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    Jusqu'à ce que la mort nous sépare... 5 films où l'amour va trop loin
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Si la Saint Valentin célèbre traditionnellement les belles histoires d'amour, celles-ci peuvent parfois virer à l'obsession, voire devenir franchement mortifères... Quand l'amour va trop loin, en cinq exemples.

    Castle Rock Entertainment

    Indéboulonnable rituel, la Saint Valentin est évidemment la fête des amoureux et des histoires d'amour pleines de bonnes ondes. Dans cette logique, on ne compte plus les oeuvres très Cheesy autour de cette thématique. Mais lorsque l'amour devient contrarié, vire à l'obsession, à la folie, capable d'aller jusqu'au meurtre ou au sordide le plus extrême, on ne joue évidemment plus du tout dans la même catégorie... Histoire de jouer un peu la carte de la contre-programmation, voici cinq oeuvres, très différentes d'ailleurs, où l'amour va un peu trop loin. Et c'est un euphémisme...

    Misery (1990)

    "Paul Sheldon écrivait pour gagner sa vie. Maintenant, il écrit pour rester en vie" Vous vous souvenez peut-être de cette géniale tagline du fabuleux film de Rob Reiner, Misery, une des meilleures adaptations du prolifique Stephen King, qui mis sur orbite une Kathy Bates absolument terrifiante sous les traits de l'ex infirmière Annie Wilkes. Une composition magistrale qui a valu à la comédienne, à juste titre, l'Oscar de la Meilleure actrice. Si Annie la psychopathe admire le génie créateur de Paul Sheldon qu'elle recueille (formidable James Caan) après son accident, elle voue surtout un amour inconditionnel fou à son héroïne romanesque né de son imaginaire, la belle Misery. Elle est même sa raison de vivre. Et l'idée que Paul Sheldon puisse tirer un trait définitif sur la vie de son héroïne préférée lui est tout simplement insupportable...

    Lorsqu'elle découvre que son écrivain préféré a essayé de s'échapper de chez elle au lieu de continuer docilement à écrire, elle lui réserve un traitement de choc assez radical. Et vraiment, mais alors vraiment, méchant. On a mal pour lui. "Shhhh darling, trust me ! It's for the best !" Avant que la tortionnaire ne lâche au martyrisé un "God, i Love you !"

    Les Proies (1971)

    "One man...seven women...in a strange house !" pouvait-on lire sur l'affiche américaine des Proies de Don Siegel. A côté de cette tagline écrite en gros caractères, le visage de Clint Eastwood, avec une main -la sienne évidemment- tenant un revolver. Cette affiche laissait penser aux spectateurs américains que Eastwood était la star d'un nouveau western, reprenant un de ses rôles habituels : héros logiquement triomphant, fine gâchette, et mâchouillant ses cigarillos, comme au temps des rôles qui firent sa gloire chez Sergio Leone.

    Cette affiche était pourtant particulièrement trompeuse, car Les Proies est tout sauf un western dans son acceptation la plus classique et hollywoodienne du terme. Chef-d'oeuvre à la fois vénéneux, morbide et dérangeant, Les Proies est avant tout un huis-clos oppressant teinté d'épouvante; peut-être le diamant noir de la filmographie de Clint Eastwood, qui incarne sans doute ici le personnage le plus pervers, calculateur et manipulateur de toute sa carrière.

    "Les femmes sont capables de tromperie, d’escroquerie, de meurtre, de tout. Derrière leur masque d’innocence se cache autant de scélératesse que vous pourriez en trouver chez un membre de la Mafia" lâchait Don Siegel en évoquant l'histoire de son film. Pour le cinéaste, le sexe, la violence et la vengeance féminine sont au coeur du film, avec en fil rouge "le désir des femmes de castrer les hommes", au moins symboliquement, et incarné par une glaçante scène d'amputation qui suscite l'épouvante. Dévorées les unes les autres par la jalousie, à celle qui s'attirera les faveurs exclusives d'un Clint Eastwood très antipathique, elles parviennent pourtant dans un sursaut de lucidité à faire cause commune pour perdre leur invité... 50 ans après sa sortie, la force des Proies est toujours intact.

    Nekromantik (1987)

    Attention, oeuvre (ultra) déviante, âme sensible s'abstenir... Les plus âgés d'entre vous se souviennent peut-être, à l'époque des vidéos clubs, de la sulfureuse jaquette du film Nekromantik, signé par le réalisateur allemand Jörg Buttgereit ? Pour mémoire, c'était un cadavre revenu à la vie, apposant l'une de ses mains sur la poitrine d'une femme, qui semblait être en pleine extase amoureuse. Un parfum d'interdit qui flottera encore plus avec une suite sortie en 1991, toute aussi déviante et trash.

