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    Retour vers le futur : cette séquence qui a contrarié le président des Etats-Unis
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Découvrant "Retour vers le futur" trois semaines après sa sortie lors d'une projection privée, Ronald Reagan, locataire de la Maison Blanche à l'époque, fut semble-t-il très crispé lors d'une séquence bien précise du film...

    Universal Pictures

    On ne vous fera pas l'affront de vous réexpliquer à nouveau combien Retour vers le futur est une oeuvre absolument culte et surtout transgénérationnelle. Et vous connaissez très certainement pas mal d'anecdotes sur et autour du film, depuis le temps. Mais celle qui suit, savoureuse, pourrait vous surprendre.

    L'organisation de projections / présentations de films au locataire de la Maison Blanche est une très vieille tradition ; bien entendu le plus souvent en présence de l'équipe du film. Certaines de ces projections ont d'ailleurs laissé des souvenirs mémorables, pas toujours pour les mêmes raisons. Celle du film de Tony Richardson par exemple, Tom Jones, porté par Albert Finney et sorti en 1963. C'est le tout dernier film qu'a vu John Fitzegerald Kennedy lors d'une projection à la Maison Blanche, avant d'être assassiné peu après, en novembre 1963. Ou encore celle d'Independence Day, projeté à la famille de Bill Clinton, tandis que l'équipe du film était plutôt nerveuse : désintégrer la Maison Blanche dans un film, qui plus est un jour de fête nationale et même s'il s'agit d'un film de SF, c'était un tabou.

    Retour vers le futur, lui, ne fut pas projeté à la Maison Blanche, mais à Camp David, le lieu de villégiature officiel du président des États-Unis situé dans le Maryland, à un peu moins d'une centaine de kilomètres de Washington. L'anecdote fut racontée en 2018 par Mark Weinberg, l'ancien conseiller et porte-parole de Ronald Reagan ; ancien acteur reconverti dans la politique avec succès, et élu président des Etats-Unis en 1981.

    Reagan découvrit le film sur son lieu de villégiature trois semaines après sa sortie en salle. S'il se révéla semble-t-il très bon public en découvrant les (més)aventures de notre Marty McFly préféré, il tiqua une première fois lorsque Marty passe devant une affiche de film, Cattle Queen of Montana (La Reine de la prairie en français). Un film de 1954 dans lequel jouait justement Ronald Reagan.

    Ci-dessous, une petite capture d'écran de la brève séquence...

    Un peu plus loin dans le film, Marty s'échappe du dîner traquenard chez sa future mère, pour tenter de trouver Doc Brown. Sonnant à sa porte et tentant de le convaincre qu'il vient du futur, Doc lui lâche alors : "Alors dites-moi, visiteur du futur, qui est le président des Etats-Unis en 1985 ?" "Ronald Reagan !" lui répond Marty. "Ronald Reagan, l'acteur ??? Ha ! Et qui est le vice président ? Jerry Lewis ? Je suppose que Jane Wyman est la première dame du pays ?" lui balance ironiquement le Doc.

    Aux dires de Weinberg, cette séquence aurait froissé Reagan. Jane Wyman était en effet la première épouse du futur président, dont il avait divorcé en 1949. En 1955, Reagan était remarié avec Nancy Reagan, mais le Doc n'en a cure, et les scénaristes du film avec.

    "Le nom de Wyman était un non-dit au sein de l'équipe entourant le président" commentait Weinberg; "Ce soir-là, c'était à peine la seconde fois en huit ans de service que j'entendais le nom de Wyman prononcé. Durant ses mandats, Reagan n'a jamais prononcé publiquement son nom au sein de l'équipe". La — finalement brève — séquence a quand même jeté un silence de mort dans l'assistance. "C'était comme si Reagan s'était efforcé d'oublier toute cette période de sa vie, et avait du ressentiment pour avoir été ramené malgré lui à cette période".

    L'hommage de Reagan

    Reagan ne fut cela dit pas rancunier. La preuve : il rendit même hommage à notre Doc Emmett Brown préféré, dans un discours prononcé le 4 février 1986 sur l'état de l'Union ; un événement annuel aux États-Unis au cours duquel le président présente son programme pour l'année en cours devant la branche législative du gouvernement fédéral.

    Il acheva son discours en exhortant les américains à se souvenir que le ciel était la limite. "Ça n'a jamais été une période aussi excitante pour être en vie. Une période d'émerveillement et d'accomplissement héroïque. Comme ils l'ont dit dans le film Retour vers le futur : "Là où nous allons, nous n'avons pas besoin de routes"." Joli hommage à la toute dernière réplique du film !

    La séquence en vidéo, ci-dessous :

     

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