en Compétition, Rebecca Thomas entre dans la deuxième catégorie avec ce premier long métrage dont elle nous a parlé à l'issue de la séance officielle.

    Allociné : Comment s'est passée cette présentation du film ?

    Rebecca Thomas : J'étais très nerveuse mais je pense que les Français ont pris le film très au sérieux, car ils étaient plus calmes que d'autres spectateurs. Nous l'avions déjà présenté à Berlin, où les gens riaient du début à la fin, ce qui m'a permis de savoir qu'ils étaient dedans. Ici, j'étais moins sûre. Mais ils ont ri aux meilleures blagues, donc j'en déduis qu'ils ont aimé. J'étais quand même très nerveuse, bien que le fait d'avoir déjà montré Electrick Children à Berlin m'ait rendue plus confiante, car je savais qu'il plaisait à au moins une personne (rires)

    D'où vous est venue l'idée de ce premier long métrage ?

    J'ai eu l'idée d'un ado s'enfuyant d'une colonie mormonne fondamentaliste il y a quelques années. Deux ou trois il me semble. J'ai d'abord écrit plusieurs versions, avec un garçon comme personnage principal, mais ça ne me touchait pas assez sur le plan émotionnel, donc j'ai laissé le projet de côté. Je ne m'y suis remise que l'an dernier [en 2011, ndlr], en faisant d'une fille le personnage principal, et c'est là que j'ai eu l'idée qu'elle tombe enceinte grâce à la musique - du moins le croit-elle. Du coup j'ai mélangé ces deux aspects, pour donner naissance à Electrick Children.

    Et pourquoi avez-vous choisi la musique pour que le personnage ait cette révélation ?

    Rachel est "fécondée" par la chanson "Hanging On the Telephone" de The Nerves, que j'ai choisie car c'est un mélange parfait de pop et de rock, et qu'elle parle de technologie, sujet dont l'héroïne est passionnée. J'avais aussi le sentiment que M. Will (Liam Aiken) et elle appartenaient à une autre époque - les années 40-50 - , vu leurs looks et leurs centres d'intérêt. Et comme ils doivent se rendre dans le Las Vegas de 2012, où ils rencontrent des amateurs de punk-rock, cette chanson des années 60-70 me semblait être une médiane parfaite entre ces deux époques, en plus d'être super entraînante.

    Vous venez de Las Vegas, où une bonne partie du film se déroule. Y avez-vous mis beaucoup de vous-même ?

    Absolument ! J'ai été élevée par des mormons à Las Vegas, mais pas par des fondamentalistes, donc j'ai grandi avec la télé, une console de jeux vidéo et même internet (rires) Du coup je n'étais pas tant que ça à l'écart de la société, mais j'ai grandi au sein d'une religion très stricte, en y étant très fidèle donc j'ai imprègné le film de mes sentiments à son sujet, sans savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

    Et vous avez eu le même genre de révélation que votre héroïne ?

    J'ai eu des sentiments très forts à l'égard de la musique, et je trouvais celle qu'on entend à l'église aussi puissante que le rock, en sachant que les deux ne sont pas forcément incompatibles en chacun. La preuve : je me sentais aussi bien en chantant un hymne à la gloire de Dieu que "Zombie" des Cranberries (rires) Je n'ai jamais cherché à réconcilier ces deux formes, que je considérais toutes deux comme des expériences très spirituelles, mais c'est aussi de là que m'est venue l'idée du film.

    Trouver votre actrice principale a-t-il été difficile ?

    Oh oui ! Ça a vraiment été très compliqué. J'ai d'abord engagé deux filles que j'ai ensuite virées, car ce que je cherchais, c'était une actrice qui ait l'air d'avoir 15 ans sans être mature sexuellement. A cet âge, beaucoup de comédiennes se sont déjà teint les cheveux en blonds et mettent leur poitrine en avant, mais moi il me fallait quelqu'un de naïf et d'innocent. Ce n'est qu'à une semaine du début du tournage que quelqu'un m'a parlé de Julia Garner en me disant qu'elle avait peu d'expérience mais une palette d'émotions faisant d'elle une super actrice. Et ça a parfaitement collé, car Rachel est censée être naïve mais audacieuse, ce qu'est Julia dans la vraie vie. En plus, l'écran l'adore donc...

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 2 septembre 2012

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