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    Avant que nous disparaissions : "J'ai été très influencé par la SF de John Carpenter" confie Kiyoshi Kurosawa

    À l'occasion de la sortie en salles d'Avant que nous disparaissions, AlloCiné a rencontré le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa.

    AlloCiné : Lors de notre précédente rencontre pour Le Secret de la Chambre noire, je vous parlais du premier plan du film. Je vais vous poser la même question pour Avant que nous disparaissions, qui débute par une main qui attrape un poisson rouge. Vouliez-vous nous dire, avec ce premier plan, que vous êtes le pêcheur et que vous nous tenez au bout de votre ligne pendant 2 heures ?

    Kiyoshi Kurosawa : C’est une remarque intéressante que je ne m’étais pas faite. À vrai dire, on a démarré par cette scène-là car elle existait déjà dans la pièce originale.

    Kiyoshi Kurosawa : "Le Secret de la chambre noire m'a permis de m'éloigner du genre horreur"

    Je ne me suis pas trop posé de questions au moment de la réaliser mais maintenant que vous le dites, c’est vrai que cet aspect de poissons qui nagent sans se douter de rien et qui vont être brutalement sortis de l’eau pour être emportés, me fait penser à La Guerre des Mondes de Spielberg où les êtres humains sont piochés aussi de façon arbitraire.

    C’est la première fois que vous vous attaquez au genre SF, avez-vous des influences dans la confection de ce film ?

    C’est un genre que j’affectionne particulièrement en tant que spectateur dans tous les cas donc j’en ai vu un certain nombre. Si je devais donner le nom d’un film qui m’a influencé, ça serait L’invasion des profanateurs de sépultures. Il y a eu 2 versions de ce film, une dans les années 50 réalisée par Don Siegel et une dans les années 70 réalisée par Philip Kaufman et j’ai aimé les 2.

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    Sinon, par propre intérêt cinéphile, il y a une autre influence, John Carpenter, qui a réalisé un certain nombre de films de ce genre-là. Ça m’a notamment servi concernant la relation entre le journaliste Sakurai et le jeune extra-terrestre Amano, qui sont d’abord en conflit et qui finissent par se découvrir des intérêts communs et se rapprocher. La teneur de leur relation a quelque chose d’un petit peu « Carpenteresque », si je puis m’exprimer ainsi.

    Je pense que la SF d’auteur existe.

    Le film m’a fait penser à Under the Skin, de Jonathan Glazer, dans lequel un extra-terrestre prenait possession du corps de Scarlett Johansson. Il a notamment été décrit comme un film de SF d’auteur. Selon vous, est-ce qu’on peut dire qu'Avant que nous disparaissions s’inscrit dans cette veine ?

    Je pense que la SF d’auteur existe, ça a déjà été fait ; toutefois, ce n’était pas mon intention de m’inscrire dans veine-là. Je pense par exemple à ce film avec David Bowie dans le rôle principal, L’homme qui venait d’ailleurs, dans lequel il incarnait un extra-terrestre. Dans cette œuvre-là, on retrouve l’aspect SF mixé au au film d’auteur.

    Dans Avant que nous disparaissions, il y a l’idée que les aliens volent des concepts humains comme l’amour en leur touchant le front. Etait-ce une idée présente dans la pièce originale et comment avez-vous pensé à le mettre en scène physiquement ?

    L’idée existait déjà dans la pièce originale, c’est d’ailleurs un des aspects qui me semblait très séduisant au moment où j’ai découvert l’œuvre. Dans le cadre d’une scène de théâtre, beaucoup de choses peuvent paraître crédibles mais qui ne peuvent pas être retranscrites à l’identique à l’écran. Il a donc fallu trouver un nouveau moyen de l’exprimer, de le visualiser.

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    L’une des parades a été de trouver un ton à la fois détaché et humoristique. Ce geste de toucher le front avec un doigt est un geste très enfantin, on pourrait croire à un jeu d’enfants, et cela crée un contraste avec le côté tragique du vol de concept car on retire à quelqu’un quelque chose de très important au final.

    Le personnage de Shinji est très touchant car il reprend goût à la vie en se faisant posséder par l’alien. C’est une idée qui vous a plu, le fait que l’extra-terrestre soit finalement plus humain que l’humain ?

    C’était pour moi le point le plus important et le plus attractif de la pièce de théâtre. Cette idée-même qu’être possédé par cet extra-terrestre donne à cet homme à la fois la possibilité de se réinitialiser comme quand on redémarre un ordinateur avec tout le potentiel que ça peut représenter, et redécouvrir la relation qui l’unissait à sa femme et donner une nouvelle ampleur à cette relation de couple. Pour moi c’était très beau et très intéressant et c’est en partie cela qui m’a donné envie de faire le film.

    J'affectionne beaucoup les effets spéciaux.

    On sent aussi que vous vous amusez à utiliser des effets spéciaux, avec des explosions, des fusillades etc…

    Effectivement, c’est un aspect que j’affectionne, sans aller bien sûr vers le film hollywoodien car je n’ai pas d’énormes budgets. C’est en tout cas un exercice auquel j’aimerais bien me frotter encore un peu plus. Ici, avec le peu de budget qu’on avait, j’ai eu envie d’intégrer ces scènes, qui n’étaient ni dans la pièce originale ni une réclamation de la part du producteur.

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    C’est mon envie personnelle qui transparaît à l’écran à travers ces séquences. Par exemple, la scène avec l’avion et l’attaque vue du ciel était une sorte d’hommage à La Guerre des Mondes de H.G Wells. J’ai toujours eu cette envie-là, de réaliser une scène d’attaque qui viendrait d’en haut vers le bas.

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