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    Bande-annonce Les Bad Guys : "Du Tarantino pour les enfants !" selon le réalisateur
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.
    Co-écrit avec :
    Marine de Guilhermier

    La bande-annonce du prochain DreamWorks, l’adaptation des romans graphiques pour enfants Les Bad Guys, vient d’être dévoilée. Pour l’occasion, AlloCiné a pu s’entretenir avec le réalisateur Pierre Perifel, un Français installé aux États-Unis.

    Après de folles aventures sur papier, les Bad Guys créés par Aaron Blabey vont avoir droit à un long-métrage sur grand écran. Et c’est à un Français, Pierre Perifel, que DreamWorks a confié cette adaptation attendue dans les salles obscures le 6 avril 2022. Rencontre avec un homme qui a puisé son inspiration des deux côtés de l’Atlantique.

    Les Bad Guys
    Les Bad Guys
    Sortie : 6 avril 2022 | 1h 40min
    De Pierre Perifel
    Avec Pierre Niney, Sam Rockwell, Igor Gotesman, Marc Maron, Doully
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    AlloCiné : C’est votre premier long métrage, comment se retrouve-t-on à la tête d’une telle production des studios DreamWorks ?

    Pierre Perifel : En fait, j’ai quasiment fait toute ma carrière dans l’animation chez DreamWorks. J’y suis depuis 2008 et j’ai commencé en tant qu’animateur, ce que j’avais fait un peu en France auparavant. Les choses se sont faites petit à petit. D’animateur je suis passé superviseur puis directeur d’animation. J’ai été aussi storyboarder et designer.

    En 2018, j’ai réalisé un court métrage, Bilby. Je me suis vraiment trouvé sur ce court en tant que réalisateur. Du coup, j’ai demandé ensuite à DreamWorks de réaliser un long métrage et ils m’ont accordé leur confiance. Je suis alors tombé sur le projet de Bad Guys tiré d’une série de livres australiens d’Aaron Blabey. Quand j’ai vu la couverture du premier livre avec les 5 animaux crapuleux cela m’a fait penser à Reservoir Dogs. Du Tarantino pour les enfants !

    C’est un concept ultra fort avec 5 animaux iconiques et j’ai tout de suite eu une vision de ce que cela pouvait être en long métrage. Donc le pitch c’était de faire un film de Tarantino mais pour les enfants. Ou un Ocean's Eleven pour les enfants. J’ai tout de suite fait une bande-annonce sous forme de story-board pour mieux montrer ma vision de la chose. J’ai également fait une présentation détaillée et le studio m’a alors donné le feu vert pour lancer la production du long métrage. C’était il y a 3 ans et maintenant nous avons presque fini cette expérience incroyable. Je me suis vraiment éclaté et le film est super chouette.

    Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir vous installer aux États-Unis plutôt que de rester en France ?

    Je viens de l’école des Gobelins en France et il y avait plusieurs animateurs français partis aux USA qui me faisaient rêver. Et j’avais envie d’apprendre d’eux toute la magie de l’animation. A la fin de mes études aux Gobelins, j’ai fait un court qui a attiré l’attention de DreamWorks et ils m’ont contacté.

    J’ai donc saisi l’opportunité même si cela a été un peu difficile de partir au début car je venais de me marier et que j’avais un petit bébé. Mais au bout de deux ans je me suis bien adapté à cette nouvelle vie. C’est une magnifique expérience de vivre à l’étranger et de découvrir le système américain. On était parti pour rester 2 ans et on est toujours là, 14 ans après !

    Ils vous donnent toutes vos chances si vous savez les saisir.

    Ce qui est génial chez DreamWorks c’est que l’on peut progresser rapidement et gagner vite de la promotion en fonction de vos performances. La promotion interne fonctionne bien et ils vous donnent vraiment toutes vos chances si vous savez les saisir. Je suis quelqu’un qui se frustre rapidement si je n’apprends plus, alors que chez DreamWorks ce ne fut pas le cas et j’ai toujours à apprendre quelque chose de nouveau et à progresser.

    C’est une dynamique qui permet de montrer ce dont on est capable et de prouver que l’on a envie de grandir. Le studio fait régulièrement ce qu’il peut pour promouvoir les gens. En tout cas je suis toujours ultra motivé et j’ai vraiment beaucoup de chance de pouvoir toucher à tout et de travailler avec toute une bande d’artistes talentueux.

    Comment avez-vous adapté à “la sauce DreamWorks” cette série de livre, The Bad Guys ?

