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    Dans la brume électrique sur OCS City : retour sur la douloureuse expérience américaine de Bertrand Tavernier

    "Dans la brume électrique" de Bertrand Tavernier est diffusé ce soir sur OCS City. A cette occasion retour sur les mésaventures du cinéaste français lors du tournage de son seul film américain.

    Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier avec Tommy Lee Jones, John GoodmanPeter Sarsgaard..

    De quoi ça parle ? New Iberia, Louisiane. Le détective Dave Robicheaux est sur les traces d'un tueur en série qui s'attaque à de très jeunes femmes. De retour chez lui après une investigation sur la scène d'un nouveau crime infâme, Dave fait la rencontre d'Elrod Sykes. La grande star hollywoodienne est venue en Louisiane tourner un film, produit avec le soutien de la fine fleur du crime local, Baby Feet Balboni. Elrod raconte à Dave qu'il a vu, gisant dans un marais, le corps décomposé d'un homme noir enchaîné. Cette découverte fait rapidement resurgir des souvenirs du passé de Dave. Mais à mesure que Dave se rapproche du meurtrier, le meurtrier se rapproche de la famille de Dave...

    Tommy Lee Jones / Bertrand Tavernier : des relations tendues

    Pour son premier film de fiction tourné aux Etats-Unis, le réalisateur français Bertrand Tavernier adapte le roman de James Lee Burke "Dans la brume électrique avec les morts confédérés". Le long métrage, porté par Tommy Lee JonesJohn Goodman et  Peter Sarsgaard a été présenté lors du Festival de Berlin, mais le tournage a été très éprouvant pour le metteur en scène - grand fan de cinéma américain. 

    Fin connaisseur de l'oeuvre de Burke et également réalisateur (Trois enterrements), Tommy Lee Jones s'est montré très interventionniste durant le travail préparatoire de Dans la brume électrique. Bertrand Tavernier explique : "J'ai du faire 30 sessions de travail avec lui dans différents États. Je l'ai suivi au Nouveau-Mexique quand il tournait le film de Paul Haggis (Dans la vallée d'Ellah), en Floride quand il faisait des matchs de polo... Il coupait, il réécrivait... Un jour, il est venu avec une idée qui ne me plaisait pas. Je lui ai dit : " Je ne veux pas de ça, et si vous insistez je quitte le film." - "Bertrand, on n'en reparlera plus", m'a-t-il répondu."

    Ces relations n'ont pas empêché le cinéaste de redire son admiration pour le comédien. "Je ne voyais pas d'autres acteurs que lui pour incarner le rôle du détective Dave Robicheaux (...) On avait tellement travaillé en amont, que lors du tournage je n'avais pratiquement rien à dire. Il m'a bluffé à chaque prise." Bertrand Tavernier illustre son propos avec le tournage de la scène où Tommy Lee Jones marche avec le Général dans le jardin. "Le soleil avait tourné et ça posait des problèmes d'éclairage à mon chef opérateur, qui avait installé un immense écran porté par des techniciens. Lors d'une prise, l'écran et les acteurs n'ont pas été synchro et le soleil est arrivé. Et bien, Tommy l'a joué, il a regardé le soleil... Il a compris que c'était un accident, que ça allait poser problème au chef opérateur et il l'a transformé en formidable scène que j'ai d'ailleurs gardé. Mais c'est un exemple parmi tant d'autres. (...) Il pouvait arriver de mauvaise humeur, sans dire 'Bonjour' à l'équipe... Mais dès qu'on disait "moteur" il était formidable. J'ai d'ailleurs très souvent gardé ses premières prises dans le montage final du film."

    Un film : deux versions 

    Mais les rapports houleux avec son comédien principal sont loin d'avoir été le seul problème rencontré par Bertrand Tavernier lors du tournage de Dans la brume électrique. En effet, le cinéaste a choisi dès l'élaboration du projet, de tourner son film aux Etats-Unis avec un producteur américain (Michael Fitzgerald). Mais ce dernier ne s'imaginait sûrement pas que les divergences avec ses partenaires auraient pour résultat la sortie de deux versions du film. Une plus courte pour les Etats-Unis, sortie directement en DVD et sans voix-off et une pour la France plus longue de 15 minutes avec une voix-off dont les répliques ont d'ailleurs été travaillées avec l'auteur du roman.

    Durant le tournage le cinéaste s'est notamment vu reprocher par la production de ne pas filmer suffisament de plans insistant sur certains points ou de tourner des scènes en une seule prise... Mais le summum de leur désaccord a été au moment du montage. Le travail du monteur américain Roberto Silvi ne convenait pas à Bertrand Tavernier, après plusieurs disputes ce dernier a donc décidé de rentrer en France et de confier le montage à Thierry Derocles (avec une allonge de frais). La version américaine du film est donc montée par Silvi sous la surveillance du producteur américain tandis que la version française présentée dans les divers festivals est celle souhaitée par Tavernier et montée par Derocles.

    Une expérience américaine que le réalisateur n'est donc pas prêt d'oublier et qui lui a notamment donné envie de se plonger par la suite dans un film profondément français avec La Princesse de Montpensier, adapté du récit de Madame de la Fayette.

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