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    Deauville 2021 - Denis Podalydès : "J'ai été formé par Pacino, De Niro et Marlon Brando"
    Maximilien Pierrette
    Un feel-good movie avec une BO aux petits oignons, un drame situé dans l’Amérique rurale, une pépite qui prend le pouls des États-Unis, il aime se pencher sur la dernière sensation venue de l’autre côté de l’Atlantique.

    Membre du jury dont son frère Bruno faisait partie l'an passé, Denis Podalydès revient sur ses goûts pour le western et des acteurs tels qu'Al Pacino, Robert De Niro et Marlon Brando au Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

    Un an après son frère Bruno, qui présentait son nouveau film Les 2 Alfred par la même occasion, c'est au tout de Denis Podalydès de faire partir du jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Et ce grand fan de western et d'Al Pacino nous a parlé de ses goûts en la matière.

    AlloCiné : Sur le tapis rouge d'ouverture, vous avez dit vouloir être "le candide" du jury. Qu'entendiez-vous par là ?

    Denis Podalydès : Que je n'avais pas l'habitude des festivals. D'être dans un jury. Ça m'est arrivé très peu de fois : à Angoulême une fois, et au festival de courts métrages de Meudon dans les années 90.

    Est-ce qu'il y a un élément sur lequel vous êtes le plus attentif lorsque vous regardez un film ? Le jeu d'acteur ou la mise en scène par exemple ?

    Un peu de tout. C'est un faisceau de choses. Si elles rentrent bien en résonance, me prennent et m'emmènent. Ou alors si le film est trop prévisible, que certaines parties manquent de vie, que je ne comprends pas pourquoi on fait cela et où ça va.

    Ce n'est pas que je veux que tout me soit expliqué, mais j'ai envie de sentir une âme, un esprit qui anime le film et qui lui donne son énergie selon les règles qu'il s'est lui même données. J'ai besoin d'identifier un peu les règles - là on vient de voir un western [The Last Son, ndlr] par exemple. Mais ça met un certain temps en fait, et je ne me fie pas forcément à mes premières impressions.

    C'est pourquoi je suis très intéressé de parler avec les autres parce que j'ai toute une période de flottement entre la vision du film et le jugement que je me forme. Et ça ne veut pas dire que je vais basculer du "J'aime" au "J'aime pas", ou inversement. Je vais toujours essayer de nuancer mon jugement. Le fait que j'aime ou que je n'aime pas, en soi, n'a pas beaucoup d'impact. Je voudrais pouvoir convraincre quelqu'un de le voir, et là ça voudrait dire que je l'aime.

    J'ai envie de sentir une âme, un esprit qui anime le film et qui lui donne son énergie selon les règles qu'il s'est lui même données.

    En tant que spectateur, y a-t-il un genre du cinéma américain qui vous attire plus que les autres ?

    J'adore les westerns. J'ai toujours aimé ça. Mais tous les genres classiques du cinéma américain me plaisent beaucoup, comme les polars. A chaque fois que j'identifie le genre d'un film, ça me fait plaisir. Surtout si je n'en avais pas vu depuis longtemps dans cette catégorie. Je n'ai aucun a priori sur le cinéma américain.

    Mais je ne suis pas complètement fasciné non plus, je ne suis pas du tout antipathique. Il y a vraiment les films et les films. Et puis moi, il y a un plan, qu'un film soit américain, français ou thaïlandais, c'est du cinéma. Peu importe la nationalité.

    Vous souvenez-vous du premier film américain que vous avez vu ? Ou du premier qui vous aurait marqué ?

    J'ai vu des westerns très très tôt. Quand j'étais enfant, ça passait tous les dimanches après-midi quand on était chez mes grands-parents paternels. J'ai vu des John Ford, des John Huston, des Howard Hawks très tôt. Et l'un des premiers westerns qui m'a énormément marqué, c'était My Darling Clementine [La Poursuite infernale en VF, ndlr]. J'ai aussi été très marqué par La Prisonnière du désert.