    Dans ce film dégraissé jusqu'à l'os (si l'on ose dire...) d'1h15 générique inclu, qui fut d'ailleurs frappé d'interdiction dans plusieurs pays dont la Grande-Bretagne, on suit l'histoire d'un prénommé Rob (Daktari Lorenz), qui travaille pour une société de ramassage de corps. Une situation parfaite qui lui permet de subtiliser des cadavres qu'il ramène chez lui, afin de se livrer à des actes érotiques sur eux, avec la complicité de sa fiancée (Beatrice Manowski), nécrophile comme lui. Jusqu'au jour où son patron s'aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond. Pour le coup, l'expression "l'amour à mort" n'est pas usurpée pour définir Nekromantik...

    Nekromantik
    Nekromantik
    Sortie : 18 octobre 2023 | 1h 15min
    De Jörg Buttgereit
    Avec Daktari Lorenz, Béatrice Manowski, Jörg Buttgereit
    Spectateurs
    2,3
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    Les Tueurs de la lune de miel (1970)

    Martha Beck n’est qu’une inoffensive infirmière aux formes généreuses. Du moins jusqu’au jour où elle répond à l’annonce matrimoniale des «Coeurs solitaires » de Raymond Fernandez, gigolo et arnaqueur au mariage. Désormais inséparables, liés par la même passion subversive, ils écument les Etats-Unis, piègent veuves et femmes seules pour les voler d’abord. Les assassiner sauvagement ensuite...

    Inspiré d'un authentique fait divers atroce dont le couple-vedette sera exécuté à la célèbre prison de Sing Sing le 8 mars 1951, le film devait à l'origine être réalisé par Martin Scorsese, qui fut éjecté par le producteur Donald Volkman au bout d'une semaine parce qu'il tournait uniquement en plans séquences.

    Oeuvre culte figurant parmi les films fétiches de François Truffaut et Michelangelo AntonioniLes Tueurs de la lune de miel est un peu l'anti Bonnie and Clyde sorti deux ans plus tôt. Tourné dans un style documentaire en noir et blanc, c'est l'unique réalisation de Leonard Kastle. Loin des plateaux de tournages, ce dernier était surtout réputé comme chef d'orchestre, et auteur d'opéras. Il avait d'ailleurs une grande passion pour l'oeuvre de Gustav Mahler, et a utilisé dans le film des extraits de son oeuvre pour nourrir la BO.

    Bien que totalement inexpérimenté, "J'avais tout le film en tête" disait-il dans une interview donnée en 2003; "et le plus gros du travail, c'était les répétitions des scènes. On répétait systématiquement les scènes la veille du tournage, et aussi le jour même. Shirley Stoler était extrêmement complexée par son poids, au point que je n'arrêtais pas de lui dire : écoutes, tu n'es pas ici parce que tu es grosse, mais parce que tu es une super actrice !"

    Liaison fatale (1988)

    Excellent film signé Adrian LyneLiaison fatale met en scène les amours de passage de Dan Gallagher, avocat new-yorkais (Michael Douglas), heureux mari et père de famille, avec une jeune éditrice célibataire, Alex Forrest (très impressionnante Glenn Close), débouchant sur un drame passionnel absolument glaçant. Ou quand l'amour devient obsessionnel jusqu'à la folie meurtrière...

    Pour l'anecdote, à la projection test du film, le public fut semble-t-il horrifié par la fin originale voulue par Adrian Lyne. Dan Gallagher est arrêté à son domicile pour meurtre, tandis que l'on entend en voix off les confessions d'Alex qui se suicide, en faisant porter la responsabilité sur Dan.

    Devant la réaction du public, le réalisateur changea la fin, devenant celle que nous connaissons : après un affrontement dans une salle de bain où Dan tente de noyer Alex dans la baignoire, celle-ci finit par être abattue d'une balle tiré par l'épouse de Dan. Glenn Close détestait cette fin, et lutta âprement pour faire revenir les producteurs sur leur décision de la faire changer. Selon elle, l'instabilité psychologique de son personnage l'aurait davantage poussé à s'auto-détruire et, in fine, à se suicider. Après trois semaines de lutte, l'actrice baissa les bras. A noter par ailleurs que cette fin originale fut utilisée dans la version du film exploitée au Japon.

    Ci-dessous, la fin que l'on connait..

     

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