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    Michaël Youn dans Fugueuse : "J'ai été bluffé par la force et le talent de Romane Jolly"
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Rencontré au Festival de la fiction TV de La Rochelle, Michaël Youn s'est confié à notre micro au sujet de l'importance de la série "Fugueuse", de la prestation bluffante de Romane Jolly, l'interprète de Léa, et de ses projets de réalisation à venir.

    AlloCiné : Vous aviez déjà travaillé avec Jérôme Cornuau, le réalisateur de la série, sur le film La Traversée. L'idée de collaborer à nouveau avec lui était-elle l'une des motivations principales pour faire partie de l’aventure Fugueuse ?

    Michaël Youn : Oui, parce que j’aime la façon qu’il a de filmer. Son élégance, sa pudeur, et sur un sujet comme celui-là c’était important. Il y a du viol, des clients, de l’échange d’argent. Et c’est sur TF1, donc tant qu’on n’a pas vu la série on ne sait pas de quoi elle va être faite. Et là, avec Jérôme aux commandes, je partais vraiment en confiance. J’avais confiance dans son regard et dans la façon avec laquelle il allait filmer Romane Jolly, car c’est ça qui était déterminant pour moi.

    Quelle a été votre réaction à la lecture du scénario ?

    J’ai tout de suite eu vraiment envie de faire partie de ce projet. Je le trouvais nécessaire. Je suis papa, donc j’avais envie de parler de ça. Il y a plus de 10 000 mineur.e.s qui se prostituent en France, c’est un fléau énorme.

    Mais j’avais des petites réticences sur le personnage. Il était un trop loin de moi, je n’arrivais pas à me mettre dedans. Il était un peu trop taiseux, un peu trop bûcheron, car en grande partie tiré de la série québécoise d'origine. Donc on a travaillé à la table avec Jérôme et je suis très content du travail qu’on a fait. Et très content du rendu final de la série.

    Jérôme est parvenu à filmer cette histoire de manière à la fois très pudique et très crue. Il vient du cinéma, donc c’est filmé comme du cinéma. Et puis il y a de la nudité, il y a de la drogue. Et ce que je trouve fort c’est que la drogue n’est pas traitée dans le genre "Mais attends, on va prendre de la drogue ?!". On voit les gamines qui prennent de l’ecsta naturellement à Amsterdam, elles se passent de la cocaïne. C’est banalisé car c’est justement banal pour ces jeunes. Et ce qui va arriver à Léa avec son corps va aussi être d’une banalité affligeante.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    Espérez-vous que Fugueuse, qui rappelle un peu par son sujet la série italienne de Netflix Baby, parviendra à attirer en masse les jeunes, qui ne sont plus forcément devant leur écran de télévision aujourd’hui ?

    Bien sûr. C’est aussi pour ça qu’il y a une héroïne forte, Léa, car on veut vraiment toucher, effectivement, les 15-25 ans, qui étaient partis et qui sont un peu revenus devant leur télé. Je l’ai vu avec le Morning Night. Mais on souhaite aussi alerter les parents, à qui on s’adresse également.

    Vous connaissiez très bien Sylvie Testud avant de la retrouver dans Fugueuse. Vous êtes-vous concertés avant d’accepter de jouer dans la série ?

    Non, ça ne s’est pas passé comme ça. On était super contents de se retrouver. On s’écrit assez souvent, et on s’est dit "Tiens, ce serait super de jouer ça ensemble". Mais il n’y a pas vraiment eu de concertation.

    Ce qui est super avec Sylvie c’est que pour jouer le couple on peut se lever à 10h55 pour 11h. On se connaît par coeur. Je sais comment elle commence ses phrases et elle sait comment je les termine. On est vraiment très potes, et c’était presque bizarre qu’on ait à s’embrasser (rires). La scène a été coupée très tôt, mais il y a un moment où on commence à faire l’amour, et c’était très surprenant pour nous. C’était comme faire l’amour avec un pote.

