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    Opera sur Arte : retour sur le film maudit de Dario Argento
    Emilie Schneider
    Emilie Schneider
    -Journaliste
    Amatrice d’œuvres étranges, bizarres, décalées et/ou extrêmes, Emilie Schneider a une devise en matière de cinéma : "si c'est coréen, c'est bien".

    Longtemps resté inédit dans les salles françaises, "Opera" (exploité en vidéo sous le titre "Terreur à l’opéra") de Dario Argento est diffusé ce soir à 23h45 sur Arte*. L’occasion de (re)découvrir ce grand film malade du maître de l’horreur italien.

    Une revanche

    En 1985, Dario Argento est approché pour monter le Rigoletto de Giuseppe Verdi par les responsables du théâtre Sferisterio de Macerata. Enthousiaste, le cinéaste imagine une audacieuse adaptation rock se déroulant à l’époque viking, mais ses commanditaires sont loin d’être emballés et le projet n'aboutit pas. Un échec douloureux dont il fait la matière de son film suivant deux ans plus tard.

    Opera se déroule en effet dans les coulisses de Macbeth, dont la soprano se querelle avec le metteur en scène, un ancien réalisateur de films d’horreur dont elle juge les idées fumeuses. Mais un accident l’écarte de la distribution. Après quelques hésitations, car l’opéra est réputé maudit, la jeune Betty accepte de la remplacer. Elle reçoit bientôt des menaces et est pris pour cible par un tueur sadique.

    drop-out cinema

    Il est aisé de faire le parallèle entre Argento et ce metteur en scène issu de l’horreur qui s’essaie à la scène lyrique, s’attirant les sarcasmes de la profession. Malheureusement pour le cinéaste, le cauchemar ne fait que commencer, au point de se demander si son film n'est pas lui aussi victime d’une malédiction. Malgré un budget confortable, les incidents se multiplient sur le plateau.

    Un casting délicat

    En plus de devoir diriger son ancienne compagne, Daria Nicolodi, qui n’apprécie pas son rôle, Dario Argento doit faire face au désistement de Vanessa Redgrave dans le rôle de la diva Mara Cecova, qui était à l’origine plus important. L’actrice de Blow Up ne mettra jamais un pied sur le plateau tout en empochant l’intégralité de son cachet. Argento est aussi confronté à l’état de santé de Ian Charleson, malade du sida, qui fait ici sa dernière apparition sur grand écran, et à la mort d’un comédien au cours des prises de vues.

    Opéra
    Opéra
    Sortie : 8 octobre 1989 | 1h 48min
    De Dario Argento
    Avec Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini
    Spectateurs
    3,5

    Quant à l’héroïne, c’est la jeune Cristina Marsillach qui est choisie, sur les recommandations de Giorgio Armani. Si elle a un visage qui rappelle le charme enfantin de Jessica Harper ou Jennifer Connelly, elle fait preuve d’un sale caractère qui déclenche dès le premier jour de tournage des disputes avec Argento, au point qu’ils finissent par ne plus s’adresser la parole. Le cinéaste la désignera dans son autobiographie Peur comme l’actrice la plus difficile avec laquelle il ait eu à travailler.

    Une distribution malmenée

    Une fois le tournage achevé, Dario Argento n’est pas au bout de ses peines. Le final situé dans de verdoyantes montagnes suisses, décor qui n’est pas sans rappeler Phenomena, est coupé dans de nombreuses versions d’exploitation, notamment aux États-Unis où Opera est distribué par la société Orion. L’accueil en salles s’avère très décevant, y compris en Italie. Après cet échec, Argento signera Deux yeux maléfiques, une production italo-américaine avec George Romero.

    drop-out cinema

    En France, le film est privé de sortie cinéma et n'est visible qu’en vidéo, dans une copie recadrée et tronquée, sous le titre Terreur à l’opéra. Il faudra attendre la restauration de l’éditeur Le Chat qui fume en 2017 pour enfin découvrir cette oeuvre en haute définition et dans sa version intégrale.

    *Opera est également visible gratuitement sur le site d'Arte.tv jusqu'au 26/04/2021.

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