    La Poursuite infernale
    La Poursuite infernale
    Sortie : 30 avril 1947 | 1h 37min
    De John Ford
    Avec Henry Fonda, Cathy Downs, Victor Mature
    Presse
    5,0
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    J'étais très très attentif au western. Et j'y jouais en plus. C'est moins net dans les magasins de jouets aujourd'hui, moins visible, mais tous les enfants jouaient aux cow-boys et aux indiens. On avait des ceintures avec les colts, les chapeaux et même les ceintures à cartouches, le petit gilet… C'était pas simplement Lucky Luke. Avec mon frère on y jouait très sérieusement. Donc quand je vois un western, j'ai un vision très enfantine naturelle. Je m'identifie un peu aux acteurs, j'ai envie de jouer.

    D'être là, de descendre lentement de cheval. Et j'ai tous les clichés : les chevaux qu'on n'attache pas, le cheval qui part au galop très vite - alors que ça n'est pas simple de mettre un cheval au galop - la petite rue centrale de la petite ville, les gens qui s'enferment derrière les volets, les deux tueurs. Et [The Last Son] revisite quelques classiques du final westernien, où les deux héros se retrouvent face à face. Donc voilà, c'est très lié à l'enfance le western. Et peut-être le cinéma américain d'ailleurs.

    Y a-t-il un réalisateur américain que vous aimez plus que les autres ?

    Je vais citer John Ford évidemment. John Ford et Coppola. Après il y a Hawks et des grands réalisateurs que j'adore : Frank Capra, Ernst Lubitsch, Robert AldrichOtto Preminger aussi. Il y en a beaucoup. Mais là, comme j'ai beaucoup revu Le Parrain, j'ai beaucoup Coppola en tête. Et John Ford, qui est un peu pour moi l'équivalent de Jean Renoir.

    Je ne sais pas pourquoi j'ai cela en tête, mais je les mets un peu sur le même plan, celui des réalisateurs très humanistes. Raconter la vie des hommes et des femmes sur un plan où chacun a ses raisons et son humanité. Et tout méchant est aussi digne de vivre, finalement, que le plus bon. Il arrive à insuffler de l'humanité, de la générosité à toute figure. Il n'y a pas un personnage qui apparaît à l'écran et qui n'est pas d'une humanité profonde. Ils ont cette capacité à fédérer les regards. On a tous des points d'identification.

    Et Rio Bravo est l'un des plus grands westerns que j'ai jamais vus. Avec la chanson là. C'est très lié à mon frère qui adorait ces films, les revoyait quelques fois avant moi et me disait quels étaient les grands. Donc je les ai revus à travers ses yeux.

    Est ce qu'il y a un acteur ou une actrice que vous aimez plus que les autres ?

    J'ai été formé, je dirais, par Pacino, De Niro, Brando. Ils ont complètement accompagné ma jeunesse, ma formation d'acteur. Ils ont passionné mon regard. A chaque fois que je revois Le Parrain, je regarde Pacino avec une admiration sans borne. À partir d'eux, il y a beaucoup d'autres acteurs comme Robert Duvall et des acteurs du Parrain justement.

    Je voyais aussi des images de Steve McQueen hier. J'ai l'impression que ces acteurs sont faits d'une autre matière que moi. Ils ont des traits qui habitent l'écran d'une manière tellement forte. Je ne connais pas d'équivalent. Et cette manière d'imprimer l'écran. Tout est magnétique. Le regard d'Al Pacino dans Le Parrain notamment. Quand ces acteurs se mettent à réfléchir, on pense avec eux. On entre dans leur tête.

    Je pense à Meryl Streep aussi. À Christopher Walken, que j'ai adoré dans Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino. Des acteurs comme John Cazale aussi. Johnny Depp qui était là dimanche. Je l'adore, avec sa fragilité. Il a une palette de jeu extraordinaire, il a fait des grands classiques. Je l'adore. DiCaprio aussi. Brad Pitt. Il y a un vivier extraordinaire.

    Quel a été votre dernier coup de cœur américain ?

    J'ai vu Annette avec beaucoup de plaisir. Je ne sais pas si c'est un fantastique coup de cœur, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le voir. Mais l'un des grands coups de cœur que j'ai eus ces dernières années, c'est Noah Baumbach. J'adore. Et c'est dans l'un de ses films que j'ai découvert Adam Driver : While We're Young. J'ai adoré ce film. Ça remonte un peu mais Noah Baumbach est vraiment une passion.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 6 septembre 2021

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