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    Frédéric Chau : de "Qu'est-ce-qu'on a fait au bon Dieu" à "Je viens de si loin", portrait d'un jeune acteur
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Frédéric Chau, révélé dans le Jamel Comedy Club et Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, sort aujourd'hui le livre Je viens de si loin, dans lequel il raconte sa jeunesse et reviens sur son parcours. Nous l'avons rencontré pour une interview-portrait.

    AlloCiné : Premier souvenir marquant de spectateur ? 

    Frédéric Chau, comédien : Je ne sais plus si ce sont les films avec Charlie Chaplin, ou les films avec Terrence Hill et Bud Spencer. J’étais gamin, je voyais ces films-là et je trouvais ça incroyable… C’était drôle. J’adorais ça. Je prenais la tête à mes parents car ils voulaient que je me couche à 21h30 maximum, et je leur disais : « je vous en supplie, laissez-moi regarder ! » Ce sont mes premiers souvenirs de cinéma.

    Comment as-tu commencé à devenir comédien ? C’était un hasard de la vie ou une envie depuis tout petit ?

    J’ai eu beaucoup de chance, je suis arrivé là-dedans par le plus grand des hasards. J’ai commencé à prendre des cours de théâtre parce que j’étais timide, et parce que j’étais fasciné par le cinéma. Je me suis dit, je vais prendre des cours de cinéma pour pouvoir désacraliser le regard que les gens pouvaient porter sur moi, et cette timidité qui me polluait, sans jamais me dire qu’un jour j’en vivrais, je ferais ce métier-là. C’est juste qu’à un moment donné, à l’issu d’une formation théâtrale, on a envie de se tester à une réalité professionnelle, on essaye de se jauger. Et j’ai été repéré par Jamel Debbouze. Et c’est parti comme ça ! Des gens m’ont fait confiance, j’ai rencontré d’autres personnes, et ça a fait boule de neige. 

    Ça fait quoi de se voir à l’écran la première fois ?

    Je n’aime pas me voir. Il y a un côté un peu flippant. Par exemple, quand je joue, je ne vais jamais voir le combo car ça me pollue si on me demande de refaire une prise. Je préfère faire confiance à un metteur en scène, et je pense que c’est la meilleure des choses, qui lui a une idée très précise, et être modulable par rapport à sa demande de jeu.

    Le premier film où je me suis vu, ça devait être Eden à l’Ouest de Costa Gavras. J’ai une scène où je joue un clandestin qui vend des cartes postales place de l’Opéra. C’était horrible de me voir, mais j’étais très content quand j’ai passé le casting. J’ai une admiration inconditionnelle pour Costa Gavras. Je me suis dit, je vais travailler avec un grand. Même si c’était une micro scène, j’en étais très heureux.

    As-tu des amis comédiens de ta génération ?

    Oui. Déjà le Jamel Comedy Club a fédéré, créé une troupe, révélé des talents. Et du coup, par rapport à mes projets de collaboration dans des films, des séries, des téléfilms, on côtoie des gens… Donc oui, oui : il y a Noom Diawara, Medi Sadoun, Ary Abittan, pour citer le « Bon dieu », que j’embrasse d’ailleurs ! Je pourrais en citer plein d’autres !

    Y a-t-il des comédiens d’autres générations qui t'inspirent ?

    Jamel Debbouze, Gad Elmaleh

    Mais en fait, c’est quand même bizarre la vie, je me rappelle, j’avais peut être 16 ans, et je suis parti en vacances à la mer. On était dans un lotissement et, en fait, à 100 mètres, il y avait un spectacle, mais un muret nous séparait de la salle de spectacle. J’entendais les gens rigoler, je me demandais ce qu’il se passait. Je grimpe sur un arbre car je n’avais pas d’argent pour y accéder, et je découvre Pierre Palmade. Le lendemain, je découvre Muriel Robin, puis Jean-Marie Bigard… J’explose de rire à chaque fois. Et je me dis : mais c’est génial comme métier. Ils sont payés pour faire rire des gens ! Et une dizaine d’années plus tard, de pouvoir vivre la même chose, c’est dingue. 

    Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

    C’est un conseil que je m’applique. Chaque décision que je prends est alimentée par une question : est-ce que ça me rendra heureux ? Est-ce que ça me fera plaisir de faire ce truc-là ? Si la réponse est oui, je le ferai. Si c’est problématique, si je sens une difficulté, je n’irai pas, parce que j’ai envie de faire des choses dans le plaisir, et d’être en phase avec moi-même. C’est un conseil que je donnerais.

    Est-ce qu’une musique peut t’inspirer dans ton travail ?

    Oui. Je pense que la musique dans le cinéma prend une part hyper importante, dans l’artistique, dans le rendu global… C’est comme un monteur. Pour moi, c’est un artiste. Il arrive a recréer des choses, donner un rythme, donner une pulsion. La musique a la même propriété.

    C’est vrai que parfois ça m’estt arrivé d’écouter des musiques pour me mettre dans un environnement, une bulle qui peut me créer une certaine émotion. Ou parfois, pour être bien concentré et m'isoler du bruit quand je lis un scénario, j'écoute Gonzales, Solo Piano. J'adore ça. Ce qui se passe autour n'existe plus.

    Passer derrière la caméra, une tentation ?

    Je vais tourner mon premier long métrage, que j'ai écrit. Ca s'appelle Made in China. On m'a proposé la possibilité de le réaliser ou de le co-réaliser. Mais j'ai préféré refuser parce que je pense qu'on aurait perdu beaucoup de temps.

    Mais la réalisation est quelque chose qui me tentera plus tard quand j'aurai accumulé plus d'expérience, plus d'observation. Si ça me prend de le faire, je le ferai.

    Peux-tu nous en dire un peu plus sur le scénario ?

    Oui, c'est une comédie sociale qui met en lumière la communauté asiatique à Paris. Comme a pu le faire un film comme La cage dorée, c'est montrer une communauté en dehors des clichés qu'on a l'habitude de voir, l'image condescendante, réductrice qu'on peut avoir sur la communauté asiatique. Le propos est "on peut être français mais d'une origine différente et très bien vivre ensemble, et faire un pont entre les deux cultures". J'ai l'impression de cristalliser ça car je suis français d'origine asiatique, d'origine chinoise. Je n'ai pas de choix à faire entre ma culture française et ma culture asiatique. Je fais un mix des deux et je vis pleinement avec les deux cultures.

    Quels sont tes projets ?

    J'écris une série qui s'appelle PNC aux portes, car j'ai été steward pendant très longtemps. L'avion, c'est le seul endroit au monde qui peut réunir à la fois Madonna, des chercheurs de la Nasa, une équipe de volleyeuses brésilienne, autant dire des top models, et un expulsé togolais... Qu'est-ce qu'il se passe le temps d'un trajet? En définitive, c'est ce qu'il se passe au quotidien : on a une telle diversité de gens. Apprenons à nous connaitre le temps d'un trajet, d'un café, et vous allez voir qu'en fait, tout se passe bien ! C'est un projet que je développe en ce moment. 

    >>> Je viens de si loin de Frédéric Chau, écrit en collaboration avec Astrid Eliard (Editions Philippe Rey), en librairie le 17 septembre 2015

    La bande-annonce de Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, comédie à succès dans laquelle Frédéric Chau campait l'un des gendres de Christian Clavier et Chantal Lauby :

    Propos recueillis au Festival de l'Alpe d'Huez 2015

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