    En fait, le but n’était pas de faire totalement de “la sauce DreamWorks”. Aaron Blabey, l’écrivain, n’était pas un dessinateur à la base et donc ses illustrations sont très simples. On ne pouvait pas les adapter telles quelles. Et je me suis donc mis au travail pour trouver un style d’illustration animé non classique et pas dans la lignée de ce que l’on voit chez Disney ou Pixar ou même chez nous à DreamWorks.

    Du coup, l’influence, au niveau du design, est plutôt française. Avec des influences d’Uderzo ou Franquin. Mais il y aussi l’influence d’Akira Toriyama et de Dragon Ball ! Pour moi c’était de ramener une imagerie beaucoup plus illustrative. Il n’y a pas de lignes droites dans notre film, c’est comme une peinture : c’est totalement déstructuré. On a mélangé de la 2D avec de la 3D en rendant les choses visuellement simples et claires. Ceci s’adapte très bien au style de l’histoire. Pour moi, la 3D est trop ultra réaliste et ce n’est plus ce qui m’intéresse en animation.

    2021 DreamWorks Animation LLC. All Rights Reserved.

    Pouvez-vous nous parler un peu de l’histoire de ces cinq “Bad Guys” ?

    Volontiers. C’est donc l’histoire de ces 5 animaux légendaires : un grand méchant loup, un serpent, un piranha, un requin et une tarentule. Ce sont les seuls animaux, ou presque, qui évoluent dans un monde d’humains. En fait, ces animaux sont une représentation de nos peurs. Ils ont grandi en étant les ennemis numéro 1 des humains. Et ils ont cette étiquette là, de Bad Guys.

    Un jour ils se font arrêter mais le loup décide de faire un deal avec une sorte de mentor, le professeur Marmalade, et de lui demander de les former à devenir des gentils, des Good Guys. Cela commence comme une arnaque puisqu’ils veulent en fait rester Bad Guys. Cependant, malgré eux, ils vont commencer à changer, surtout le loup qui en a marre d’être toujours le “grand méchant loup” dans toutes les histoires pour enfants.

    La bande-annonce montre que ça bouge pas mal avec beaucoup d’action. Cela rend le travail plus complexe ces scènes d’action ?

    Oui, c’est complexe l’action en animation car il y a beaucoup de décors et de mouvements différents de caméra. Et il faut tout chorégraphier. En même temps c’est du fun et un grand plaisir à mettre en scène. On a beaucoup de poursuites de voitures et de braquages. On a été fortement influencé par le cinéma de SoderberghGuy Ritchie ou Tarantino dont je suis complètement fan. Il y a même une touche de Luc Besson ! C’était l’occasion de faire un hommage à ce cinéma-là. Et de faire découvrir aux enfants le cinéma de ces grands réalisateurs. C’est du cinéma d’animation “cool” où la musique a un grand rôle.

    Une équipe à la Gardiens de la Galaxie.

    J’ai d’ailleurs pris le compositeur Daniel Pemberton a qui l’on doit Spider-Man : New Generation, VenomOcean’s Eight et Birds of Prey. C’est un Anglais ultra cool. J’ai d’ailleurs assemblé, pour ce film, un mélange d’artistes américains et européens pour que cela donne une autre sorte de film plutôt hybride, avec un look différent inspiré aussi bien par les mangas que par les réalisateurs que j’ai mentionnés.

    Sans compter que les dialogues sont d’une grande finesse et d’un humour bien noir. Cela rend ces personnages attachants, ils forment une folle équipée un peu à la Gardiens de la Galaxie. D’autant que le grand méchant loup ne croit pas en sa méchanceté et se dit que nos actions parlent plus que la gueule que l’on peut avoir. Il y a donc un propos social dans notre film avec la question de la “différence” qui y est abordée. Comment on perçoit l’autre. Comment il faut apprendre à ne pas juger “un livre par sa couverture” et que donc, “l’habit ne fait pas le moine”.

    “L’humanisation” des animaux est souvent présente dans le cinéma d’animation comme dans Zootopia. Pourquoi à votre avis ?

    Cela permet de mettre une légère distance quand on parle en fait de nos problèmes d’êtres humains. Au niveau animation, de les humaniser, cela nous permet de les animer d’une manière plus poussée et plus caricaturale, cela libère vraiment notre animation. Cela permet de mettre en avant des émotions encore plus fortes. Ce que l’on a fait avec Les Bad Guys c’est vraiment un mélange entre le monde des humains et le monde de ces animaux. Ces animaux sont une métaphore du méchant qui n’est pas vraiment méchant.

    Propos recueillis par Didier Allouch à Los Angeles le 10 décembre 2021.

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