Mon compte
    Comment je suis devenu super-héros sur Netflix : comment les acteurs se sont appropriés le blockbuster français
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Rencontré lors du festival de Deauville 2020 où Comment je suis devenu super-héros a été présenté, le casting (Pio Marmai, Vimala Pons, Swann Arlaud et Benoît Poelvoorde) s'est confié à notre micro sur son implication dans le film, dispo sur Netflix.

    AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a plu dans Comment je suis devenu super-héros et donné envie de participer à ce film assez différent de ce que vous faites habituellement ?

    Pio Marmai : Ça a commencé il y a trois ans et demi. Il y avait une première version du scénario qui a été retravaillée après et c'était une sorte de travail un peu complexe parce qu'entre ce qui est écrit et ce qu'on va jouer après et ce qui est ensuite rendu à l'image, c'est un peu abstrait. On a pas forcément l'habitude, pas forcément en France, mais en Europe, de penser et d'écrire des scénarios comme ça. C'est un peu intranquille ce genre de film mais intéressant.

    Comment je suis devenu super-héros
    Comment je suis devenu super-héros
    Sortie : 9 juillet 2021 | 1h 37min
    De Douglas Attal
    Avec Pio Marmaï, Leïla Bekhti, Vimala Pons
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    2,8
    Voir sur Netflix

    Swann Arlaud : Ce n'était pas évident au départ parce qu’à priori ça ne fait pas partie du cinéma que je vais voir ni que j’ai envie de faire mais c’est le travail de Douglas Attal qui m’a convaincu parce qu’on ne voit pas de films comme ça en France. C’est vraiment un film de super-héros et en même temps un film vraiment français. Il y avait de l’humour et un ton assez particulier. Et le fait de jouer le méchant était intéressant, ça n’arrive pas souvent.

    Et puis aussi dans le cinéma français, il y a finalement assez peu d’espace, c’est un peu le sous jeu qui règne, il faut toujours en faire moins. Et là, j’avais un espace pour en faire des caisses. Ça fait très peur, parce qu’on se dit qu’on va être totalement ridicule, mais c’est très excitant en même temps.

    Il faut que le cinéma français soit vivant et qu'il s'autorise des choses avec des idées farfelues.

    Les films de super-héros sont très rares en France, est-ce que le film de Douglas Attal peut relancer un peu le blockbuster dans l’Hexagone ? Est-ce que vous êtes friand de ce genre de films ?

    Pio Marmai : Je crois à tout ce qu'on me propose mais j'ai aussi envie d'une part de cinéma, de fantaisie, de spectacle sans pour autant me retrouver avec encore une énième resucée américaine où on va me revendre les mêmes fondamentaux que j'ai vus des centaines de fois. Là, c'est une proposition française avec un super cast, il y a une singularité, du mainstream et du cinéma d'auteur. Il y a une vraie tentative et moi j'y crois. Je pense que c'est fondamental d’avancer dans cette direction là, il faut que le cinéma français soit vivant et qu'il s'autorise des choses avec des idées farfelues.

    Shanna Besson / Warner Bros. France

    Vimala Pons : Après il y a plein d'aides aussi, au CNC, ils ont pas mal d’initiatives en ce moment pour le cinéma de genre, les comédies musicales, ça va vers ça. Je trouve que ce qui est super dans le format plus populaire, que ce soit du cinéma ou du spectacle vivant, c'est que tu as plein de lectures différentes et le film peut parler à plein de gens autant sur l'intrigue de base que sur des questions fondamentales ou sur l'aspect technique. Je trouve que c'est génial d'y voir ce qu'on veut. Et on retrouve ça dans les films de super-héros, qui sont de grandes tragédies grecques finalement.

    Comment je suis devenu super-héros a été choisi comme film de clôture au festival du cinéma américain de Deauville (de 2020, ndlr), c’est un bon signe et une belle reconnaissance.

    Benoît Poelvoorde : C’est le plus cadeau qu’on puisse à faire à Doug. Je pense que ça le touche personnellement. Comme il le dit lui-même, je ne comprends pas son monde, Douglas, c’est un geek, il est né avec une touche d’ordinateur dans la bouche. Je pense que ça doit lui faire énormément plaisir et que ça doit le toucher que son film soit considéré.