    Romane Jolly est époustouflante dans la série. Avez-vous été impressionné par sa prestation ?

    Oui, j’ai été bluffé par sa force et par son talent. Je l’ai trouvée extrêmement courageuse, elle m’a impressionné, vraiment. On sentait que parfois elle ne savait pas trop, et Jérôme me laissait aller lui parler, la conseiller. Même si c’est évidemment Jérôme qui a fait le gros du travail. Mais c’était un tournage très libre, il y avait un vrai dialogue entre nous tous. Après tout, c’était la première fois que Romane jouait, donc c'était important qu'on soit là pour elle, pour l'épauler. Mais très vite on l’a laissée voler de ses propres ailes, car elle y arrivait très bien. Romane est vraiment une jeune comédienne épatante.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    On vous voit principalement dans des rôles dramatiques à la télévision. C'est parce que les rôles comiques qu'on vous propose ne sont pas intéressants ?

    On ne va pas se mentir, il y a très peu de comédies à la télévision. On m’a proposé Le Furet, mais malheureusement je n’ai pas pu pour des histoires de dates. Et je suis ravi que ce soit Mathieu Madenian car je suis fan. Mais c’est vrai qu’il y a peu de comédies, que ce soit en unitaires ou en séries. Et il n’y a pas tellement de cases non plus.

    Mais, en revanche, je suis ravi de faire ce grand écart-là. Et je ne suis pas le seul, c’est pareil pour Franck Dubosc ou Kad Merad. On dit qu’on a tendance à mettre les gens dans des cases en France, mais ce n’est pas vrai. J’en suis un des exemples. Je peux chanter des parodies, réaliser des comédies au cinéma, et jouer un père impuissant face à la prostitution de sa fille sur TF1.

    Je trouve que la télé a beaucoup progressé en France. D’abord sous l’impulsion de Canal, qui a été très forte dans les fictions. Aujourd'hui, chez TF1, c’est très fort ce qui se passe. Chez France Télé aussi depuis de nombreuses années. Il n’y a plus de vraiment de frontières entre le cinéma et la télévision. Audrey Fleurot, Alexandra Lamy, ce sont des castings de cinéma. C’est comme aux États-Unis, on ne se pose plus vraiment la question entre télé et cinéma. On regarde juste la qualité du scénario, la rémunération aussi (rires), et après on fonce.

    Fugueuse (FR)
    Fugueuse (FR)
    Sortie : 2021-09-23 | 52 min
    Série : Fugueuse (FR)
    Avec Michaël Youn, Sylvie Testud, Fanny Cottençon
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,3
    Voir sur TF1+

    Est-ce que vous aimeriez créer et écrire votre propre série un jour ?

    Je vais bientôt réaliser une série Lucky Luke, adaptée de la bande-dessinée. Je vais regarder tout ce qui se passe à l’écriture, donner mon avis. Mais je viens à peine de comprendre les ressorts de l’écriture scénaristique sur une heure et demie. L’écriture sérielle c’est autre chose. Les climax, les arches, comment rebondir d’un épisode à l’autre.

    J’ai essayé il y a quelque temps d’écrire une série, une comédie sur le foot. Je la trouvais pas mal, mais je n’ai pas trouvé de diffuseur, donc c’est peut-être la preuve que ce n’était pas si bien que ça (rires). Donc, pour l’instant, réaliser pour la télé, avec plaisir. Mais je préfère me faire aider à l’écriture.

    Et côté cinéma, avez-vous de nouveaux projets en tant que réalisateur ?

    Oui, Je vais réaliser cet hiver, au ski, un film qui s’appelle BDE (Bureau des élèves), avec Audrey Fleurot et Vincent Desagnat. C’est peut-être mon film le plus personnel, même si c’est volontairement régressif, car je raconte aussi ce qui s’est passé pendant mes années d’études. Et comment ça peut aller très loin dans la bêtise.

    Propos recueillis lors du Festival de la fiction TV de La Rochelle.

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