    Pio Marmai : Après c'est une année un peu particulière parce qu'il n'y a pas d'américains et il y a des films de Cannes. Ce que j'ai entendu dire, c'est que Comment je suis devenu super-héros était un bel hommage au cinéma de genre américain même si je ne le pense pas. Nous, si tant est qu'il y ait trois effets spéciaux dans un film français c'est forcément un hommage au cinéma américain alors que je ne crois pas forcément.

    Shanna Besson / Warner Bros. France

    Notre film n'est pas un hommage au cinéma américain, on a aussi le droit à des personnages avec des super pouvoirs en France. Ce n'est pas parce que ce sont eux qui ont créé ce format visuel que ça leur appartient. On utilise ce principe là et on en fait ce qu'on veut et on fonce mais avec ambition et sans fausse modestie. On s'empare du genre et ça peut être ludique et empathique et surtout crédible. Moi j'y crois, et ça n'était pas facile.

    Vimala Pons : Mais c'est vrai que tous les Français qui se sont emparés de films de genre, dystopiques, etc.. comme Gondry avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Besson avec Le Cinquième Élément ou Valerian, sont tous partis ailleurs pour cautionner quelque chose qui ne se fait pas ici. C’est dommage, je trouve que les films de genre français n'existent pas assez dans ce qu'on appelle le mainstream et qu’ils ne sont pas assez valorisés.

    Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle ? Est-ce que vous avez abordé ce film d'une manière différente de celle avec laquelle vous abordez les longs métrages dans lesquels vous jouez habituellement ?

    Vimala Pons : On a eu une grosse préparation, même si je trouve qu'on a pas assez répété à mon goût, parce que moi j'aime beaucoup répéter. Je me suis vachement investie parce que je voulais bien faire, avec le consultant de la police qu’on a eu aussi. Après, il y a eu quelques bleus, je me suis fait pas mal de bobos, notamment sur la scène de la chute.

    Shanna Besson / Warner Bros. France

    Swann Arlaud : Pour les scènes sur fond vert, il n’y a pas vraiment de préparation. Comme on joue devant rien, ce n’est pas très drôle, il faut juste imaginer et se laisser guider. J’ai surtout dû m’entraîner avec la toupie et une ficelle que je devais envoyer très loin. Donc comme un idiot, j’ai passé quelques semaines dans les parcs à Paris à m’entraîner pour être adroit et pour bien faire le mouvement.

    J’ai quand même mis un point d’honneur à le faire. Le premier plan dans le film où on me voit le faire, je le fais vraiment. Tout le monde va peut-être penser que c’est un effet spécial mais non. J’en ai fait une affaire personnelle de cette toupie (rires). Moi j’ai toujours besoin de passer par des trucs complètement idiots et très concrets comme ça.

    Benoît Poelvoorde : Je ne me suis absolument pas préparé (rires). Mais l’exemple de Swann est intéressant parce que c’est révélateur d’un écart entre deux générations. Dans le cinéma, on disait toujours que tu venais avec "ta bite et ton couteau". Et ça ne voulait pas dire que tu n’avais rien sur toi parce que tu viens avec ton expérience, ta vie, etc.

    Shanna Besson / Warner Bros. France

    Et je dirais que ça fait une dizaine d’années que les acteurs ne fonctionnent plus comme ça, ils veulent tout apprendre et avoir des coachs pour tout. Je n'ai pas besoin ni l’envie de passer des mois à apprendre quelque chose pour une scène de quelques secondes dans un film alors que des alternatives existent. Mais après, je suis de la vieille école.

    On tombe dans le syndrome de l’imposteur, tous les acteurs en souffrent maintenant. Mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’on arrive tous avec des bagages, des peurs, des échecs, des réussites, ce qui fait notre humanité. Et ça a du poids et du sens pour n’importe quel film, même les films de super-héros.

    Propos recueillis par Mégane Choquet le 12 septembre 2020 au festival de Deauville

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top